Chet Baker (Chesney Henry Baker, Jr.) est né le 23 décembre 1929 à Yale (Oklahoma, USA) et il est mort le 13 mai 1988 à Amsterdam (Pays-Bas). C'est un trompettiste, bugliste, pianiste et chanteur-crooner de jazz américain (un des fondateurs des cool jazz et jazz West Coast).
Sa mère est vendeuse dans une parfumerie, son père musicien, contraint par la Grande Dépression à abandonner la musique1 professionnelle, joue de la guitare dans un groupe de country local. Sa famille s'installe en Californie en 1939. Chesney échange le trombone, trop fragile à transporter, offert par son père pour ses 12 ans, contre une trompette. Il s'initie à la musique à Glendale (orchestre scolaire), puis se produit bientôt avec des orchestres de danse. Il se passionne surtout pour le saxophoniste Lester Young et ses suiveurs.
En 1946, engagé dans le 2980 Army Band stationné à Berlin, il découvre le bebop (Dizzy Gillespie, Charlie Parker) et les orchestres modernes blancs de l'époque (Woody Herman, Les Brown, Stan Kenton). Rendu à la vie civile en 1948, il étudie l'harmonie et la théorie musicale. Il s'engage de nouveau, en 1950, à la suite d'une déception amoureuse. Il joue dans ses premières jam-sessions avec Dexter Gordon et Paul Desmond.
En 1951, il est muté dans un bataillon disciplinaire, déserte et se fait réformer pour manque d'adaptabilité à la vie militaire. En 1952, il joue avec Vido Musso, Stan Getz et surtout Charlie Parker qui le choisit parmi une cohorte de jeunes trompettistes californiens pour l'accompagner dans une tournée sur la Côte Ouest de Los Angeles à Vancouver au Canada. Il grave ses premiers témoignages discographiques sous la responsabilité de Harry Babasin. Cette même année, débute la collaboration avec le saxophoniste baryton Gerry Mulligan au sein d'un quartet sans piano, formation inhabituelle à l'époque. Le groupe, qui joue tous les lundis soir au club The Haig à Hollywood pendant plusieurs mois, devient rapidement très populaire. Début 1953, le saxophoniste Lee Konitz se joint au quartet à plusieurs reprises. Mulligan forme un tentet auquel participe Chet.
En juin 1953, Mulligan est arrêté pour détention de stupéfiants. Il est condamné à 6 mois de prison. Un mois plus tard, Chet Baker forme son propre quartet (1953-54) avec Russ Freeman au piano. De l'été 1953 à l'été 1955, Chet enregistre abondamment et dans divers contextes, quartet, sextet, septuor, avec ensemble à cordes. Il est entouré par des pointures du Jazz West Coast tels Bud Shank, Zoot Sims, Jack Montrose, Shelly Manne.
Un disque va connaître un véritable triomphe à travers tout le pays : Chet Baker Sings (1954-1956). Chet devient une icône américaine, à la fois rebelle et fragile. Les photos de son ami William Claxton contribuent à véhiculer cette image idéalisée de playboy. Avec ses premiers cachets, Chet achète ses premières automobiles, une passion qui l'accompagnera toute sa vie. En 1954, Chet Baker est élu trompettiste de l'année par tous les référendums des magazines de jazz, "ce que Miles Davis apprécie modérément".
En septembre 1955, il repart pour la première fois en Europe. Il signe rapidement un contrat avec le label français Barclay. Il enregistre dès le mois d'octobre avec son groupe des faces composées pour la plupart par Bob Zieff. Quelques jours plus tard, son pianiste Dick Twardzik meurt d'overdose dans sa chambre d'hôtel. Accusé par les parents du pianiste, Chet décide malgré tout de poursuivre la tournée et enregistre à la tête de diverses formations, surtout françaises.
Après sept mois en Europe, Chet revient aux États-Unis début 1956. Après une longue tournée sur la côte Est, il revient à Los Angeles et grave de nombreux disques notamment aux côtés du saxophoniste Art Pepper (The Route (1956), Playboys (1956)). À la fin de l'année, il est arrêté une nouvelle fois en possession de stupéfiants. Au cours de l'année 1957, sa dépendance à l'héroïne se fait plus intense. En 1958, il signe avec le label Riverside et enregistre plusieurs albums dont Chet avec Bill Evans et Philly Joe Jones.
De nouveau en Europe de 1959 à 1964, il est arrêté, emprisonné ou expulsé à plusieurs reprises en Allemagne et en Italie. Ses ennuis avec la justice sont largement couverts par la presse à scandales. Avec sa nouvelle épouse Carol, il a trois enfants, Dean (1962), Paul (1965) et Melissa (1966). Il rencontre aussi en Europe, des amis, de nombreux musiciens et un public plus réceptif que le public américain. Il s'initie alors au bugle à Paris.
En 1965, Chet Baker revient aux États-Unis et enregistre une série de disques pour le label Prestige. Sa popularité n'est plus celle des années 1950 et il a des difficultés à trouver des engagements. En 1966, il est agressé par des dealers à San Francisco ; sa mâchoire fracturée, ses nombreuses dents cassées l'empêchent de jouer, il connaît une longue traversée du désert mais, après plusieurs années d'apprentissage à jouer avec un dentier, il remonte sur scène en 1973.
De 1975 à sa mort il joue et enregistre abondamment en Europe et aussi aux États-Unis.
En 1986 il est filmé en live au Ronnie Scott's de Londres par Stephen Cleary et Robert Lemkin, accompagné de Riccardo Del Fra à la contrebasse, Michel Grailler au piano, Van Morrison et Elvis Costello au chant. Bertrand Fèvre à Paris, le 25 novembre 1987, le filme avec Riccardo Del Fra à la contrebasse, George Brown et Alain Jean-Marie au piano.
Ses nombreux voyages s'achèvent le 13 mai 1988 : il est retrouvé mort à Amsterdam, à l'age de 58 ans, après être tombé par la fenêtre de sa chambre du deuxième étage de l'hôtel Prins Hendrik. Sa chute est survenue après la prise d'importantes quantités de cocaïne et d'héroïne. Une plaque commémorative lui rend hommage sur la façade.
Chet Baker repose au Inglewood Park Cemetery d'Inglewood en Californie.
2015, Canada/Grande-Bretagne, Biopic
Réalisé par Robert Budreau
Scénario de Robert Budreau & James Luscombe
Photographie de Steve Cosens
Musique de David Braid, Todor Kobakov & Steve London
Décors de Aidan Leroux & David LeBrun
Direction artistique de Joel Richardson
Costumes de Anne Dixon
Montage de David Freeman
Mixage de David K. Grant
Casting de John Buchan, Nancy Klopper & Jason Knight
Scripte de Winnifred Jong
Durée 1 h 37
Avec Ethan Hawke (Chet Baker), Carmen Ejogo, Callum Keith Rennie, Tony Nappo, Stephen McHattie, Janet-Laine Green, Dan Lett, Kedar Brown...
Résumé : Afin de lui rendre hommage, un producteur d'Hollywood propose à Chet Baker, trompettiste de jazz légendaire des années 60, de tenir le premier rôle dans un film sur sa vie. Pendant le tournage, il tombe follement amoureux de sa covedette, Jane. Malheureusement, ce retour sur son passé ravive ses démons. On met alors fin au projet. Anéanti, l'artiste se replie sur lui-même. Néanmoins, Jane réussit à le convaincre de remonter sur les planches pour une tournée...
Ludwig Van Beethoven
Ludwig van Beethoven a été baptisé le 17 décembre 1770 à Bonn (Il est né le 15 ou 16 du même mois). Sa famille était originaire du Brabant, en Belgique. Son père était musicien à la Cour de Bonn, avec un penchant certain pour la boisson. Sa mère a toujours été décrite comme une femme douce, effacée et attentionnée. Beethoven disait d'elle qu'elle était "sa meilleure amie". La famille Beethoven eut 7 enfants, mais seuls 3 garçons survivront, dont Ludwig sera l'aîné.
Très tôt, Ludwig s'intéresse à la musique, et son père l'instruit jour et nuit, lorsqu'il rentre à la maison après les répétitions ou la taverne. Le don de l'enfant ne fait aucun doute, et son père Johann envisage d'en faire un nouveau Mozart, un enfant prodige. Le 26 mars 1778, à l'âge de 7 ans et demi, Beethoven effectue son premier concert public connu, à Cologne. Pour l'occasion, son père annonce qu'il a 6 ans. De ce fait, Beethoven pensera toujours être plus jeune qu'en réalité. Même bien plus tard, lorsqu'il recevra une copie de son acte de baptême, il estimera qu'il s'agit de celui de son frère Ludwig Maria né 2 ans avant lui et décédé en bas âge. Mais les capacités pédagogiques et musicales du père sont limitées. Bientôt Ludwig apprendra la musique, notamment l'orgue et la composition, auprès de musiciens renommés, tels que Christian Gottlob Neefe. Ce dernier prendra totalement conscience des capacités extraordinaires de Beethoven. Il lui fera également connaître, au delà de la musique, les philosophes anciens et modernes.
C'est en 1782, au cours de sa douzième année, que Beethoven publie sa première œuvre : 9 variations, en do mineur, pour piano sur une marche de Ernst Christoph Dressler. Et c'est l'année suivante, en 1783, que Neefe écrit dans le "Magazine de la musique", au sujet de son élève : "S'il continue ainsi, il sera sans aucun doute un nouveau Mozart". En juin 1784, sur les recommandations de Neefe, Ludwig est nommé organiste à la cour de Maximilian Franz, Prince électeur de Cologne. Il n'a alors pas encore 14 ans. Cette place lui permet de fréquenter un autre milieu que celui de sa famille et des amis de son père. Il rencontre alors des amis qu'il gardera toute sa vie : la famille Ries, la famille von Breuning et la charmante Eleonore, Karl Amenda, le violoniste, Franz Gerhard Wegeler, ami médecin qui ira également à Vienne...
A la maison, peu à peu, Ludwig remplace son père. Financièrement tout d'abord, car Johann, souvent pris de boisson, est de moins en moins capable d'assumer sa place au foyer et sa fonction à la Cour. Le jeune Beethoven se sentira responsable de ses deux frères, et il assumera cette responsabilité toute sa vie, parfois même jusqu'à l'outrance. Conscient lui aussi du don de Beethoven, c'est à ses frais que le Prince Maximilian Franz l'envoie à Vienne, en 1787, pour rencontrer Mozart et parfaire son éducation musicale. Vienne est alors la ville phare de la culture musicale. De la rencontre entre Mozart et de Beethoven, il n'existe que des textes à la véracité incertaine. Mais une lettre rappelle Beethoven à Bonn : sa mère est mourante. La seule personne de sa famille avec laquelle il avait créé des liens affectueux forts et réciproques s'éteint le 17 juillet 1787.
5 ans plus tard, en 1792, Beethoven repart à Vienne, bénéficiant d'une rente assurée par le Prince Electeur pendant 2 ans, toujours pour développer son érudition musicale. Il ne reverra jamais plus sa ville natale. A Vienne, le jeune musicien prend des leçons avec Haydn, puis avec Albrechtsberger et Salieri. Il étonne et séduit Vienne par sa virtuosité et ses improvisations au piano. En 1794, Beethoven compose son opus 1, trois trios pour Piano. L'année suivante, Beethoven organise sa première représentation publique à Vienne au cours de laquelle il y joue ses propres œuvres. Puis suivra une tournée : Prague, Dresden, Leipzig et Berlin avant de partir pour un concert à Budapest.
Les rencontres que fait Beethoven à Vienne sont nombreuses. Tout le monde de la musique et de l'aristocratie admire le jeune compositeur. Ces mélomanes seront les plus grands soutiens de Beethoven. Il se fâchera régulièrement avec les uns et les autres, puis fera très souvent amende honorable. Son talent excusera son comportement excessif et impulsif. En 1800, Beethoven organise un nouveau concert à Vienne comprenant, notamment, l'exécution de sa première symphonie. Bien qu'aujourd'hui nous la considérons classique dans sa conception et proche des symphonies de Mozart et de Haydn, certains auditeurs trouvèrent cette composition étrange, osée, outrée. Le génie de Beethoven, qui n'est pas encore pleinement exposé à cette époque, pointe déjà, repoussant les usages musicaux établis. C'est en 1801 que Beethoven avoue à ses amis de Bonn sa crainte de devenir sourd. A Heiligenstadt, en 1802, il rédige un texte célèbre dans lequel il explique sa révolte face au drame qu'il vit : lui, un musicien, devenir sourd, voilà une fatalité à laquelle il ne souhaite pas survivre. Mais la musique le rappelle. Et il écrit qu'il sait avoir beaucoup d'autres domaines musicaux à explorer, à découvrir, et à léguer. Beethoven ne se suicidera pas, fera connaître peu à peu son handicap grandissant, et il se jettera dans la composition d'œuvres grandioses : d'exceptionnelles sonates pour pianos la deuxième et la troisième symphonie - L'Eroïca - et bien d'autres encore...
Cette troisième symphonie, Beethoven l'écrit en hommage à un grand homme, Bonaparte. Celui-ci est alors considéré comme le libérateur des peuples, issu de la Révolution Française, porteuse d'espoir. Lorsque le Premier Consul se déclarera Empereur, Beethoven effacera rageusement le nom de Bonaparte de la dédicace de cette symphonie.
Le 7 avril 1805 sera la première interprétation publique de la symphonie Héroïque. Par ailleurs, Beethoven a enfin terminé son opéra, Leonore, le seul qu'il écrira. Il le corrigera et écrira 4 ouvertures différentes. Le nom de l'opéra deviendra alors Fidelio, contre la volonté du compositeur. Le 20 novembre 1805 se déroulera la première devant un public clairsemé d'officiers Français. Car Napoléon, à la tête de son armée, a pris Vienne une première fois. Cela se reproduira en 1809.
Les années suivantes, l'activité créatrice du compositeur est intense. Il compose plusieurs symphonies, dont la Pastorale, l'ouverture de Coriolan, la fameuse Lettre pour Elise. Il prend quelques élèves, qu'il trouvera jeunes et belles et dont il tombera parfois amoureux. L'Archiduc Rudolphe, frère de l'empereur, devient également son élève, son ami, et bientôt l'un de ses protecteurs.
En 1809, Beethoven songe à quitter Vienne sur l'invitation de Jérome Bonaparte. Son amie de toujours, la Comtesse Anna Marie Erdödy, le retient avec l'aide de ses plus fortunés admirateurs : l'Archiduc Rodolphe, le Prince Lobkowitz et le Prince Kinsky. Ces derniers s'engagent à verser à Beethoven une rente annuelle de 4 000 florins, lui permettant de vivre sans contrainte financière. L'unique condition est que le compositeur devra ne pas quitter Vienne. Beethoven accepte. Cette rente fera de lui le premier compositeur indépendant. Avant ce contrat, que ce soit Bach, Mozart ou Haydn, les musiciens et les compositeurs étaient des serviteurs au sein d'une maison d'un riche aristocrate. Un domestique sans plus de droit que les autres, mais avec des devoirs de compositions et de représentations. Une ère nouvelle voit ainsi le jour pour la musique : le compositeur est libre d'écrire quand il veut, ce qu'il veut, sur commande ou non.
En 1812, Beethoven prend les eaux à Teplitz, et rédige une lettre ardente à "L'immortelle bien-aimée". Cette lettre, qu'on retrouva dans un tiroir secret avec la testament d'Heiligenstadt, n'a pas fini de susciter les recherches et les suppositions des biographes du musicien. Nombreuses sont ses élèves et ses amies qui ont, tour à tour, été proposée comme étant la destinataire de cette lettre. A moins qu'un nouveau document ne soit découvert, comme cela est encore parfois le cas dans les salles de vente ou une collection privée, il est fort probable que le secret amour de Beethoven soit préservé.
Fin juillet 1812, Beethoven rencontre Goethe, à l'initiative de Bettina Brentano. Les deux grands hommes s'admirent mais ne se comprennent pas. Le compositeur trouve le poète - conseiller trop servile, et ce dernier estime que Beethoven est "tout à fait indompté". Beethoven admire Goethe, et mettra en musique plusieurs de ses poèmes. Il gardera toujours un regret de ne pas s'être mieux entendu avec Goethe. Mais l'un de ses protecteurs, le Prince Lobkowitz, éprouve des difficultés financières, et le Prince Kinski meurt d'un chute de cheval et les descendants tentent de se défaire de l'obligation financière envers Beethoven. Ce sera le début de plusieurs procès que le compositeur intentera pour sauvegarder son indépendance financière. D'autres suivront pour des motifs différents.
Le tchèque Johann Nepomuk Maelzel prend alors contact avec Beethoven. Inventeur génial, probable inventeur du métronome, Maelzel avait déjà rencontré Beethoven et créé divers outils pour soutenir Beethoven et l'aider dans son audition défaillante : cornets acoustiques, systèmes d'écoute raccordés au piano... En 1813, Beethoven compose 'La victoire de Wellington', œuvre réalisée pour un instrument mécanique de Maelzel, le "Panharmonica" (ou "Panharmonicon"). Mais c'est surtout le métronome qui fera évoluer la musique, et Beethoven, qui en a tout de suite saisi l'intérêt, annotera scrupuleusement nombre de ses partitions afin que ses œuvres soient interprétées comme il le souhaite. L'Académie de 1814 présentera cette œuvre ainsi que les septième et la huitième symphonies. Ce sera également la réécriture de Leonore en Fidelio, seul opéra de Beethoven, qui remportera enfin le succès auprès du public. Puis, le Congrès de Vienne, qui regroupe tout ce que le monde compte de têtes couronnées afin de débattre de l'avenir de l'Europe après Napoléon, sera un moment de gloire et de reconnaissance pour Beethoven. Il sera invité à jouer à plusieurs reprises et en éprouvera une légitime fierté.
Le 15 novembre 1815, Kaspar Karl, le frère de Beethoven, décède. Il laisse une femme que le compositeur surnommera "La reine de la nuit" en raison des mœurs de la veuve, ainsi qu'un fils, Karl, qui a 9 ans. La vie de Beethoven va alors changer, car son frère avait inscrit sur son testament qu'il souhaitait que la tutelle de son fils soit exercée conjointement par sa femme et par Ludwig, son frère. Ce dernier prendra son rôle très au sérieux, mais le célibataire de 45 ans qui n'entend plus aura bien du mal à cohabiter et à comprendre l'enfant puis le jeune homme. Cette cohabitation sera source de nouveaux procès avec la mère de l'enfant, de conflits de générations et de nombreux tracas.
En 1816, Carl Czerny (futur maître de Franz Liszt), élève de Beethoven deviendra le professeur de musique de Karl, mais sans rencontrer le succès espéré par le grand compositeur. A cette époque, il termine le cycle de lieders "A la bien-aimée lointaine" et ébauche un premier thème pour la neuvième symphonie.
2 ans plus tard, l'Archiduc Rodolphe accède au cardinalat et Beethoven commence la composition de la Messe en ré. Elle ne sera pas prête pour l'intronisation, mais l'œuvre sera d'une incomparable richesse. Gioachino Rossini fait un triomphe à Vienne à 1822 et il rencontrera Beethoven. La barrière du langage et la surdité de Beethoven ne permettront qu'un échange bref. Le compositeur viennois n'appréciait que modérément l'opéra italien, qu'il considérait comme peu sérieux. La neuvième symphonie sera pratiquement achevée en 1823, la même année que la Missa solemnis. Liszt, qui a alors 11 ans, rencontrera Beethoven, qui assistera peut-être à son concert du 13 avril. Il félicitera chaleureusement le jeune virtuose qui, des années plus tard, transcrira l'intégralité des symphonies de Beethoven pour le piano.
Le 7 mai 1824 sera la date de la première interprétation de la neuvième symphonie et malgré les difficultés musicales, mais également celles des parties chantées, ce sera un succès. Malheureusement sans retombées financières. Les ennuis financiers n'ont de cesse de miner le compositeur. Il a bien de l'argent de côté, mais il le garde pour son neveu. Ce sera ensuite l'époque des derniers quatuors, si difficiles encore pour le public d'aujourd'hui qui sait pourtant apprécier les autres œuvres. La dixième symphonie est mise en chantier.
Fin 1826, Beethoven prendra froid en rentrant de chez son frère, avec lequel il s'est encore disputé. La maladie compliquera les autres maux dont Beethoven a souffert tout au long de sa vie. Il s'éteindra entouré de ses plus chers amis, le 26 mars 1827, alors qu'un orage se déchaîne.
La cérémonie funèbre se déroula à l'église de la Sainte Trinité. On estime que entre 10 000 à 30 000 personnes se sont réunies pour accompagner Ludwig van Beethoven vers sa dernière demeure. Franz Schubert, timide et grand admirateur du grand compositeur sans l'approcher, sera l'un des porteurs de flambeau avec de nombreux autres musiciens. Schubert décédera l'année suivante et sera enterré à côté de Beethoven. Heinrich Anschütz, acteur, lit l'oraison funèbre de Beethoven, écrite par Franz Grillparzer, grand homme de lettres, devant les portes du cimetière de Währing (aujourd'hui, Schubert Park).
2006, USA/Allemagne/Hongrie, Drame
Réalisé par Agnieszka Holland
Scénario de Stephen J. Rivele & Christopher Wilkinson
Photographie d'Ashley Rowe
Décors de Caroline Amies
Direction artistique de Paul Ghirardani & Lóránt Jávor
Costumes de Jany Temime
Montage d'Alex Mackie
Mixage de Simon Hayes
Casting de Priscilla John
Scripte de Mary Haddow
Durée 1 h 44
Avec Diane Kruger, Ralph Riach, Matyelok Gibbs, Ed Harris (Ludwig Van Beethoven), Bill Stewart, Angus Barnett, Viktoria Dihen, Phyllida Law...
Résumé : Vienne, en 1824. Quelques jours avant la première représentation de sa «9e Symphonie», Beethoven, gagné par la cécité, fait appel à une jeune femme pour copier les partitions. Anna Holtz, à peine 23 ans, brillante musicienne, va jusqu'à formuler certaines suggestions au maître concernant la direction de l'orchestre. Leur collaboration s'approfondit tandis que le maestro sent ses forces décliner...
Bix Beiderbecke
Né le 10 Mars 1903 à Davenport (USA), Bix Beiderbecke apprend en autodidacte le piano et le cornet. Il se passionne pour le jazz et est très influencé par les trompettistes Nick La Rocca (membre de l'Original Dixieland Jass Band) et du mythique Emmett Hardy). En 1921, alors qu'il est étudiant à l'Académie Militaire de Lake Forest, il forme son premier orchestre. Exclu de l'académie, il commence à se produire professionnellement dans des orchestres de danse de Chicago et sur les riverboats. Il a l'occasion d'entendre les grands trompettistes et cornettistes noirs de l'époque, King Oliver et Louis Armstrong.
En 1923, il rejoint le groupe les Wolverines (alias "Wolverine Orchestra"), dans lequel il joue principalement du cornet mais aussi parfois du piano, avec qui il enregistre ses premiers disques pour la marque Gennett Records. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Frankie Trumbauer, spécialiste du saxophone ténor en ut (instrument maintenant disparu), avec qui il va collaborer à de nombreuses occasions. Il enregistre, à la même époque, avec d'autres petites formations dont les Sioux City Six.
En 1925, il rejoint l'orchestre de danse dirigé par Jean Goldkette. Il enregistre parallèlement des disques plus "jazz" sous son nom (Bix and his Rhythm Jugglers et Bix Beiderbecke's Gang), sous celui de Trumbauer ou en trio avec encore Trumbauer et le guitariste Eddie Lang.
En 1927, il rejoint l'orchestre de jazz symphonique de Paul Whiteman dont il devient vite le "soliste vedette". Whiteman propose une musique assez ampoulée où se mêlent — de manière pas toujours heureuse — jazz, variété sirupeuse et réminiscences classiques, avec une absence totale de swing. Bix participe dans ce cadre — même, s'il faut avouer, on ne l'entend en solo que pendant 10 mesures — au premier enregistrement du Concerto en fa de George Gershwin en présence du compositeur. Bix Beiderbecke boit beaucoup et sa santé se dégrade assez vite. Whiteman, conscient du potentiel artistique du cornettiste, continue à le payer malgré des absences de plus en plus nombreuses. Bix continue à enregistrer sous son nom, celui de Trumbauer, ou d'autres petites formations mais les effets de la maladie se font ressentir sur son jeu.
Fin 1929, il arrête de jouer pendant plusieurs mois pour se soigner à Davenport. En 1930, il participe pour un temps à Casa Loma orchestra et enregistre à New York ses derniers disques avec des petites formations (sous son nom ou sous la direction d'Hoagy Carmichael).
Il meurt des suites d'une pneumonie le 6 août 1931 à New York (USA).
Bix Beiderbecke était aussi fasciné par la musique classique et en particulier par les compositeurs français de l'époque comme Claude Debussy ou Maurice Ravel. Il a lui-même composé des pièces pour piano fortement inspirées par cette esthétique : "In a mist" (qu'il a enregistré en 1927 et qui constitue son morceau le plus célèbre), "In the dark", "Flashes" et "Candelights".
1991, Italie/USA, Biographie
Réalisé par Pupi Avati
Scénario d'Antonio Avati, Pupi Avati, Fred Chalfy, Anne Dutter, Georges Dutter, Lino Pastruno & Mark Wolfson
Photographie de Pasquale Rachini
Décors de Thomas Beall, Steve Cadman, Domenico La Spada, James Otten & Giovanna Zighetti
Direction artistique de Carlo Simi
Costumes de Carla Bertoni & Graziella Virgili
Montage d'Amedeo Salfa
Son de Raffaele De Luca
Mixage d'Alberto Doni & Chat Gunter
Casting de Dennis Hitchcock
Scripte d'Angela Ricci
Durée 1 h 51
Avec Bryant Weeks, Emile Levisetti, Julia Ewing, Mark Collver, Romano Orzari, Matthew Buzzell, Ray Edelstein, Mark Sovel...
Résumé : Octobre 1931. Bix Beiderbecke est mort à New York depuis deux mois. Son frère Burnie vient sur place pour en savoir plus sur les dernières semaines de la vie de ce grand jazzman blanc. Il rencontre son ami Joe Venuti, violoniste italo-américain, qui lui raconte les débuts de Bix comme soliste dans le plus célèbre orchestre d'Amérique jusqu'aux tristes jours de sa fin : alcoolique et sans travail, dans un taudis. Ils retrouvent ensemble Lisa, la belle jeune fille qu'il présentait à sa famille, dans ses lettres, comme sa future épouse, et qu'en fait il connaissait à peine...
Prix & Récompenses : David Di Donatello 1992 : Meilleurs décors.
Hector Berlioz
Hector Berlioz est un compositeur, écrivain et critique français, né le 11 décembre 1803 à La Côte-Saint-André (France) et décédé le 8 mars 1869 à Paris (France).
Il est issu d'une vieille famille du Dauphiné. Son père, Louis Berlioz, est médecin et sa mère, Antoinette-Joséphina Marmion, une catholique fervente. À l'âge de 6 ans, Berlioz est envoyé au séminaire pour suivre ses études. À la fermeture de l'établissement, en 1811, son père décide de se charger de son éducation, le destinant à une carrière de médecin. Ce qui ne l'empêchait pas de compléter sa formation avec un maître de musique qui lui enseignait le chant et la flûte. À l’âge de 12 ans, il se met à composer.
En 1819, son père lui achète une flûte puis une guitare et Hector commence des leçons avec un nouveau professeur. 2 ans plus tard, Hector Berlioz est promu bachelier des lettres à Grenoble le 22 mars 1821. Inscrit à l’école de médecine de Paris, il quitte sa famille fin octobre et suit les cours pendant une année, avant d'écrire à son père qu'il préfère l’art à la médecine. Il se brouille avec sa famille, fréquente l'Opéra de Paris et suit les enseignements de Jean-François Lesueur puis d'Antoine Reicha.
En 1823 il étudie la composition au Conservatoire de Paris. Il écrit la Messe solennelle en 1824, découvre Weber et malgré ses échecs au concours de Rome en 1827, 1828 et 1829, il poursuit ses études au Conservatoire avec l'enseignement remarquable d'Antoine Reicha pour la fugue et le contrepoint mais aussi la composition avec Jean-François Lesueur.
Au cours d'une représentation d'Hamlet, non seulement il découvre Shakespeare, mais il tombe amoureux de l'actrice irlandaise de la pièce, Harriet Smithson, qu'il épousera en 1833.
L'exécution en 1828 des symphonies de Beethoven par François-Antoine Habeneck va l'impressionner. Dès 1830, 6 ans seulement après la Symphonie n° 9 de Beethoven, ses études, ses influences et aussi son génie lui permettent d'écrire la Symphonie fantastique, qui provoque un grand scandale auprès d'un public qui ne se rend pas compte de la portée de l'œuvre. Dès 1834, il se fait connaître comme critique dans la Gazette musicale puis dans le Journal des débats, et y soutient son système musical qui subordonne l'harmonie à la recherche de l'expression.
Il remporte le prestigieux Prix de Rome en 1830 avec sa cantate Sardanapale, ce qui l'oblige à vivre à l'académie de France à Rome. Il y rencontre Mendelssohn mais l'Italie l'inspire et le déçoit tout à la fois. En 1831 et 1832, son séjour lui inspire Lélio ou le Retour à la vie, Le Roi Lear et il compose Harold en Italie (1834) pour alto et orchestre à la demande de Paganini sur un poème de Lord Byron, Childe Harold's Pilgrimage.
Il est engagé en 1835 comme critique musical dans le Journal des débats où ses articles devaient faire date et lui valoir de nombreuses inimitiés. Il signe ses articles jusqu'en 1864.
Ainsi, lorsqu'il obtint un contrat du ministère des beaux-arts pour une messe des morts, les partisans du directeur du Conservatoire, Cherubini, tentèrent de faire échouer le contrat. Mais après qu'il eut fini l'œuvre, que les arrangements eurent été pris pour sa création, le ministère annula, sans explication, le concert. Le Requiem eut sa chance, toutefois, grâce au concours d'amis bien placés, en décembre 1837 en la chapelle des Invalides, décorée de milliers de chandelles, et en présence de la famille royale, du corps diplomatique et de toute la haute société parisienne. Le Requiem lui gagna une acclamation immense de la part des critiques ainsi que de la part du public.
En 1838, pour son entrée à l'Opéra avec Benvenuto Cellini l'atmosphère de cabale organisée par ses adversaires conduit à un échec des représentations. Mais son engagement à la bibliothèque du Conservatoire et l'estime que lui porte Paganini lui permettent d'écrire Roméo et Juliette (1839) qui enthousiasme Richard Wagner.
Pendant ces années, son prestige de chef d'orchestre est plus important que celui de compositeur, et il est plus apprécié à l'étranger qu'en France ; il joue ses œuvres mais aussi celles de ses confrères en Belgique, Allemagne, Angleterre, Hongrie ou en Russie avec sa nouvelle compagne la cantatrice Marie Recio. La création de L'Enfance du Christ est un triomphe (1864).
En 1856 il débute la composition de son "opus magnum" les Troyens, en écrit le livret inspiré par le poème épique L'Énéide, œuvre de Virgile . La genèse de son ouvrage remonte à sa plus tendre enfance, l'influence de Virgile et de Shakespeare est récurrente dans son œuvre. Les Troyens est achevé en 2 ans plus tard mais il ne peut le faire jouer en intégralité, les administrateurs sont effrayés par la durée et les moyens exigés par l'œuvre.
Il va encore composer l'opéra-comique Béatrice et Bénédict sur Beaucoup de bruit pour rien de Shakespeare ; après la mort de Marie, puis de son fils Louis en 1866, il tombe malade. Après une tournée triomphale en Russie, au cours de laquelle il va influencer les jeunes Moussorgski, Rimsky-Korsakoff et Borodine, il fait un voyage à Nice en mars 1868 au cours duquel il se blesse en faisant une chute. En août 1868, il effectue son dernier voyage à Grenoble où réside sa soeur et sa famille. Invité par le maire Jean Vendre à l'occasion de trois journées de festivité pour l'inauguration d'une statue équestre de Napoléon Ier, il préside un festival de musique. De retour à Paris, il meurt.
1942, France, Biographie
Réalisé par Christian-Jaque Scénario d'André du Dognon, Charles Exbrayat, Jean-Pierre Feydeau & André Legrand
Photographie d'Armand Thirard Décors d'Andrej Andrejew
Costumes de Rosine Delamare Montage de Jacques Desagneaux
Son de William Robert Sivel Durée 1 h 35
Résumé : La harpiste Marie Martin aime Hector Berlioz, mais celui-ci a épousé la comédienne Harriett Smithson. Quand cette dernière l'abandonne avec leur fils, Louis, Hector retrouve Marie et sillonne l'Europe à ses côtés. Mais il lui faudra attendre d'être malade et la consécration de La damnation de Faust pour voir s'entendre Louis et Marie...
Frédéric Chopin
Frédéric François Chopin (en polonais : Fryderyk Franciszek Chopin) est un compositeur et pianiste virtuose, né le 1er mars 1810 à Żelazowa Wola (Pologne), et décédé à Paris (France) le 17 octobre 1849.
Ses parents déménagent à Varsovie quelques mois après la naissance de Frédéric. Ils habitent d'abord dans l'ancien palais de Saxe, qui abrite le lycée, et ouvrent un pensionnat pour les fils des riches familles terriennes. Deux autres filles naissent en 1811 et 1812. En 1817, la famille déménage avec la pension au palais Kazimierz, en même temps que le lycée de Varsovie.
Les parents de Frédéric achètent rapidement un piano, instrument en vogue dans la Pologne de cette époque. Sa mère y joue des danses populaires, des chansons ou des œuvres classiques d'auteurs comme le Polonais Ogiński. Les enfants sont initiés très tôt à la musique.
Frédéric se révèle précocement très doué. Il n'a que 6 ans lorsque ses parents décident de confier sa formation à un musicien tchèque, Wojciech Żywny, violoniste qui gagne sa vie en donnant des leçons de piano chez les riches familles de Varsovie. Il a probablement été formé par un élève de Bach à Leipzig. Ce professeur est original ; il apprécie surtout Bach, alors peu connu, Mozart et Haydn, c'est-à-dire des compositeurs d'une autre époque. Il est sceptique vis-à-vis des courants contemporains comme le "style brillant" d'un Hummel, alors très en vogue. Une spécificité de Żywny est de laisser une grande liberté à l'élève, sans imposer de méthode particulière ou de longues heures d'exercices abrutissants. Que le professeur de piano du musicien ait été un violoniste de métier fait parfois dire que "Chopin a pratiquement été autodidacte". Si toute sa vie, Le Clavier bien tempéré sera considéré par Chopin comme la meilleure introduction à l'étude du piano, ses premières compositions sont plus dans l'air du temps. En 1817, il compose deux polonaises inspirées des œuvres d'Ogiński. Le langage harmonique est encore pauvre, mais la subtilité et l'élégance, qui caractériseront plus tard les œuvres du maître, sont déjà latentes.
Comme le fait remarquer le compositeur André Boucourechliev, "les gens ne rêvent que de petits pianistes" ; à l'âge de 8 ans, Frédéric a tout de l'enfant prodige. Si les comparaisons avec Mozart ne manquent pas, les situations sont néanmoins différentes car Nicolas Chopin n'a rien d'un Léopold Mozart. Frédéric se produit fréquemment dans les cercles mondains de l'aristocratie de Varsovie, mais jamais son père n'en retirera un sou. À 8 ans, le musicien joue avec un orchestre et cette prestation est évoquée dans la presse locale. Il joue souvent devant le grand duc Constantin, frère du tsar, une fois devant la célèbre "cantatrice Catalani qui lui donna en souvenir une montre en or" et à partir de 1818 le "petit Mozart" est déjà célèbre à Varsovie. Le musicien gardera toute sa vie un goût prononcé pour la politesse et la sophistication de la vie aristocratique à laquelle il a été initié dès son plus jeune âge.
Le jeune Chopin grandit comme dans un berceau solide et moelleux, dans une atmosphère aimante et chaleureuse où il développe un caractère doux et espiègle, sous le regard affectueux de sa mère qui, au dire de George Sand, sera la seule passion de sa vie.
Si la mère Justyna est une figure clé de la petite enfance de Frédéric, son père joue un rôle majeur durant les années de lycée. Nicolas lui apprend l'allemand, le français et, quand Frédéric le souhaite, il dispose dans cette langue d'un "joli coup de plume". La position sociale du père est devenue celle d'un intellectuel établi et, tous les jeudis, Frédéric voit défiler des figures intellectuelles phares du Varsovie de l'époque comme l'historien Maciejowski, le mathématicien Kolberg, le poète Brodziński et les musiciens Elsner, Jawurek ou Würfel.
En 1822, Żywny n'a plus rien à apprendre au jeune Chopin et le tchèque Würfel devient son professeur d'orgue. À l'opposé de Żywny, ce professeur est un tenant du "style brillant" : "la musique de style brillant s'éloignait considérablement des modèles et idéaux classiques et apportait le souffle d'une esthétique et d'un goût nouveaux. Les procédés du jeu virtuose, inconnus jusqu'alors et introduits à présent...". Elsner, directeur du Conservatoire, dans la même mouvance que Würfel, donne de temps en temps à Frédéric des cours d'harmonie et de théorie des formes musicales. Ce style fascine le jeune musicien, qui, en 1823, interprète des concertos de style brillant de Field et de Hummel dans le cadre de concerts de bienfaisance. Cette influence est aussi visible dans ses compositions, par exemple les Variations en mi majeur, composées durant ces années de lycée.
C'est à l'occasion des vacances, passées dans la campagne polonaise, que Frédéric prend conscience de la richesse du patrimoine de la musique populaire. Il passe plusieurs étés à Szafarnia en Mazovie et participe à une noce et à des fêtes des moissons. Dans ces occasions, il n'hésite pas à prendre un instrument. Il transcrit les chansons et danses populaires avec le soin et la passion d'un ethnologue. Il parcourt les villages et les bourgs des environs à la recherche de cette culture et va jusqu'à payer une paysanne pour obtenir un texte exact. Sa passion ne se limite pas à la Mazovie, puisque sa Mazurka en si bémol majeur de 1826 intègre des formules rythmiques de la région d'origine de sa mère, la Cujavie.
Selon André Boucourechliev, à travers à la fois l'intelligentsia à laquelle son père lui donne accès, la campagne populaire et l'amour maternel, "construit Polonais, Frédéric n'avait pas à hésiter sur son appartenance : pour lui, comme pour sa famille, les jeux étaient faits".
À l'automne 1826, le musicien amateur quitte le lycée pour le Conservatoire de musique de Varsovie, dirigé par Elsner et suit à l'université les cours de l'historien Bentkowski ainsi que ceux du poète Brodziński. À cette époque, la querelle littéraire entre les partisans d'une esthétique classique et les romantiques fait rage à Varsovie. Le poète choisi par Frédéric représente la modernité, à l'opposé du professeur Ludwik Osiński. L'influence du cours de littérature ne se limite pas à sa position sur le romantisme. Dans un pays de plus en plus bâillonné par l'autoritarisme russe, la création d'un art national est une préoccupation du poète, partagée par Elsner, ainsi que par de nombreux intellectuels polonais. Brodziński précise : "... je répète que les œuvres des génies, dépourvues de sentiments patriotiques, ne peuvent être sublimes...".
Au conservatoire, le jeune musicien apprend la rigueur dans la composition. En 1828 Chopin écrit sa première sonate, en ut mineur. Cette obsession de maîtriser parfaitement les techniques de son art dans une œuvre monumentale conduit à des faiblesses et "tout ici l'emporte sur la spontanéité de l'inspiration qui saisit l'auditeur dans les autres œuvres du jeune compositeur". À la même époque, le musicien compose deux polonaises, en ré mineur et en si bémol majeur qui "expriment une envie spontanée de composer", mais "elles ont toutefois recours à des fonctions tonales très simples". C'est néanmoins vers cette époque, que Chopin atteint sa maturité avec des œuvres comme les Variations en si bémol majeur sur le thème de Là ci darem la mano du Don Giovanni de Mozart, à l'origine d'un célèbre article de Schumann qui utilise l'expression "chapeau-bas messieurs, un génie !". C’est aussi dans cette période que le musicien parvient à intégrer dans des œuvres déjà matures, une sensibilité polonaise, avec par exemple un Rondeau de concert à la Krakowiak, terminé en 1828.
Certains sentiments affectifs, caractéristiques de la vie d'adulte de Chopin, sont déjà présents durant cette période. Les camaraderies acquises au lycée deviennent de véritables amitiés. Mais on trouve déjà, dans sa correspondance, des traces de solitude et même de nostalgie, comme le montre cette lettre écrite à Tytus Woyciechowski : "J'ai la nostalgie de tes champs, ce bouleau sous ta fenêtre ne peut me sortir de la mémoire". Tytus Woyciechowski et Julian Fontana resteront les confidents de Chopin durant l'essentiel sa vie.
Une tragédie marque profondément son âme slave. Sa cadette Emilia, atteinte par la tuberculose, meurt en deux mois le 10 avril 1827. C'est probablement à ce moment que Frédéric contracte la maladie qui ne le quittera jamais. Cette période est aussi celle des premiers sentiments amoureux. Lorsque le compositeur écrit à Tytus : "J'ai, peut-être pour mon malheur, trouvé mon idéal", il évoque la cantatrice débutante Constance Gladkowska, à qui il ne se déclarera jamais. Pour Boucourechliev, "rien n'est plus révélateur de sa personnalité que cette passive contemplation amoureuse"."
D'autres éléments ont contribué à faire de l′enfant prodige un musicien professionnel reconnu. Varsovie propose au jeune Chopin de nombreux concerts et opéras, qu'il suit attentivement. Il entend la pianiste Maria Szymanowska, le Barbier de Séville, dont il critique violemment la représentation - "J'aurai assommé Colli. Il chantait faux, cet Arlecchino italiano; il chantait faux à faire peur !" - ou Paganini. Cette découverte de la modernité n'est pas sans influence sur ses goûts : "Chopin veut réunir au piano les deux points les plus extrêmes de tout le jeu instrumental jusqu'à présent. Il vise à faire fusionner en un tout l'élément didactique issu de l'esprit formateur d'un Bach avec l'incandescence passionnée et le défi technique de Paganini". Après le conservatoire, où il a pourtant appris la composition d'orchestre, Chopin devient "le seul génie musical du XIXe siècle à s'être délibérément et exclusivement consacré à son médium", le piano.
À la fin de cette période, Chopin désire donner de véritables concerts publics rémunérés. Le premier, où il improvise, a lieu le 19 décembre 1829. Le 17 mars 1830, il en donne un second avec, au programme, son Concerto en fa mineur. Chopin est déjà reconnu : le concert est donné à guichet fermé. 5 jours plus tard, le compositeur se produit de nouveau en public, avec le même concerto et le Rondeau de concert à la Krakowiak. Le Décaméron polonais du 31 mars indique : "M. Chopin est un véritable phénomène. Tous admirent avec enthousiasme le talent exceptionnel de ce jeune virtuose, certains même voient en lui un nouveau Mozart". Le 11 octobre de la même année, le compositeur donne un grand concert d'adieu à sa ville.
Pour Chopin, l'essentiel en effet ne se joue plus à Varsovie. En 1829, il déclare : "que m'importent les louanges locales ! Il faudrait savoir quel serait le jugement du public de Vienne et de Paris". Depuis l'âge de 18 ans, il supporte de moins en moins le cadre étroit de Varsovie. Un premier voyage à Berlin est organisé en septembre 1828 avec le scientifique Feliks Jarocki. Mais le séjour s'avère décevant : ni concert ni rencontre intéressante. Encouragé par Elsner, il se rend une première fois à Vienne fin août 1830 et y fait fureur. Ce court voyage ne lui suffit pas. Comme au Hongrois Liszt, le métier d'artiste impose à Chopin une carrière internationale et Constance Gladkowska lui écrit : "Pour faire la couronne de ta gloire impérissable, tu abandonnes les amis chers et la famille bien-aimée. Les étrangers pourront mieux te récompenser, t'apprécier". Ce n'est cependant pas sans appréhension qu'il quitte sa terre natale et il écrit à Tytus : "Lorsque je n'aurai plus de quoi manger, tu seras bien forcé de me prendre comme scribe à Poturzyn".
C'est le 2 novembre 1830 que Chopin quitte la Pologne. Le musicologue Boucourechliev s'interroge : "Malgré le zèle nationaliste de ses thuriféraires polonais, poussé à l'excès (et toujours cultivé), malgré les déclarations et les pleurs sur la patrie occupée, malgré sa famille, restée la-bas, qui dut venir un jour à Karlsbad pour revoir son glorieux rejeton, Chopin ne mit jamais plus le pied en Pologne... Pourquoi cet abandon - pour ne pas dire ce refus obstiné ?"
Passé par Dresde et Prague, Chopin arrive à Vienne avec son ami Tytus le 23 novembre 1830, espérant renouer avec le succès de son précédent voyage. Les premiers jours sont heureux : il rencontre le compositeur Hummel, le facteur de pianos Graf, le médecin impérial Malfatti, dont l'épouse est polonaise ; il assiste à plusieurs opéras. Plusieurs éléments concourent ensuite à rendre la vie du musicien difficile, en particulier l'évolution politique en Pologne. L'agitation révolutionnaire, après la France en juillet et la Belgique en octobre, atteint la Pologne qui se révolte contre la tutelle russe : l'insurrection débute le 29 novembre. Tytus quitte Chopin pour la rejoindre ; le virtuose se trouve en proie à une solitude, mêlée d'un sentiment d'impuissance patriotique poussé à son paroxysme. Les Autrichiens ne sont guère favorables aux Polonais : "il n'y a rien à tirer de la Pologne qui sème le "désordre". De plus, les Viennois, sous le charme des valses de Strauss, sont insensibles à la poésie du Sarmate. Il ne faut pas moins de 7 mois passés à Vienne pour que Chopin puisse participer à un concert, sans rémunération (le 11 juin 1831). La critique loue ses qualités de virtuose, mais reste sceptique vis-à-vis de son Concerto pour piano et orchestre N° 1 en mi mineur : "L'œuvre ne représentait rien de singulier, mais le jeu de l’artiste fut unanimement loué".
La reconnaissance du public n'est pas au rendez-vous avec Chopin, "Mais il s'était attelé à une tâche immense qui lui tint lieu de succès public : c’étaient les Études op. 10, conçues pour la plupart à Vienne, et le début de celles de l'op. 25, chefs-d’œuvre d'un artiste de 21 ans". Pour créer son propre univers sonore dans cette œuvre didactique, le musicien s'inspire de Bach pour les deux premières études et de Mozart pour l'Étude N° 6. Dégoûté et à court d'argent, Chopin quitte Vienne le 20 juillet 1831 pour tenter sa chance à Paris. L'ambassade russe à Vienne a d'abord refusé un passeport pour la France, puis en accorde un "pour Londres, via Paris". Le voyage se fait par Salzbourg, Munich, où il donne un concert, et Stuttgart où il séjourne début septembre. C'est là que, le 8, il apprend la nouvelle de la chute de Varsovie, sans savoir ce qu'il advient de sa famille.
Arrivé à Paris en septembre 1831, Chopin s'installe dans le quartier bohème et artiste, au 27 du boulevard Poissonnière. Le contexte politique parisien est favorable à la cause polonaise. De nombreux émigrés ont rejoint cette capitale et les plus importants forment une communauté que fréquente le musicien dans les salons de l'Hôtel Lambert, dans l'Île de la Cité ; il devient aussi membre de la Société littéraire polonaise et donnera même en 1835 un concert de bienfaisance au profit des réfugiés. Il n'est cependant pas vraiment militant et le tapage des manifestations le dérange : "Je ne puis te dire la désagréable impression que m'ont produite les voix horribles de ces émeutiers et de cette cohue mécontente".
Les Polonais le lancent dans la capitale ; le musicien donne des leçons de piano à la comtesse Potocka, et grâce à son aide et à celle de Valentin Radziwill, il devient le professeur de piano "élégant" de l'aristocratie polonaise en exil et des milieux parisiens les plus fermés. Dès mars 1832, il déménage dans la petite cité Bergère, plus calme et plus adaptée. Cette activité, à laquelle il consacre le quart de son existence, est bien rémunérée, et lui assure l'aisance matérielle. Elle lui ouvre aussi la porte du monde aristocratique, qui l'accueille comme un ami et où il se sent bien : "Je fais partie de la plus haute société, j'ai ma place marquée au milieu d'ambassadeurs, de princes, de ministre, [...] Et cependant c'est là aujourd'hui une condition presque indispensable de mon existence ; car c'est d'en haut que nous vient le bon goût". En 1836, il déménage au 38, rue de la Chaussée d'Antin, "la vitrine du nouveau régime où l'aristocratie de l'argent remplaçait celle des titres".
Durant cette période qui suit la bataille d'Hernani, les romantiques sont actifs dans tous les domaines. Victor Hugo écrit Notre-Dame de Paris (1831), Le roi s'amuse (1832) et
Balzac écrit ses œuvres majeures, tandis que Delacroix innove et traduit le romantisme en peinture. En musique, Berlioz est le chef de file des romantiques. Dans ce domaine, la première place est néanmoins tenue par l'art lyrique, avec pour vedette Rossini. Le piano est pratiqué par les plus grands virtuoses : Liszt et Kalkbrenner habitent la capitale. Avec d'autres brillants interprètes comme Hiller, Herz ou Pleyel, ils font de Paris la capitale du monde pianistique. Chopin y est, dans un premier temps, un auditeur infatigable. Il découvre Le Barbier de Séville, l'italienne à Alger, Fra Diavolo ou encore Robert le Diable, qui le laisse bouleversé : "Je doute qu'on ait atteint jamais au théâtre, le degré de magnificence auquel est parvenu Robert le Diable". Le musicien rencontre rapidement Kalkbrenner et son admiration n'a pas de mesure : "Tu ne saurais croire comme j'étais curieux de Herz, de Liszt, de Hiller, etc. Ce sont tous des zéros en comparaison de Kalkbrenner". Cette rencontre lui permet de donner un premier concert le 26 février 1832. Il ne fait pas salle comble et le public est surtout formé par des Polonais, mais la critique n'est pas mauvaise. François-Joseph Fétis écrit dans la Revue Musicale : Son "Concerto a causé autant d'étonnement que de plaisir à son auditoire, [...] Trop de luxe dans les modulations, du désordre dans l'enchaînement des phrases...". Il se produit de nouveau les 20 et 26 mai et la critique devient plus élogieuse : "Monsieur Chopin est un très jeune pianiste qui, à mon avis, deviendra très célèbre avec le temps, surtout comme compositeur". Cette période est riche en concerts donnés par le musicien. Si, en 1833 le compositeur-pianiste est encore un soliste étranger dans la capitale, l'année 1834 est celle de la transition et lors de son concert du 25 décembre, il est devenu, pour la critique spécialisée, l'égal des plus grands.
Cette période est marquée par un épisode sentimental, qui rappelle celui qu'il a vécu avec Constance Gladkowska, mais qui est, selon Boucourechliev, bien moins important que les amitiés nouées à cette époque. Entre 1831 et 1835, Chopin, aux yeux de la loi française, est un Polonais résidant à Paris, avec un permis de séjour précisant qu'il a quitté la Pologne avant l'insurrection et qu'il est de père français. À partir de 1835, il obtient la nationalité française à part entière, et est déclaré de père et de mère française. À la différence des Polonais, il n'a plus besoin d'entrer en communication avec l'administration russe pour voyager ailleurs qu'en Pologne.
En août 1835, il se rend à Karlsbad où sa famille est venue en cure : "Notre joie est indescriptible ! Nous nous embrassons et nous nous embrassons. Que pourrait-on faire de mieux ?", écrit le compositeur. À la suite de ces retrouvailles polonaises, Chopin rejoint à Dresde la famille Wodziński, dont les fils étaient ses camarades de jeux à la pension de ses parents. Le musicien tombe amoureux de leur jeune sœur de 16 ans, Marie. "Elle n'était point une beauté" mais, malgré son jeune âge, elle a déjà séduit le poète Juliusz Słowacki, ainsi que le comte de Montigny. Au bout d'une semaine, Chopin quitte les Wodziński et un amour inavoué et épistolaire, que Boucourechliev qualifie d'imaginaire, se développe. L’année suivante, Chopin retrouve la jeune fille à Marienbad. La veille de son départ, Chopin finit par demander sa main. Marie accepte, mais se soumet à la décision de sa mère ; celle-ci ne s'oppose pas catégoriquement, tout en exigeant le secret. Pour Boucourechliev, "le reste est hypocrisie épistolaire de la mère, acceptation passive de ses atermoiements par sa fille" : cela se termine par une rupture en mars 1837. Il conclut : "on ne peut s'empêcher de la comparer à une autre fille, sensiblement du même âge, qui vivait non loin, à Leipzig, et qui se sera battue de toutes ses forces pour s'unir à l'homme qu'elle aimait : Clara Wieck, bientôt l'épouse de Schumann".
Cette période de son existence est finalement la plus sereine du maître polonais. Il apprécie une vie mondaine qui n'est pas sans conséquence sur son activité de compositeur. Marie ne lui inspire "rien qu'une petite valse, écrite à la va-vite en des temps plutôt heureux", celle en la bémol majeur op. 69. Pour le reste, il termine son cahier d'Études op. 25, quelques Nocturnes, la première Ballade, une vingtaine de Mazurkas, deux Polonaises et cinq Valses : un travail léger et brillant, coloré d'insouciance".
Il convient tout d'abord de mentionner l'hommage rendu en avril 1839, à Marseille, au ténor Adolphe Nourrit, décédé le mois précédent en Italie. Lors de la messe de requiem célébrée pour le défunt, Chopin joue à l'orgue de Notre-Dame du Mont Les Astres, un lied de Franz Schubert. Au mois d'octobre de la même année, le roi Louis-Philippe, curieux d’entendre le Polonais, l'invite avec le pianiste Ignaz Moscheles à Saint-Cloud. En présence du roi, de la reine Marie-Amélie, de madame Adélaïde et de la duchesse d'Orléans, épouse de Ferdinand-Philippe d'Orléans (1810-1842), le fils aîné du roi, Chopin joue avec Moscheles ses Études, ses Nocturnes et une sonate à quatre mains de Mozart. Plus qu'un succès, c'est un véritable triomphe.
Au printemps 1841, Chopin donne, de nouveau chez Pleyel, un concert magistral que Franz Liszt commente le lendemain dans la Gazette musicale. Occupé par d'autres activités et n’appréciant pas, contrairement à Liszt, de jouer en public, il ne donnera pas de concerts dans les années suivantes. Il préfère jouer pour ses amis au cours des nombreuses soirées passées à son appartement de la rue Pigalle. Parmi les invités et musiciens de ces concerts privés, se trouvent Sainte-Beuve, Mickiewicz, Marie Poznanska, Delacroix, Berlioz, ainsi que nombre d'exilés polonais. Des témoignages sur ces concerts privés, joués à la faible lueur de bougies dans le coin sombre du petit salon, sont parvenus jusqu'à nous : "Ses regards s’animaient d'un éclat fébrile, ses lèvres s'empourpraient d'un rouge sanglant, son souffle devenait plus court. Il sentait, nous sentions que quelque chose de sa vie s'écoulait avec les sons".
Son ultime concert à Paris, un immense succès malgré son état d'affaiblissement, a lieu le 16 février 1848 ; d'après les nombreux commentaires de ce moment historique, il s'agit d'un instant fabuleux.
De 1836 à 1847, il est le compagnon de l'écrivain George Sand. Ils mènent ensemble une vie mondaine, nourris d'une admiration réciproque.
En novembre 1838, ils partent séjourner à Majorque avec les deux enfants de George Sand, Solange et Maurice. Après un début de séjour très agréable dans une villa, Frédéric est atteint d'une bronchite à l'arrivée de l'hiver et les médecins s'aperçoivent qu'il est tuberculeux ; ils doivent quitter la villa et se réfugient dans de mauvaises conditions au monastère de Valldemossa ; il y compose, entre autres, son cycle des 24 Préludes, op. 28 et sa 2e Ballade, mais sa santé se dégrade considérablement malgré les soins et le dévouement de Sand. Ils rentrent en France avant la date prévue à l'origine et séjournent un moment à Marseille, au moment où le corps d'Adolphe Nourrit y arrive de Naples (cf. supra, concert d'avril 1839). Il retrouve une meilleure santé ; en mai, ils vont passer quelques jours à Gênes, puis rentrent à Nohant (Indre), où se trouve la résidence de campagne de George Sand, non loin de La Châtre.
De 1839 à 1846, ils séjournent souvent à Nohant. C'est une période heureuse pour Chopin qui y compose quelques-unes de ses plus belles œuvres : la Polonaise héroïque, op. 53, la 4e Ballade, la Barcarolle, op. 60, les dernières Valses... Mais, au mois de juillet 1847, le couple qui, depuis un certain temps, ne connaissait plus la passion des débuts, se sépare définitivement, Chopin ayant pris le parti de Solange dans un conflit familial au sujet de son mariage avec le sculpteur Auguste Clésinger. Il ne reverra George Sand qu'une seule fois, par hasard, en avril 1848, mais restera jusqu'à la fin de sa vie très proche de Solange et de son mari.
À partir de 1842, Chopin, dont l'état de santé va en s'aggravant, subit coup sur coup 3 chocs importants. Au printemps 1842, Jan Matuszyński, son ami d'enfance, décède des suites de la tuberculose. Puis c'est l'annonce de la mort de Wojciech Żywny, son premier professeur de musique, resté un ami de ses parents ; c'est enfin, au mois de mai 1844, son père qui s'éteint à Varsovie. Avant de mourir, il a demandé avec insistance à ses proches de faire ouvrir son corps avant de l'inhumer, de peur de subir le sort de ceux qui se réveillent dans leur tombe. Cette préoccupation hantera également Chopin à la fin de sa vie.
La dépression de Chopin à cette époque est inquiétante ; il écrit pourtant aux siens pour essayer de les rassurer : "J'ai déjà survécu à tant de gens plus jeunes et plus forts que moi qu'il me semble être éternel... Ne vous inquiétez jamais de moi : Dieu étend sur moi sa grâce".
Les hivers qui suivent sont de plus en plus difficiles à supporter. Les écrits de George Sand montrent que Chopin décline de façon évidente. Entre la grippe qui l'abat pendant l'hiver 1845 et le printemps 1846, et la phtisie qui progresse, le musicien est de plus en plus affaibli.
Après la rupture douloureuse avec George Sand en 1847, son état de santé se dégrade rapidement. Il fait tout de même une dernière tournée de 7 mois en Angleterre et en Écosse, organisée par son élève Jane Stirling. Ce voyage est pour lui épuisant physiquement et moralement. Chopin arrive à Londres le 20 avril 1848 ; la forte pollution par le charbon de cette ville n'est pas favorable à son état de santé. Il a malgré tout la joie de rencontrer Charles Dickens et peut jouer pour des aristocrates anglais, notamment chez lord Falmouth le 7 juillet, et même devant la reine Victoria, ce qui lui apporte une grande renommée outre-manche. Malheureusement, ce voyage et ces représentations à répétition le fatiguent énormément. Il se sent oppressé par la foule et les applaudissements : "Elles finiront par m'étouffer par leur gentillesse et moi, par gentillesse, je les laisserai faire".
Il rentre à Paris gravement malade et dans une situation financière exécrable, sa maladie entraînant de nombreux frais. Malgré son état de santé, il continue à donner des leçons, le plus souvent allongé sur le sofa près du piano, et à passer du temps avec ses amis, notamment Delacroix. Lorsqu'il entre dans la dernière phase de la tuberculose, à la suite d'une grave hémoptysie qui l'a terrassé fin juin 1849, sa sœur aînée Ludwika accourt auprès de lui pour le soutenir dans ces moments difficiles.
Chopin meurt quelques semaines plus tard, le 17 octobre 1849, au 12 place Vendôme, à l'âge de 39 ans. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise, après une cérémonie à la Madeleine, aux sons de sa célèbre marche funèbre. Sa tombe est ornée d'une statue d'Auguste Clésinger, mari de Solange Dudevant, fille de George Sand. Conformément à ses dernières volontés, Ludwika ramène à Varsovie son cœur qui se trouve actuellement dans un cénotaphe encastré dans un pilier de l'église Sainte-Croix. Il reproduit ainsi la tradition capétienne de la bipartition du corps et de la double sépulture.
1991, France/Allemagne, Drame
Réalisé par Andrzej Zulawski
Scénario d'Andrzej Zulawski
Photographie d'Andrzej Jaroszewicz
Décors de Jean-Vincent Puzos & Jimmy Vansteenkiste
Costumes de Magdalena Biernawska-Teslawska
Montage de Marie-Sophie Dubus
Son de Francois Geneste & Michel Vionnet
Montage son de Reine Wekstein
Scripte de Christine Raffa-Catonné
Durée 2 h 15
Avec Marie-France Pisier, Janusz Olejniczak, Sophie Marceau, Féodor Atkine, Aurélien Recoing, Benoît Le Pecq, Roman Wilhelmi, Grazyna Dylong, Gilles Détroit, Serge Renko...
Résumé : 1846. A l'occasion de son séjour estival à Nohant dans le Berri, George Sand Baronne Dudevant, reçoit ses amis intimes, célébrités du monde artistique et intellectuel de l'époque. Ce séjour verra aussi la fin d'une passion de huit ans entre elle et Frederic Chopin, passion qui donna naissance à leurs plus belles œuvres...
George Gershwin
Moïse Gershowitz & Rose Bruskin, futurs parents de George et Ira Gershwin, quittèrent la Russie en 1895 pour s’établir aux États-Unis, préférant comme de nombreux juifs s'exiler, plutôt que de courir le risque de devenir victimes des pogroms et des ghettos urbains mis en place par le régime du tsar Alexandre III. C'est ainsi à New York que naissent leurs 4 enfants : Israël dit Ira (1896-1983), Jacob dit George, Arthur (1900-1981) et Frances (1906-1999), leur seule fille. C'est George qui adopta le nom "Gershwin" une fois adulte, américanisation qui fut imitée par le reste de sa famille.
L'enfance de George Gershwin fut marquée par les nombreux déménagements de sa famille à l'intérieur de la ville de New York, ainsi que par des innombrables escapades avec ses amis du voisinage. Il débordait d'énergie, abhorrait l'école, et n'était pas du tout enclin à l'étude. Avant 1910, quand les Gershwin acquirent leur premier piano, son seul contact avec la musique classique lui venait de son ami Max Rosen, futur violoniste de renommée internationale. Dès qu'il s'assit devant l'instrument, George joua avec tant de facilité et de talent que ses parents lui payèrent des leçons. Il étudia avec différents professeurs de son quartier pendant 2 ans, avant de faire la connaissance de Charles Hambitzer en 1912, qui devint son mentor jusqu'à sa mort en 1918. Hambitzer enseigna à George les techniques du piano traditionnel, lui présentant les œuvres des grands compositeurs européens, et l'encourageait à assister aux plus nombreux concerts qu'il pouvait. George, en retour, fut un étudiant enthousiaste. En même temps, George suivit des cours de théorie et d'harmonie avec Edward Kilenyi, un professeur réputé et ancien élève du compositeur Pietro Mascagni.
C'est en 1914 que sa carrière future se dessina : il fut embauché par Jerome H. Remick and Co., une manufacture de partitions musicales, comme interprète et vendeur de chansons. Il avait à présent sa place dans un cubicule du Tin Pan Alley, pour un généreux salaire de quinze dollars par semaine. Cette décision impliquait qu'il quittât l'école de commerce (qu'il fréquentait sur l'insistance de sa mère). Malgré des conditions de travail désagréables, cet emploi lui accordait une certaine liberté d'interprétation, ainsi que la chance d'améliorer sa technique au piano. Entre temps, il produisait des rouleaux pour pianos mécaniques aux Perfection Studios ; c'est en 1916 que sa première chanson (When you want 'em, you can't get 'em, when you've got 'em, you don't want 'em) fut publiée par le Harry von Tilzer Company, et en 1917 qu'il publia sa première pièce pour piano, Rialto Ripples.
Mais, quand il tenta de soumettre une de ses propres chansons chez Remick's, on lui dit : "ici, tu es un pianiste, pas un compositeur. Nous avons assez de compositeurs à notre disposition". Après y avoir travaillé 3 ans, il quitta Remick's pour devenir un accompagnateur aux spectacles de vaudeville de Fox's City Theater. Lorsqu'une production nécessitait une chanson de plus, Gershwin avait l'occasion de proposer ses propres œuvres ; en demeurant anonyme, il ne risquait pas sa réputation. De plus, il put y rencontrer d'excellents compositeurs, tels que Jerome Kern et Victor Herbert. C'est grâce à ses nouvelles relations dans le monde musical qu'il obtint le poste de compositeur chez la maison de publication T. B. Harms Co. Son patron, Max Dreyfus, lui offrait une prime de 50$, ainsi que 3 sous par copie vendue, pour chacune de ses chansons. Après l'échec de quelques-unes de celles-ci, le musical Good Morning, Judge, qui incluait sa chanson I Was So Young, You Were So Beautiful eut un véritable succès en 1919. La, La, Lucille fut le premier musical dont il composa la partition entière, en 1919, mais ce fut la chanson Swanee, reprise plus tard dans la même année par Al Jolson, qui donna à sa carrière une envergure internationale.
Dès que son nom se fit connaître à New York, les demandes pour ses compositions se multiplièrent. George avait réalisé que c'était dans cette direction que se poursuivrait sa carrière, plutôt que vers celle de pianiste de concert. Il jouait cependant avec grand talent et charisme, car son emploi chez Remick's lui avait appris à improviser et à transposer instantanément. Après le décès de Hambitzer en 1918, il prit quelques leçons avec Rubin Goldmark, tout en poursuivant ses cours de théorie avec Kilenyi. Dans les soirées il s'asseyait inévitablement au piano, entouré de plusieurs jolies femmes. Aussi, son frère Ira se révéla particulièrement doué pour trouver des paroles s'alliant aux chansons de son frère ; ainsi débuta une solide collaboration entre les deux hommes qui dura jusqu'à la mort de George.
Entre-temps, la musique de Gershwin se répandait au-delà des frontières. En 1923, il fut invité à Londres pour y composer et présenter une revue, appelée The Rainbow. Lui ainsi que sa musique y furent accueillis chaleureusement, et, après une première visite de la ville de Paris, il retourna à New York. Là, il fut engagé par la mezzo-soprano canadienne Eva Gauthier pour l'accompagner dans la deuxième moitié de son concert au prestigieux Aeolian Hall, dans un répertoire de chansons populaires américaines, en automne 1923. Le programme, quoique très inhabituel, fut fort apprécié par la foule, qui le reçut avec tant d'enthousiasme que le concert fut réitéré l'année suivante. Enfin, Gershwin goûtait les joies d'un public connaisseur auquel il pouvait faire entendre sa musique.
Le tournant suivant de sa carrière arriva peu de temps après, en janvier 1924. Paul Whiteman, un directeur musical que George avait rencontré à l'occasion de la revue George White's Scandals 1922, annonça dans le journal un concert intitulé What is American Music ?, ainsi que la mise au point d'un concerto jazz par George pour l'occasion. Lui qui n'avait suggéré cette idée que brièvement à Whiteman, 2 ans auparavant, se trouva fort dépourvu : il n'avait pas encore entrepris la composition de cette œuvre, alors que le concert avait lieu 5 semaines plus tard. Après s'être excusé, Whiteman réussit à convaincre George qu'il pouvait la réaliser. C'est donc le 12 février 1924 que fut présenté sa Rhapsody in Blue, sur la scène du Aeolian Hall, avec George interprétant les solos du piano. L'œuvre connut un succès monstre, ébahissant le public, et recevant les louanges presque unanimes des critiques qui y assistèrent. Par la suite, Whiteman mena une tournée de ce concert à travers les États-Unis, mais George dut esquiver celle-ci après la prestation à Saint Louis. Il devait reprendre ses nombreux autres engagements, notamment la composition des chansons pour la revue anglaise Primrose. Le 8 juillet de la même année, il prenait le bateau pour Londres afin de préparer la première de cette revue pour le 11 septembre. Le réalisateur de Primrose, Alex Aarons, put en même temps accomplir son second objectif : convaincre Fred et Adele Astaire (eux aussi à Londres) de participer à la prochaine production de Gershwin. Celle-ci, intitulée Lady, Be Good !, fut présentée à New York le 1er décembre de la même année ; elle incluait la chanson classique Fascinating Rhythm, entre autres, et fut une réussite phénoménale, rendant célèbres à la fois les Astaire et les Gershwin.
Avec l'année 1925 arrivèrent plusieurs nouvelles œuvres mémorables : le musical Tell Me More se joua à Broadway et à Londres. George Gershwin présenta son Concerto en fa sur la scène de Carnegie Hall. Sa première opérette intitulée Song of the Flame, quoique, éloignée de son style musical habituel, réussit tout de même assez bien. Un autre évènement vint couronner son succès : au mois de juillet, son portrait apparut sur la page couverture du Time Magazine ; c'était le premier compositeur américain à recevoir cet honneur. Avec l'argent qu'il avait pu économiser, il avait pu acheter l'année précédente une maison de 5 étages sur la 110e rue, où il demeurait avec sa famille. Les soirées y étaient fréquentes, et un grand nombre de ceux qui s'y rencontraient leur étaient étrangers ; afin de retrouver un peu de tranquillité, il n'était pas inhabituel pour George de louer une chambre à l'hôtel. Il appréciait aussi la solitude que lui apportait la peinture à l'aquarelle, passe-temps pour lequel il avait un certain talent : il réalisa plusieurs portraits et autoportraits au cours des années, et amassa lui-même une collection de tableaux assez importante.
L'an 1928 apporta plusieurs expériences musicales très enrichissantes à la vie de Gershwin : il eut premièrement la chance de rencontrer Maurice Ravel au mois de mars, compositeur qu'il admirait ; lorsque George lui demanda s'il pourrait lui enseigner la composition, Ravel lui répondit : "Pourquoi seriez-vous un Ravel de seconde classe alors que vous pouvez devenir un Gershwin de première classe ?". 3 jours plus tard, Gershwin partait pour l'Europe avec sa sœur, Frankie, ainsi qu'Ira et sa femme. Il y fit la connaissance de Sergueï Prokofiev, Kurt Weill, Franz Lehár et Alban Berg, parmi d'autres ; c'est également à Paris qu'il compléta la composition de An American in Paris, une musique à programme incluant dans la partition quatre klaxons de taxis français. La première de cette œuvre eut lieu au Carnegie Hall à New York, le 13 décembre de la même année.
Puis, Gershwin se lança dans la production de plusieurs comédies musicales, ayant tous des succès de niveaux différents ; les plus mémorables furent Strike up the Band et Girl Crazy en 1930, avec respectivement 191 et 272 représentations. Puis, le 5 novembre, George partit tenter sa chance à Hollywood, emmenant avec lui son frère Ira et sa femme. Là, il eut la chance d'écrire la musique d'un des premiers films musicaux, Delicious, sorti en 1931 (à la fin de sa vie, il collaborera à deux autres films musicaux, sortis en 1937 et 1938). Son manque de succès fut compensé par celui de sa comédie musicale satirique Of Thee I Sing, qui avait débuté 4 jours plus tôt : celle-ci eut 441 représentations et fut largement acclamée, recevant l'année suivante le prix Pulitzer.
En janvier 1934, il lança une tournée nationale célébrant le 10e anniversaire de la Rhapsody in Blue, qui incluait la présentation de sa nouvelle œuvre, les Variations sur "I Got Rhythm". Le mois d'après, il était l'hôte de sa propre émission de radio, "Music by Gershwin", présentée deux fois par semaine jusqu'au mois de décembre. Il commença aussi à travailler un opéra folk pour personnages afro-américains ; c'était une idée avec laquelle il jonglait depuis longtemps. L'opéra Porgy and Bess débuta en 1935 à Boston et à New York : quoique très populaire, son authenticité culturelle fut cependant remise en question par des artistes tels que Duke Ellington, qui affirmait qu'"aucun Afro-Américain ne se ferait prendre par Porgy and Bess".
George passa les deux dernières années de sa vie à se présenter en concert et écrivit encore deux musiques de film, avant de mourir subitement d'une tumeur cérébrale le 11 juillet 1937 à Hollywood. Il est inhumé au cimetière de Westchester Hills, à Hastings-on-Hudson, dans l'État de New-York.
1945, USA, Biopic
Réalisé par Irving Rapper
Scénario de Howard Koch, Elliot Paul, Harry Chandlee, Clifford Odets & Robert Rossen d'après une histoire originale de Sonya Levien
Photographie de Merritt B. Gerstad, Ernest Haller & Sol Polito
Musique de Max Steiner Directeur musical : Leo F. Forbstein Décors de Fred M. MacLean
Direction artistique d'Anton Grot & John Hughes
Costumes de Milo Anderson Montage de Folmar Blangsted
Son de Charles David Forrest & Stanley Jones
Casting d'Henry Rackin
Durée 2 h 15
Avec Robert Alda, Joan Leslie, Alexis Smith, Charles Coburn, Julie Bishop, Albert Bassermann, Morris Carnovsky, Rosemary DeCamp, Oscar Levant, Al Jolson, Charles Halton, Ernie Adams, Ivan Lebedeff, Robert Shayne...
Résumé : A dix ans, George Gershwin, fils d'un simple employé new-yorkais, fait preuve d'un talent remarquable comme compositeur et pianiste. Très attiré par le rythme et le style africain primitif, il essaye après la Première Guerre mondiale de placer des chansons influencées par la technique du jazz noir. Au fil des ans, à travers de multiples rencontres, Gershwin est emporté par le génie créateur et entreprend une grande tournée dans les deux continents américains. Mais, surmené, il décède prématurément à l'âge de 40 ans, en 1938...
Gene Krupa
Le batteur et chef d'orchestre Gene Krupa naît à Chicago le 15 janvier 1909. C'est dans cette ville qu'il fait ses débuts professionnels et participe, en 1927, à ses premières séances d'enregistrement. Deux ans plus tard, il se fixe à New York, où il travaille essentiellement avec des jazzmen blancs qui, comme lui, se sont fait connaître à Chicago (Bix Beiderbecke, par exemple). En 1935, il est engagé par Benny Goodman, qui vient de fonder un grand orchestre.
Dès 1938, il pourra voler de ses propres ailes et constituera son propre big band, qu'il maintiendra en vie jusqu'en 1943, puis rassemblera de nouveau entre 1944 et 1951. Par la suite, il participe aux tournées du Jazz At The Philharmonic, forme un trio et dirige une école de batterie à New York, conjointement avec Cozy Cole. Après avoir été l'un des nombreux disciples de Baby Dodds, il édifia son propre style, puissant, baroque et, surtout, très soucieux de l'effet. Grâce à une technique qui resta longtemps inégalée, il se spécialisa dans les longs solos athlétiques et spectaculairesGene Krupa, déclenchant immanquablement dans son public des réactions d'enthousiasme proprement délirantes. À cause de cela, beaucoup d'amateurs ont dénié toute profondeur à son art. Krupa, décédé à New York le 16 octobre 1973, n'en est pas moins à l'origine de tout un courant de la percussion dans la musique de jazz.
1959, USA, Biopic
Réalisé par Don Weis Scénario d'Orin Jannings
Photographie de Charles Lawton Jr.
Musique de Leith Stevens
Direction artistique de Robert Peterson
Montage d'Edwin H. Bryant & Maurice Wright
Son de Jack Solomon
Durée 1 h 41
Avec Sal Mineo, Susan Kohner, James Darren, Susan Oliver, Yvonne Craig, Lawrence Dobkin, Celia Lovsky, Red Nichols, Gavin MacLeod...
Résumé : La vie du grand batteur de jazz Gene Krupa...
Liberace
Władziu Valentino Liberace est né le 16 mai 1919 à West Allis (Wisconsin, USA) et mort le 4 février 1987 à Palm Springs (Californie, USA). Mieux connu par son nom de famille, Liberace, est un pianiste américain de music-hall.
Il fut extrêmement médiatisé entre les années 1950 et 1970 en Amérique du Nord. Il était reconnu pour sa virtuosité démonstrative. À l'époque, il était l'un des artistes du show-business les mieux rémunérés du monde. Il cultivait une image très kitsch, autant sur scène que dans sa vie privée. Un de ses objets fétiches était le candélabre.
Il est né dans le Wisconsin, d'un père napolitain joueur de cor d'harmonie et d'une mère américaine d'ascendance polonaise, fervente catholique, passionnée de Rudolph Valentino qui considérait les leçons de piano de son fils comme un luxe inabordable, ce qui occasionna de fréquentes disputes familiales. Dans ses autobiographies, il révèle qu'on lui a fabriqué l'image d'un enfant prodige adoubé par le pianiste, compositeur et homme d'état polonais Ignace Paderewski. À l'âge de 4 ans, il apprend le piano et fait vivre sa famille en gagnant sa vie grâce à son talent. À l'âge de 7 ans, on dit qu'il avait déjà surpassé sa professeur de piano. Il se vantait d'avoir triomphé dans le concerto en la majeur de Franz Liszt avec le prestigieux Chicago Symphony Orchestra, mais avait oublié de signaler qu'il avait été recalé l'année précédente. C'est en s'exerçant dans les hôtels de luxe qu'il acquit sa vraie réputation.
Liberace a toujours réfuté les rumeurs concernant son homosexualité présumée, allant parfois jusqu'à attaquer et faire condamner en justice ceux qui le prétendaient. En 2011 dans une interview, une amie proche, actrice, Betty White, a déclaré que Liberace était homosexuel et qu'elle avait souvent servi de couverture à la demande de ses producteurs pour contrer les rumeurs concernant son homosexualité.
Le phénomène Liberace est essentiellement nord-américain ; sa bizarrerie tient peut-être plus à son public et à son entourage qu'à lui-même. Ses spectateurs sont des mères de famille, des homosexuels et plus tard des grand-mères à teinture bleue. Dans les années 1950, il emmène sa propre mère en tournée et la présente sur scène. Un chroniqueur du Time parle à son sujet de "musique mammiste" : "C'est un grand petit garçon, avec sa surexcitation, son gentil sourire, sa voix nasale et sa façon naïve de s'exprimer. Et aussi un bon garçon qui ne jure pas, ne boit pas et n'abandonnerait jamais sa mère."
En 1945, il se produit, tout comme Ella Fitzgerald, au Ruban Bleu, la boîte à la mode. Il affine son style, et Chicago l'adopte en 1947. Un compte rendu de journal nous apprend que les grandes lignes de son style sont fixées : il entrecoupe sa musique de blagues et virevolte "de Chopin à Chico Marx". La suite de sa carrière ne fera que développer cette trame : les partitions de Chopin, Liszt, Rachmaninov ou Schubert sont conjuguées à des musiques de films, à des ritournelles à la mode ou adaptées en boogie-woogie ou jazz sautillant. Il devient un "show man" très prisé. Égocentrique, il parle beaucoup de lui et de ses nombreuses admiratrices mais finira par ne se centrer que sur lui-même et multiplier les extravagances : manteaux clignotants de dix mètres de long ou entrées en limousine sur scène. Un de ses trucs préférés est de s'envoler au cours du spectacle. Dans son dernier show, il faisait voler ses costumes dans les airs.
On le voit à la télévision à partir de 1952 dans The Liberace Show. Les deux premières années lui auraient rapporté sept millions de dollars, une somme très importante à l'époque. Il apparaît sur le grand écran dans South Sea Sinner en 1950 et Sincerely Yours en 1955.
Il commence une carrière internationale à Cuba en 1956. La même année, il entreprend une tournée en Europe. En 1957, Liberace poursuit le Daily Mirror (Grande-Bretagne) et un magazine américain pour diffamation. Ces journaux avaient fait allusion à son homosexualité.
C'est un homme d'affaires redoutable. Il possède une boutique d'antiquités à Beverly Hills, un restaurant à Las Vegas, une chaîne de motels, un centre d'achats et quelques autres entreprises. Il publie aussi des livres de recettes. Dans les années 1970 et 1980, il se produit à Las Vegas, au Hilton Hôtel et au lac Tahoe, où il est la principale attraction.
Il meurt du sida. Il possédait 13 villas et une fortune estimée à 100 millions de dollars.
2013, USA, Biopic
Réalisé par Steven Soderbergh
Scénario de Richard LaGravenese d'après le livre de Scott Thorson & Alex Thorleifson
Photographie de Steven Soderbergh
Décors de Howard Cummings & Barbara Munch
Direction artistique de Patrick M. Sullivan Jr.
Costumes de Ellen Mirojnick
Montage de Steven Soderbergh
Casting de Carmen Cuba
Scripte de Annie Welles
Durée 1 h 58
Avec Matt Damon, Michael Douglas (Liberace), Scott Bakula, Eric Zuckerman, Eddie Jemison, Randy Lowell, Tom Roach, Shamus Cooley, John Smutny, Jane Morris, Pat Asanti, Debbie Reynolds, Dan Aykroyd, Rob Lowe, David Koechner...
Résumé : Avant Elvis, Elton John et Madonna, il y a eu Liberace : pianiste virtuose, artiste exubérant, bête de scène et des plateaux télévisés. Liberace affectionnait la démesure et cultivait l'excès, sur scène et hors scène. Un jour de l'été 1977, le bel et jeune Scott Thorson pénétra dans sa loge et, malgré la différence d'âge et de milieu social, les deux hommes entamèrent une liaison secrète qui allait durer cinq ans. 'Ma Vie avec Liberace' narre les coulisses de cette relation orageuse, de leur rencontre au Las Vegas Hilton à leur douloureuse rupture publique...
Prix & Récompenses : Festival de Cannes 2013 : Palme dog.
Gustav Mahler
Gustav Mahler est né le 7 juillet 1860 dans une famille juive du village de Kaliště en Bohême. Ses parents, Marie et Bernhard Mahler, de milieu modeste, sont aubergistes. À la fin de la même année, la famille s’établit dans la ville d'Iglau en Moravie, où Gustav passe son enfance. Ses dons musicaux sont découverts très tôt. En 1875, il est admis au conservatoire puis à l'université de Vienne, où il étudie le piano avec Julius Epstein et partage la chambre d’Hans Rott. Il suit parallèlement des conférences données par Anton Bruckner à l’université de Vienne.
Dès sa jeunesse, le mysticisme catholique attire beaucoup Mahler alors que les rituels juifs le laisseront toujours indifférent. Il se fait baptiser à Hambourg au début de 1897 mais la question juive le touche de près, notamment lorsque Cosima Wagner tente d'annuler son engagement à Vienne alors qu'elle révère et défend son mari. Selon le peintre et décorateur Alfred Roller, il ne cachera jamais son origine juive mais ne s'en vante pas particulièrement et, à la fin de son mandat à l'opéra de Vienne, il a certainement souffert de l'antisémitisme larvé ou déclaré d'une partie du public. Sa musique fut bannie sous le Troisième Reich. L'inspiration chrétienne se fait jour dans les Symphonies nº 2 et 8 alors que l'élément juif est plus difficile à cerner.
Dès 1886, sa vie sentimentale est orageuse. En novembre 1901, Gustav Mahler, alors directeur de l'opéra de Vienne et compositeur déjà célèbre, rencontre Alma Schindler (1879-1964), de 19 ans sa cadette. Alma est la fille du peintre paysagiste Emil Schindler mort en 1892 ; sa mère s'est remariée avec le peintre Carl Moll, élève de Schindler. Issue d'un milieu cultivé et excellente pianiste, la jeune fille s'intéresse à l'art et étudie la composition avec Alexander von Zemlinsky, beau-frère et ancien professeur d'Arnold Schönberg. Fasciné par sa beauté et son indépendance d'esprit, Mahler l'épouse en 1902. Elle métamorphose la vie du compositeur qui rencontre, grâce à elle, des artistes éminents comme le poète dramatique Gerhart Hauptmann, les peintres Gustav Klimt et Koloman Moser ou le chef de file de l'avant-garde musicale viennoise Arnold Schönberg, dont Mahler devient le défenseur et le protecteur. Souvent sacrifiée au travail d'un mari exigeant, Alma renonce à la composition pour partager la vie intellectuelle et sensible de cet époux qu'elle considère alors "comme l'homme le plus noble, le plus pur" qu'elle ait jamais connu. Deux filles naissent en 1902 et 1904, Maria et Anna. Le 5 juillet 1907, l'aînée, Maria, décède, emportée par la scarlatine. Une grave crise éclate dans le couple au cours de l'été 1910 lorsque Alma, lui reprochant de ne pas faire son devoir d'époux, succombe au charme du jeune architecte Walter Gropius. Le divorce étant exclu, Mahler consulte Sigmund Freud avec lequel il effectue une discussion-promenade de 4 heures. L'entretien semble avoir été bénéfique au compositeur qui écrit à sa femme : «...Suis joyeux. Conversation intéressante...» Alma accompagne Mahler dans sa quatrième saison aux États-Unis et reste à ses côtés jusqu'à la fin de sa vie.
C’est durant sa dernière visite aux États-Unis, où il dirige l'orchestre philharmonique de New York, qu’il contracte une infection généralisée le 20 février 1911. Le 21 février 1911, il donne son dernier concert. Gravement malade, il quitte New York pour être traité pendant une semaine à Paris par le professeur Chantemesse. Condamné, il demande à retourner à Vienne, où il décède d'une endocardite le 18 mai 1911, laissant inachevée sa Dixième symphonie (seul l’Adagio initial sera achevé). Le dernier mot qu’il prononce, un doigt levé dirigeant un orchestre invisible, est : "Mozart !" adressé à Alma. Il est enterré dans la capitale autrichienne, au cimetière de Grinzing.
Carrière : La première composition importante de Mahler, Das klagende Lied opus 1, qu’il présente au prix Beethoven en 1880 en tant qu’opéra, est un échec. Il la transforme ultérieurement en cantate. Ce revers l'incite à orienter sa carrière vers la direction orchestrale. Il débute à Bad Hall cette même année puis dirige à Ljubljana, Olomouc, Cassel et à l'opéra allemand de Prague où ses interprétations de Mozart, Beethoven et Wagner lui valent ses premiers triomphes.
En 1886, il est engagé à l'opéra de Leipzig comme assistant d'Arthur Nikisch. Après les Lieder eines fahrenden Gesellen, il compose sa Symphonie nº 1 et les Lieder aus « Des Knaben Wunderhorn » pendant ses vacances d’été à Steinbach-am-Attersee.
Nommé à l'Opéra royal de Budapest en 1888, il y crée sa Première Symphonie en 1889. L'exceptionnelle qualité de ses interprétations est à l'origine de l'enthousiasme de Johannes Brahms, pour qui "un tel niveau est inconcevable à Vienne".
Nommé premier chef à l’opéra de Hambourg en 1891, il y reste jusqu'en 1897. C'est son premier poste de longue durée. En 1897 Mahler, avec l'aide de Brahms et du critique Hanslick, devient directeur artistique du prestigieux opéra de Vienne. Il y débute avec Lohengrin le 11 mai 1897. Il passe les 10 années suivantes à Vienne et y acquiert une réputation de perfectionniste. Une analyse de ses relations avec les membres de l'orchestre confirme chez Gustav Mahler une tendance à obtenir d'eux le meilleur, jusque dans les plus petits détails. On dit par ailleurs qu'il imposa au public l'obligation d'assister à la représentation des opéras en leur entier sans quitter sa place, ce qui laisse supposer que l'on pouvait ne pas suivre cette règle jusque-là. À la Wiener Hofoper, il s'impose dans les opéras de Mozart, Beethoven et Wagner, entre autres, mais ne dédaigne pas non plus les répertoires italien, français et russe et veille aussi à présenter des œuvres contemporaines. Pendant cette période, il alterne la direction pour 9 mois de l’année et la composition le reste du temps — principalement à Maiernigg, où il possède une petite maison sur le Wörthersee — il y compose ses symphonies de la deuxième à la huitième.
La même année (1907), il se découvre une maladie de cœur et perd son emploi à Vienne, après avoir défendu ses propres œuvres. Ce triple coup du sort, Mahler l’a involontairement anticipé quelques mois auparavant quand il compose le finale de sa sixième symphonie, ce finale comporte en effet, 3 puissants et terribles coups de marteau censés symboliser 3 coups du destin frappant fatalement un héros et le précipitant dans un gouffre de désespoir sans fond comme l’exprime la poignante fin de l’œuvre. Alors que sa quatrième symphonie a reçu un accueil assez favorable, il lui faut attendre 1910 pour rencontrer un vrai succès public avec la huitième symphonie à la création de laquelle assistent, le 12 septembre à Munich, les plus grands artistes et écrivains de l'époque, dont Thomas Mann.
Mahler, en butte à quelques attaques antisémites, reçoit une offre pour diriger le Metropolitan Opera à New York. Il y dirige la saison de 1908 mais est ensuite écarté au profit d’Arturo Toscanini. Il revient à New York l’année suivante pour y diriger l’orchestre philharmonique de New York. De cette période date l’achèvement de Das Lied von der Erde (Le Chant de la Terre) et de sa dernière symphonie achevée, la neuvième.
1974, Grande-Bretagne, Biopic
Réalisé par Ken Russell
Scénario de Ken Russell
Photographie de Dick Bush
Direction artistique de Ian Whittaker
Costumes de Shirley Russell
Montage de Michael Bradsell
Scripte de Kay Mander
Durée 1 h 55
Avec Robert Powell, Georgina Hale, Lee Montague, Miriam Karlin, Rosalie Crutchley, Gary Rich, Richard Morant, Angela Down, Ronald Pickup, Peter Eyre, George Coulouris, Oliver Reed...
Résumé : En 1911, alors qu'il ne sait pas qu'il ne lui reste que quelques jours à vivre, le compositeur autrichien Gustav Mahler, très malade, se remémore les grandes étapes de sa vie...
Prix & Récompenses : Bafta 1975 : Meilleure révélation dans un premier rôle.
André Mathieu
André Mathieu est né le 18 février 1929 à Montréal (Québec) et est décédé le 2 juin 1968. C'est un pianiste et compositeur québécois. Enfant prodige, il fut surnommé le "Mozart québécois".
André Mathieu était le fils du pianiste et compositeur Rodolphe Mathieu et de la violoncelliste Wilhelmine "Mimi" Gagnon. Il composa ses premières pièces pour piano à l'âge de 4 ans (Les Gros chars? Trois études). À 5 ans, il donna son premier concert en public à Montréal en interprétant son Concertino no 1 avec orchestre.
Il obtint en septembre 1936 une bourse du Québec pour aller étudier le piano à Paris avec sa famille. Il le fit avec Yves Nat et Madame Giraud-Latarse, première assistante d'Alfred Cortot. Il étudia aussi l'harmonie et la composition avec Jacques de la Presle puis donna un récital, toujours à Paris, en décembre de la même année à la salle Chopin-Pleyel. Il étudia le piano en France pendant les années 1930 et composa ses plus grandes œuvres au cours des années 1940. Le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale en 1939 empêcha le retour de la famille Mathieu à Paris.
De 1940 à 1943, il vécut à New York avec sa famille, pour poursuivre ses études musicales. Il remporta à 12 ans le premier prix du Concours de composition du 100e anniversaire de l’Orchestre philharmonique de New York en 1942, et joua son Concertino no 2 pour piano et orchestre au Carnegie Hall.
Mathieu retourna seul à Paris en 1946 pour étudier la composition avec Arthur Honegger et Jules Gentil. Il revint au Québec en 1947 et composa son 3e concerto pour piano et orchestre, le Concerto de Québec. Il composa également un quatrième concerto durant la même période, qui fut pendant longtemps oublié après quelques représentations partielles (sa redécouverte fut faite lors d'un concert à Shanghai en 2010, suivi d'un enregistrement cd intégral). Par la suite, sa carrière déclina, il sombra dans l'alcool, et tomba peu à peu dans l'oubli. Il décéda d'une cirrhose du foie à trente-neuf ans.
2010, Canada, Drame
Réalisé par Luc Dionne
Scénario de Luc Dionne
Photographie de Bruce Chun & Daniel Jobin
Décors de Michel Proulx, Francine Danis & Claude Leclair
Direction artistique de Marc Ricard
Costumes de Francesca Chamberland
Montage de Jean-François Bergeron
Montage son de Marie-Claude Gagné & François B. Senneville
Casting de Lucie Robitaille
Scripte de Joelle Lambert
Durée 1 h 41
Avec Macha Grenon, Zaccari-Charles Jobin, Marc Labrèche, Guillaume Lebon, Lothaire Bluteau, Benoît Brière, Marc Béland, Patrice Coquereau, Patrick Drolet, Françoise Faucher, Sophie Faucher, Itzhak Finzi...
Résumé : Le jeune André Mathieu, fils du compositeur Rodolphe Mathieu, développe dès son jeune âge un talent exceptionnel pour le piano. Reconnu par les plus grands chefs du monde, il s'installe à Paris avec sa famille où il suit des cours de composition et d'interprétation. Mais la guerre le force à rentrer au Québec et à New York, où il poursuit son apprentissage. À l'âge adulte, il n'est plus le phénomène qu'il était étant enfant. Pianiste émérite, il souhaite pourtant être reconnu comme compositeur. Mais sa musique moderne ne plaît pas à tous, et sa dépendance à l'alcool et sa mère possessive lui rendent la vie difficile...
Glenn Miller
Glenn Miller (Alton Glenn Miller) est né le 1er mars 1904 à Clarinda (Iowa) et disparu, probablement au-dessus de la Manche, le 15 décembre 1944.
Glenn Miller découvre le trombone à l’âge de 11 ans. Vers 1921, encore au High School, il a ses premiers contrats professionnels dans un orchestre de dixieland, les "Senter’s Sentapeeds". Il se produit dans plusieurs orchestres locaux. Il abandonne ses études en 1924, pour rejoindre la formation de Ben Pollack. À l’époque, on trouve aussi dans cet orchestre un certain Benny Goodman. En 1928, Glenn Miller s’installe à New York où il joue pour Pollack, mais aussi pour Loring "Red" Nichols et Paul Ash. Il commence aussi à écrire des arrangements pour ces différents orchestres. De 1932 à 1933, il dirige le "Smith Ballew Band". En 1934, il aide Tommy et Jimmy Dorsey à monter leur premier big band, et compose pour eux Annie's Cousin Fanny et Dese Dem Dose en 1935. La même année, il participe au "Ray Noble's American Band", et il monte deux ans plus tard son propre big band.
Malheureusement, le succès n’est pas au rendez-vous et il doit dissoudre l'orchestre. En 1938, il fait une seconde tentative. Cette fois, c’est une réussite. À partir de mars 1939, l’orchestre anime des établissements de la région de New York et du New Jersey. Il participe à de nombreuses émissions radiophoniques. L'orchestre enregistre des disques et enchaîne les tubes. L'orchestre apparaît même dans des films comme "Sun Valley Serenade" (1941) et "Orchestra Wives" (1942).
Le "son Glenn Miller" est immédiatement reconnaissable : la ligne mélodique principale est, la plupart du temps, jouée par la section de saxophones, avec un vibrato prononcé, dans laquelle la clarinette joue la première voix ; cette configuration aurait été utilisée accidentellement à la suite d'une blessure à la lèvre du trompettiste qui devait jouer la première voix de Moonlight Serenade, cette partition de trompette fut jouée à la clarinette par le saxophoniste baryton. Promu au grade de capitaine, il dirige alors le "Glenn Miller Army Air Force Band", un orchestre militaire de jazz et de danse qui donne des concerts (plus de 800) "pour le moral des troupes", participe à des centaines d'émissions radiophoniques et enregistre de nombreux disques.
En 1944, l'orchestre est basé à Londres. Le 15 décembre de cette année-là, Glenn Miller embarque dans un petit avion pour la France pour y préparer l'arrivée de son orchestre. Il y a ce jour-là un épais brouillard et l'avion n’arrivera jamais à destination. Selon certains historiens, l'appareil aurait traversé au-dessus de la Manche, par mégarde, une zone réservée au délestage des bombardiers alliés qui, de retour d'Allemagne, se débarrassaient, avant l'atterrissage, des bombes qu'ils n'avaient pu larguer sur l'ennemi. Le petit avion qui transportait le musicien aurait été touché par un des projectiles, ou déséquilibré par le souffle des explosions.
1954, USA, Biopic
Réalisé par Anthony Mann
Scénario de Valentine Davies & Oscar Brodney
Photographie de William H. Daniels
Adaptation musicale : Henry Mancini Décors de Russell A. Gausman & Julia Heron
Direction artistique d'Alexander Golitzen & Bernard Herzbrun Costumes de Jay A. Morley Jr.
Montage de Russell F. Schoengarth Son de Leslie I. Carey & Joe Lapis Mixage de Richard DeWeese
Montage son de William Anderson & Robert L. Bratton
Durée 1 h 55
Avec James Stewart, June Allyson, Harry Morgan, Charles Drake, George Tobias, Barton MacLane, Sig Ruman, Irving Bacon, Louis Armstrong, Gene Krupa, Marion Ross, Carleton Young...
Résumé : Joueur de trombone, Glenn Miller rêve de diriger son orchestre qui jouerait ses propres arrangements. Pour gagner sa vie et celle de sa jeune épouse, il joue dans les fosses d'orchestre de divers théâtres. Helen le pousse à travailler pour lui. Après des années de malchance, ils réussissent à monter un orchestre: c'est le triomphe. Pendant la guerre, Miller joue pour les troupes en Europe. Mais Il disparait en avion au-dessus de la Manche en 1944...
Wolfgang Amadeus Mozart
Wolfgang Amadeus Mozart est né le 27 janvier 1756 à Salzbourg (Autriche) sous le nom de Joannes Chrysostomus Wolfgangus. Ce n’est qu’en 1770 qu’il se fera appeler Amadeus.
La musique est une histoire de famille chez les Mozart. Son père Léopold était un excellent violoniste et occupait le poste de second violon dans l'orchestre de la cour du prince-archevêque de Salzbourg. Dès 3 ans, Mozart pianote sur le clavecin de sa sœur, Marie-Anna, et montre très rapidement d’excellentes dispositions pour la musique. Il possède une mémoire et une capacité de concentration remarquables, ainsi qu’une oreille absolue. Son père prend en charge son éducation musicale. Mozart commence à jouer des menuets vers 5 ans. Conscient de la précocité et du talent de son fils, Léopold Mozart le présente à la cour de Vienne en 1762, qui s’émerveille devant le tout jeune musicien. Il décide alors de l’emmener avec sa sœur faire le tour des capitales européennes.
Entre 1763 et 1771, Léopold et ses 2 enfants prodiges passeront par de nombreux pays : l’Allemagne, la Belgique, la France, les Pays-bas, l’Angleterre et l’Italie. Ces voyages et les rencontres avec d’autres musiciens influenceront fortement le jeune Mozart. Il fait la connaissance notamment de Johann Schobert et Jean-Chrétien Bach, le fils de Jean-Sébastien Bach et parfait à leurs côtés ses connaissances musicales. Mozart compose ses premiers opéras alors qu’il vient d’avoir 11 ans. Les Mozart regagnent Salzbourg le 15 décembre 1771. Leur employeur, le prince-archevêque Schrattenbach, décède peu de temps après leur retour. Son successeur, le comte Colloredo, fera preuve de beaucoup moins d’indulgence à l’égard du jeune virtuose.
Mozart supporte mal les contraintes que lui impose son nouvel employeur, le prince-archevêque Colloredo. A Vienne, il fait la connaissance de Joseph Haydn qui deviendra son ami. Il compose plusieurs opéras et se rend de nouveau en Italie de 1769 à 1773. Il se penche sur le style chantant et léger de l’opéra italien, un art qu’il sublimera. Le prince-archevêque Colloredo oblige Mozart à rester à Salzbourg à partir de 1773. Il le traite avec mépris et le fait jouer comme violoniste. Exaspéré par ce traitement et ces humiliations, Wolfgang démissionne le 1er août 1777. Son père est forcé de rester au service du prince-archevêque. Mozart part donc avec sa mère à la recherche d’un nouvel employeur. Ils vont tout d’abord à Munich, à Augsbourg et à Mannheim. Le jeune homme s’éprend de la cantatrice Aloysia Weber mais son père le rappelle à l’ordre et lui ordonne de se concentrer sur sa carrière. Avec beaucoup de déception, il se rendra compte qu’elle l’aura complètement oublié un an plus tard.
Mozart, couvert de dettes, doit trouver du travail et se rend à Paris. Sa mère tombe malade et décède. Mozart, fortement attristé, revient dans sa ville natale en juin 1779. Il reprend à contrecœur son ancien poste, sur l’intervention de son père auprès du prince-archevêque.
En 1780-1781, Wolfgang Amadeus Mozart compose l’opéra Idoménée qui est joué à Munich et remporte un large succès. Colloredo ordonne à Mozart de le rejoindre à Vienne. Il continue de le traiter comme un domestique et à l’humilier. C’en est trop, Mozart démissionne et s'installe dans la capitale autrichienne comme compositeur indépendant. Il reçoit une commande de l’empereur Joseph II et compose en réponse l’opérette en allemand L’Enlèvement au sérail. Mozart jouit de nouveau de toute liberté pour ses créations qui connaissent un grand succès. Il est à Vienne, le plus important foyer de la musique à l’époque. Du côté de sa vie privée, le compositeur a la santé fragile et est victime de violentes crises. Il épouse en 1782 Constance Weber, malgré la désapprobation de son père.
En 1783, il compose la Grande Messe en ut mineur et une série de quatuors. Lors de ses concerts, il est acclamé par le public. L’année suivante, il entre dans la franc-maçonnerie, ce qui lui inspira la dramatique Ode funèbre K. 477. En 1786, Mozart compose les Noces de Figaro et, avec à l’aide de Lorenzo da Ponte, il parvient à la faire jouer. C’est un grand succès mais cette pièce subversive est rapidement retirée. Mozart commence à composer l’opéra Don Giovanni. Le 28 mai 1787, son père meurt. Bouleversé par sa disparition, son opéra prend un ton plus grave. Le compositeur réfléchit beaucoup à l’idée de la mort. Si les Praguois acclament Don Giovanni, les Viennois y restent insensibles.
Mozart souffre toujours de crises mais cela n’affecte pas ses capacités de création. Il compose de nombreux concertos, symphonies, opéras, dont Così fan tutte, pour lequel Lorenzo da Ponte fait le livret. Avec la mort de l’empereur Joseph II, Mozart perd un précieux soutien et voit sa popularité fortement chuter. Les commandes se raréfient et Mozart est en proie à d’importantes difficultés financières. De plus, son ami Joseph Haydn part pour Londres.
En 1791, il reçoit la commande d’un opéra. Il compose La flûte enchantée qui sera acclamée par le public. Les problèmes de santé du compositeur s’aggravent. C’est alité qu’il commence à composer son Requiem. Il est conscient qu'il arrive au soir de sa vie et qu'il ne pourra malheureusement l'achever. Mozart s’éteint le 5 décembre 1791 à l’âge de 35 ans, dans l’indifférence générale. Le compositeur de génie sera enterré à Vienne dans une fosse commune. C’est son élève Süssmayer qui achèvera son Requiem.
1984, USA, Biographie
Réalisé par Milos Forman
Scénario de Peter Shaffer d'après sa pièce de théâtre
Photographie de Miroslav Ondrícek
Décors de Patrizia von Brandenstein
Direction artistique de Karel Cerný
Costumes de Theodor Pistek & Christian Thuri
Montage de Michael Chandler & Nena Danevic
Son de John Nutt, Christopher Newman & Mark Berger
Scripte de Anne Gyory
Durée 2 h 50
Avec F. Murray Abraham, Tom Hulce, Elizabeth Berridge, Simon Callow, Roy Dotrice, Christine Ebersole, Jeffrey Jones, Charles Kay, Cynthia Nixon...
Résumé : En 1781, arrive à Vienne un jeune artiste prodige précédé d'une enviable réputation : Wolfgang Amadeus Mozart. Accueilli avec scepticisme ou enthousiasme à la cour de l'Empereur Joseph, il se fait l'ennemi acharné d'Antonio Salieri, musicien réputé et compositeur officiel de sa majesté. Ce dernier se sentant trahi par Dieu décide de faire obstacle à Mozart par tous les moyens...
Prix & Récompenses :
César 1985 : Meilleur film étranger.
Golden Globes 1985 : Meilleur film dramatique, meilleur acteur dans un drame, meilleur réalisateur & meilleur scénario.
Oscar 1985 : Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure adaptation, meilleure direction artistique, meilleur son, meilleurs costumes & meilleur maquillage.
David Di Donatello 1985 : Meilleur film étranger, meilleur réalisateur étranger & meilleur acteur étranger.
Bafta 1986 : Meilleure photographie, meilleurs maquillages, meilleur montage & meilleur son.
Red Nichols
Ernest Loring "Red" Nichols est né le 8 mai 1905 à Ogden (Utah, USA) et est décédé le 28 juin 1965 à Las Vegas (Nevada, USA).
C'est un trompettiste et cornettiste de jazz américain.
Red Nichols est connu pour être un cornettiste arrivé à New York avec son talent (prodige de la musique dès ses 12 ans), et parti de rien de sa petite ville natale de Ogden, avant de fonder le groupe Red Nichols and His Five Pennies, qui allait faire son succès.
Red Nichols est décrit par le critique Steve Leggett comme "un joueur expert en cornette, un improvisateur solide, et un bourreau de travail, car il a participé à 4000 enregistrements, pendant les seules années 1920".
1959, USA, Biographie
Réalisé par Melville Shavelson
Scénario de Jack Rose & Melville Shavelson d'après une histoire de Robert Smith et basé sur la vie de Red Nichols
Photographie de Daniel L. Fapp
Musique de Leith Stevens
Décors de Sam Comer & Grace Gregory
Direction artistique de Tambi Larsen & Hal Pereira
Costumes d'Edith Head
Montage de Frank P. Keller
Montage son d'Howard Beals
Casting de Bert McKay
Scripte de Dorothy Yutzi
Durée 1 h 57
Avec Danny Kaye, Barbara Bel Geddes, Louis Armstrong, Harry Guardino, Bob Crosby, Bobby Troup, Susan Gordon, Tuesday Weld, Bob Hope, Red Nichols...
Résumé : Après la Première Guerre mondiale. Venu de sa province natale, le cornettiste "Red" Nichols est engagé à New York dans l'orchestre de Will Paradise. Un soir, Red et ses amis vont écouter Louis Armstrong. Red improvise un accompagnement qui lui vaut de se faire remarquer par le célèbre trompettiste...
Jacques Offenbach
Jacques Offenbach, de son vrai nom Jakob Eberst est un compositeur et violoncelliste français d'origine allemande, né le 20 juin 1819 à Cologne (Allemagne) et mort le 5 octobre 1880 à Paris (France).
La production du grand maître de la caricature musicale dénote d'une grande maîtrise des effets dramatiques autant que musicaux. Sa musique, contrairement à ce que l'on pourrait penser, est tous sauf simpliste et demande de bons interprètes capables de la restituer dans son authenticité. Bien qu'il soit connu pour être le créateur de l'opérette française, ses œuvres majeures après Orphée aux enfers sont dans les genres de l'opéra-bouffe et de l'opéra féerique.
Dès son plus jeune âge, son père, cantor de la synagogue de Cologne, lui enseigne les rudiments du violon. Mais très vite, le compositeur lui préfère l'apprentissage du violoncelle. Devant les aptitudes musicales de deux de ses fils, le père décide d'envoyer Offenbach et son frère aîné Jules à Paris pour parfaire leur formation et en 1833, ils sont admis au conservatoire de Paris. Mais le compositeur quitte l'institution dès l'année suivante et devient violoncelliste à L'Ambigu-Théâtre, puis à l'Opéra-Comique de Paris. C'est à cette époque qu'il découvre le répertoire lyrique et nourrit l'ambition de devenir un jour lui-même un compositeur d'opéra.
Dans les années 1840 parallèlement à sa carrière de violoncelliste virtuose dans les orchestres, il commence à composer des valses et s'essaye à la composition d’œuvres plus ambitieuses pour le théâtre. Mais il se heurte à un mur : aucune institution ne souhaite monter ses opéras. Entre 1850 et 1855, il est engagé comme chef d’orchestre de la Comédie française par Arsène Houssaye. Voyant la liberté artistique dont il jouit dans cette fonction, il formule l'idée de monter son propre théâtre pour pouvoir y jouer ses propres œuvres.
En 1855, il obtient la concession d'un petit théâtre sur les Champs-Élysées : les Bouffes-Parisiens. Dès son ouverture le 5 juillet 1855, le public bourgeois s'enivre de ses farces et rapidement, le besoin d'une plus grande salle se fait sentir. Seulement six mois après son ouverture, le 29 décembre 1855, les Bouffes-Parisiens déménagent pour le passage Choiseul. Par décision ministérielle, Offenbach obtient l'autorisation de diriger ce théâtre pendant 5 ans à condition que les œuvres qui y seront jouées suivent des critères très précis. Elles ne devront avoir qu'un seul acte et le nombre de personnages ne devra pas dépasser quatre. Ces restrictions, qui sont sans nul doute à attribuer au lobbying des "raies" maisons d'opéra (comme l'Opéra de Paris ou l'Opéra-Comique), orientent Offenbach dans son travail de compositeur.
Son autorité assurée, il monte Der Schauspieldirektor de Mozart et organise un concours d'opérette remporté ex aequo par les jeunes compositeurs Georges Bizet et Charles Lecocq chacun avec sa version du Docteur Miracle (1856). À chacune de ses nouvelles œuvres, Offenbach dessine un peu plus les frontières d'un genre nouveau : celui de l'opérette, une sorte de farce à la française, mais dont la musique est plus ambitieuse que de son équivalent italien (l'opera buffa). Offenbach compose à une vitesse phénoménale (onze œuvres entre 1855 et 1856), mais rapidement, la censure étouffe sa créativité. En 1857, dans Croquefer ou le Dernier des paladins, il imagine l'intervention d'un cinquième personnage muet qui brandit des pancartes. Par ce choix scénique, le compositeur révèle au public les règles absurdes auxquelles ses œuvres doivent se plier. Soutenu par l'engouement d'une audience qui lui est désormais fidèle, Offenbach obtient un assouplissement des réglementations. Tout est fin prêt pour qu'il puisse écrire ses œuvres majeures.
La carrière d'Offenbach prend son envol en 1858 avec Orphée aux enfers, son opérette la plus aboutie et dont la création triomphale sauve son théâtre des créanciers. Lassé des tâches administratives, il quitte la direction des Bouffes-Parisiens en janvier 1862, mais continue à écrire essentiellement pour ce théâtre, même si, dès lors, certaines de ses œuvres sont reprises, et voire même montées, par les grands théâtres parisiens. En effet, durant l'année 1860, l'Opéra de Paris monte son ballet-pantomime Le Papillon et l'Opéra-Comique présente son opéra-bouffe Barkouf. Mais ces créations sont des échecs. Le public ne semble vouloir de lui que des opérettes et chacune de ses tentatives hors de ses frontières se solde par un fiasco artistique.
Cette triste réalité se perpétue en 1864 avec son opéra romantique en trois actes intitulé Les fées du Rhin (Die Rheinnixen) dont la création au Hofoperntheater de Vienne le 4 février 1864 constitue un nouvel échec cuisant. Cette même année, il semble revenir à la réalité et compose un de ses chefs-d’œuvre : La Belle Hélène. Cet opéra-bouffe, qui réutilise la veine antique comme Orphée aux enfers, marque le début de la collaboration fructueuse du compositeur avec les librettistes Henri Meilhac et Ludovic Halévy. Les trois comparses écriront ensemble les plus grands succès du compositeur dans le registre comique : Barbe-Bleue (1866), La vie parisienne (1866), La Grande-duchesse de Gérolstein (1867), La Périchole (1868) et Les brigands (1869).
Puis vient la guerre avec la Prusse et la chute du Second Empire qui entraîne la fin de la carrière somptueuse d'Offenbach. Sous la troisième République, la musique tant adorée des élites de l'empire est vue comme décadente et Offenbach incarne pour les nouvelles autorités la figure du corrupteur. Qui plus est, il est d'origine allemande, ce qui à l'époque revenait à dire qu'il était un ennemi de la France. Le compositeur va d'échec en échec. Le 1er juin 1873, il reprend la direction du Théâtre de la Gaîté à Paris et remanie avec succès ses opéras d'antan comme Orphée aux enfers. Mais sa gestion désastreuse entraîne la banqueroute du théâtre. Sa mort le 5 octobre 1880 l'empêche d'assister à ce qu'il a attendu toute sa vie : la création triomphale de son premier ouvrage sérieux (et qui deviendra un ouvrage majeur du répertoire) Les Contes d'Hoffmann, monté de manière posthume par Carvalho, le directeur musical de l'Opéra-Comique.
1950, France/Italie, Comédie Musicale
Réalisé par Marcel Achard Scénario de Marcel Achard Photographie de Christian Matras Musique de Louis Beydts
Décors de Robert Clavel
Montage d'Yvonne Martin
Son de Joseph de Bretagne
Scripte de Suzanne Bon
Durée 1 h 32
Résumé : Le vie scintillante d'Offenbach et ses amours avec son interprète favorite : Hortense Schneider. Evocation romancée qui vise plus à ressusciter les flonflons de la tête impériale qu'à fournir des repères exacts sur l'existence du compositeur...
Niccolo Paganini
Niccolo Paganini est un violoniste, altiste, guitariste et compositeur italien, né à Gênes le 27 octobre 1782, et mort à Nice le 27 mai 1840. Il est souvent évoqué comme étant le plus grand violoniste jamais connu. Il fut aussi un compositeur réputé, ayant inventé de nouvelles façons de jouer du violon. L'ensemble ou presque des techniques modernes du violon est de son fait (sauts, bariolages, trémolo, pizzicato de la main gauche, glissando, alternances rapides pizz et saltato, entre autres), même si parfois il a seulement actualisé ou magnifié des effets déjà existants (trilles, double-cordes, démanché).
Après avoir appris le violon avec son père, il étudia à Parme avec Alessandro Rolla et commença à effectuer des tournées de concerts dès l'âge de 15 ans. Pour montrer l'étendue de son talent, il jouait des compositions écrites. Il s'attachait à conserver un certain mystère sur ses techniques de jeu, et fut un des premiers musiciens à gérer sa carrière avec un sens certain de la publicité.
Beaucoup de professeurs se succédèrent au cours de la scolarité de Paganini. Le jeune élève étant trop doué, beaucoup ne furent pas à la hauteur d'autres estimaient n'avoir rien à lui apprendre dans la technique du violon, comme Alessandro Rolla de Parme, qui avait été recommandé à la famille du virtuose par le marquis di Negro, ébahi par les prestations musicales de Niccolò. Cependant, en dehors du violon, Paganini reçut, de la part notamment de Gasparo Ghiretti et son élève Ferdinando Paër, des leçons de composition : harmonie, contrepoint et instrumentation lui furent enseignés 3 fois par semaine par Paër durant 6 mois environ.
Ses compositions, dont les Vingt-quatre Caprices pour violon solo, contribuèrent à développer le jeu de l'instrument par l'emploi du mélange des techniques pizzicato et arco, avec la particularité de faire son pizzicato de la main gauche, les doubles harmoniques, ou le jeu sur une corde lui permettant d'effectuer toute la Mose-Fantasia sur la seule corde de sol, corde la plus grave du violon. Outre ses talents de violoniste, il fut un guitariste de qualité, et écrivit de nombreuses pièces pour violon et guitare ainsi que pour guitare seule ; il était même capable de présenter des concerts dans lesquels il jouait alternativement de ces deux instruments.
Paganini benéficia, en plus d'une technique développée, d'une morphologie particulière : ses mains, sans être plus grandes que la normale, étaient dotées d'une extensibilité hors normes. "Ainsi, par exemple, il imprimait aux dernières phalanges de la main gauche qui touchait les cordes, un mouvement de flexion extraordinaire, qui les portait, sans que sa main ne se dérange, dans le sens latéral à leur flexion naturelle, et cela avec facilité, précision et vitesse." Une théorie prétend que N.Paganini aurait souffert du syndrome de Marfan mais une hyper laxité ligamentaire telle que la sienne n'est pas exclusive à ce syndrome particulier et peut avoir diverses explications médicales. Sa technique fit sensation dès son plus jeune âge.
On rapporte que son ouïe était remarquablement développée : "La délicatesse de l'ouïe de Paganini surpasse tout ce qu’on pourrait imaginer […] Au milieu de l'activité la plus bruyante des instruments de percussion de l'orchestre, il lui suffisait d'un léger toucher du doigt pour accorder son violon ; il jugeait également, dans les mêmes circonstances, de la discordance d'un instrument des moins bruyants et cela, à une distance incroyable."
1946, USA, Biopic
Réalisé par Bernard Knowles
Scénario de Norman Ginsbury & Roland Pertwee d'après le roman de Manuel Komroff "The magic bow"
Photographie de Jack Asher & Jack E. Cox
Musique d'Henry Geehl
Direction artistique d'Andrew Mazzei
Costumes d'Elizabeth Haffenden Montage d'Alfred Roome
Durée 1 h 46
Avec Stewart Granger, Phyllis Calvert, Jean Kent, Dennis Price, Cecil Parker, Felix Aylmer, Frank Cellier, Marie Lohr...
Résumé : Jeanne de Vermont, a fait la connaissance d'une façon imprévue de Niccolo Paganini ; ce dernier, modeste musicien, ne pense plus qu'à elle. Il la retrouve à Parme, lui donne rendez-vous en cachette et voudrait fuir avec elle, malgré la différence de situation qui les sépare...
Charlie Parker Jr
Charlie Parker Jr, est né le 29 août 1920 à Kansas City (USA) sous le nom de Charles Christopher Parker et est décédé le 12 mars 1955 à New York (USA). Charlie Parker est un saxophoniste alto américain. Parker, aussi surnommé Bird, est considéré comme l'un des créateurs et interprètes exceptionnels du style be-bop. Avec Louis Armstrong et Duke Ellington il est l'un des musiciens les plus importants et influents de l'histoire du jazz.
Dans les années 1940, Charlie Parker avec Dizzy Gillespie et Thelonious Monk ont assis les premiers éléments du jazz moderne en participant activement à l'émergence du be-bop, une forme de jazz caractérisée par des tempos rapides, une grande technicité et une improvisation basée sur la structure harmonique. Les nouvelles approches proposées par Parker sur la mélodie, le rythme et l'harmonie ont considérablement influencé les musiciens contemporains. De nombreux morceaux de Parker sont devenus des standards de jazz comme Ornithology ou Confirmation. À partir du début des années 1950 la santé du saxophoniste décline fortement, principalement en raison de sa dépendance aux drogues et à l'alcool initiée dans sa jeunesse.
1988, USA, Biographie
Réalisé par Clint Eastwood Scénario de Joel Oliansky
Photographie de Jack N. Green
Musique de Lennie Niehaus
Décors d'Edward C. Carfagno, John Sweeney & Thomas L. Roysden
Costumes de Glenn Wright
Montage de Joel Cox
Mixage de Willie D. Burton
Montage son de Virginia Cook-McGowan, Teri E. Dorman, David M. Horton, Joseph A. Ippolito, Walter Newman & Marshall Winn
Casting de Phyllis Huffman
Scripte de Lloyd Nelson
Durée 2 h 51
Avec Forest Whitaker, Diane Venora, Michael Zelniker, Samuel E. Wright, Keith David, Michael McGuire, James Handy, Damon Whitaker, Arlen Dean Snyder, Penelope Windust, Bill Cobbs, Diane Salinger, Tony Cox...
Résumé : Bird est une interprétation cinématographique de la vie de Charlie "Yardbird" Parker, jazzman visionnaire et musicien accompli qui éleva le saxophone à un niveau d'expression inédit. Le film dépeint alternativement la jeunesse et la maturité de cet homme et de ce créateur de génie, sa carrière et ses drames personnels. Charlie Parker fut une énigme. La puissance et la beauté de son style firent de lui un précurseur, mais sa vie privée fut un enfer. Ce film tente d'éclairer le penchant de Parker pour la drogue, l'alcool et les femmes, de comprendre la nature de sa passion pour Chan Richardson, la complexité de sa vision et, surtout, sa musique.
Prix & Récompenses :
Festival de Cannes 1988 : Prix d'interprétation masculine & Grand prix de la commission supérieure technique.
Golden Globes 1989 : Meilleur réalisateur.
Oscar 1989 : Meilleur son.
Cole Porter
Cole Porter est né le 9 juin 1891 à Peru (États-Unis) et il est décédé le le 15 octobre 1964 à Santa Monica (États-Unis). C'est un compositeur et parolier américain, auteur de quelques-unes des plus célèbres comédies musicales de la scène américaine (créées à Broadway).
Cole Porter naît dans une famille aisée auprès de ses parents Kate Cole et Sam Porter ; son grand-père James Omar était un négociant en charbons et bois de construction. Sa mère lui inculqua dès son plus jeune âge les premiers rudiments musicaux et lui fit apprendre le violon à partir de l'âge de 6 ans, puis le piano deux ans plus tard. À l'âge de 10 ans, avec l'aide de sa mère, il écrivit sa première opérette Song of the Birds, séparé dans six sections avec des titres comme The Young Ones Leaning to Sing and The Cuckoo Tells the Mother Where the Bird Is.
Son grand-père aurait aimé lui voir embrasser une carrière d'avocat, ce qui conduisit le jeune homme à entrer à la Worcester Academy, puis à passer par l'université Yale en 1909 (où il devint membre de la célèbre société secrète Scroll and Key), puis à passer une année à la Faculté de droit de Harvard en 1913. Après avoir pris conscience de sa passion pour la musique, il abandonna l'étude du droit et étudia au département de musique de Harvard. En 1916, il présenta à Broadway sa première œuvre publique, See America First (sur un livret de T. Lawrason Riggs), qui fut un échec, les représentations cessant au bout de deux semaines seulement.
Secoué par cet échec, Cole Porter se rend en France en 1918, s'engage le 20 avril 1918, pour la durée de la guerre, dans la Légion étrangère française et sert en Afrique du Nord. Il est affecté au régiment de marche de la Légion étrangère, puis envoyé à l’école d’artillerie, dont il sort aspirant à compter du 22 août 1918. Libéré le 17 avril 1919, il est titulaire de la croix de guerre 1914-1918. Il s'installe dans un appartement de luxe à Paris et partage son temps entre ses fonctions d'officier et une vie de playboy dans la capitale française. En 1918, il y fait la connaissance de Linda Lee Thomas (1883-1954), une riche divorcée de Louisville (Kentucky), de 7 ans son ainée, qu'il épouse en 1919. Certains chroniqueurs de l'époque la décrivent comme "la plus belle femme au monde". En 1923, Rolf de Maré lui commande une œuvre pour les Ballets suédois : il compose Within the Quota, premier "ballet jazz" de l'histoire de la musique.
Cole Porter connut ses premiers succès avec ses comédies musicales et chansons "isolées", dont beaucoup ont été inspirées par Fred Astaire. Un accident d'équitation en 1937, où il eut les jambes écrasées, le laissa partiellement handicapé. Il endura des douleurs pour le restant de ses jours, ce qui ne l'empêcha pas de composer. Selon une biographie par William McBrien, Cole Porter aurait imaginé les paroles d'une partie de "At Long Last Love" alors qu'il gisait sur le sol aussitôt après son accident, dans l'attente des secours, histoire que le biographe juge apocryphe et probablement inventée par Porter lui-même.
Cole Porter était bisexuel, situation qui était apparemment connue de son épouse dès les premiers temps de leur mariage ; on lui connaît plusieurs aventures avec des femmes, et surtout une relation avec Leslie Hutchinson, qui compta parmi ses amants et fut l'un de ses amoureux
réguliers. Cole et son épouse se séparèrent au début des années 1930, alors qu'ils vivaient à Hollywood, lorsque Porter se mit à ne plus cacher publiquement ses attirances homosexuelles.
1946, USA, Comédie Musicale
Réalisé par Michael Curtiz Scénario de Charles Hoffman, Leo Townsend, William Bowers & Jack Moffitt
Photographie de J. Peverell Marley, William V. Skall & Bert Glennon
Direction musicale : Leo F. Forbstein Adaptation musicale : Max Steiner Décors d'Armor Marlowe
Direction artistique de John Hughes
Garde-robe : Milo Anderson Montage de David Weisbart
Son d'Everett Alton Brown, Charles David Forrest, Gerald W. Alexander & Robert G. Wayne
Durée 2 h 08
Avec Cary Grant, Alexis Smith, Monty Woolley, Ginny Simms, Jane Wyman, Eve Arden, Victor Francen, Alan Hale, Dorothy Malone, Donald Woods, Henry Stephenson, Paul Cavanagh, Sig Ruman, Hobart Cavanaugh, Joyce Compton, Clarence Muse...
Résumé : La vie et la carrière de Cole Porter qui écrivit ses premières chansons à Yale avant d'être grièvement blessé à une jambe pendant la Première Guerre Mondiale. Décidant de se lancer dans la chanson contre l'avis de sa famille, il épousa Linda Lee, fut victime d'une grave chute de cheval et obtint la consécration en remportant un immense succès à Broadway...
2004, USA, Biographie
Réalisé par Irwin Winkler
Scénario de Jay Cocks
Photographie de Tony Pierce-Roberts
Décors d'Eve Stewart & John Bush
Direction artistique de John Hill
Costumes de Janty Yates
Montage de Julie Monroe
Casting de Nina Gold
Scripte de Libbie Barr
Durée 2 h 05
Avec Kevin Kline (Cole Porter), Ashley Judd, Kevin Mc Nally, Sandra Nelson, Jonathan Pryce, Alanis Morissette, Sheryl Crow, Elvis Costello, Robbie Williams, Diana Krall, Lara Fabian...
Résumé : De-Lovely est un portrait musical du compositeur américain Cole Porter, émaillé d'une multitude de ses brillantes & inoubliables chansons. Ce dernier se représente son passé à la manière d'un de ses grands spectacles musicaux, en faisant défiler sur la scène de sa mémoire les personnages et évènements qui l'ont marqué. A travers des succès légendaires comme Night and Day, It's De-Lovely et In the Still of the Night, s'éclaire la vie profuse, excessive et sophistiquée de Cole Porter - notamment les relations complexes qu'il entretint avec son épouse et muse Linda Lee Porter et ses amants...
Django Reinhardt
Jean Reinhardt naît dans une roulotte stationnant le 23 janvier 1910 à Liberchies (Pont-à-Celles, Belgique). Son père, Jean-Baptiste Eugène Weiss, violoniste et pianiste ambulant de son état, ne signe pas de son vrai nom l'acte de naissance afin d'échapper à la conscription militaire française, Django portera donc le nom de sa mère. L’enfant fait partie d’une famille de Sinté nomades habitués à traverser l’Europe de part en part. Il est principalement élevé par sa mère Laurence et passe donc sa jeunesse à voyager en France, en Italie ou en Algérie pour fuir la Première Guerre mondiale avant que sa famille ne se fixe finalement à Paris, d’abord sur les fortif’, la Zone mal famée jouxtant la porte de Choisy, puis à la porte d'Italie. Personne ne sait d'où lui vient son surnom Django qui signifie "je réveille".
Django apprend la musique avec le violon. La rencontre avec le banjo-guitare de son oncle à l’âge de 12 ans est décisive. Fasciné par l’instrument, le jeune Django n’a dès lors de cesse de s’écorcher les doigts sur ses cordes oxydées. Il fait son apprentissage en observant avec attention les musiciens de passage au campement, et acquiert bientôt une dextérité hors du commun. Il se mettra, avec le même bonheur, au violon et finalement à la guitare. Il débute dans l'orchestre familial que son père musicien (jouant du piano et du cymbalum) dirige. Vers l’âge de 12 ou 13 ans, il joue du banjo-guitare dans les cours d'immeuble, dans la rue puis dans les cabarets et bals de Paris, ainsi que dans les demeures des gens aisés, tout en continuant de jouer surtout pour son propre plaisir. Il est repéré par l'accordéoniste de bal Vetese Guerino qui le convainc de l'accompagner. La réputation du jeune virtuose se répand chez les amateurs de musique et, en 1928, l'accordéoniste Jean Vaissade permet à Django d’enregistrer son premier disque. L’adolescent ne sachant ni lire ni écrire, pas même son propre nom, les étiquettes portent la mention "Jiango Renard, banjoïste".
La même année, le chef d’orchestre Jack Hylton, impressionné par la virtuosité de Django, lui propose de l’engager dans sa formation de musique populaire, pour l'empire de Paris engagé par Émile Audiffred, il enregistre par le même biais pour le clown Grock également compositeur et Jean Rodor. Jack Hylton doit se produire à Londres, Mais le destin contrecarre ce projet : juste avant le départ du groupe, le 26 octobre 1928, à Saint-Ouen, banlieue nord de Paris (près de la rue des Rosiers), un incendie se déclare dans la roulotte où le musicien vit en compagnie de sa première femme, Bella Baumgartner (1910-1994). Les fleurs en celluloïd — matière très inflammable — que celle-ci vend s’enflamment au contact d’une bougie renversée, détruisant la caravane et blessant assez gravement ses deux occupants. Django est sérieusement atteint à la jambe droite et à la main gauche. Celle-ci cicatrisant très difficilement, il reste près de 18 mois à l’hôpital, où les médecins pronostiquent des séquelles qui l'empêcheraient de rejouer du banjo. On doit finalement cicatriser la blessure au nitrate d'argent. Django a perdu l’usage de deux doigts et sa main est paralysée, mais il s’obstine et, après 6 mois de travail sans relâche, il développe une technique nouvelle sur la guitare que son frère Joseph lui a apportée en guise d’outil de rééducation, le banjo étant trop sonore pour continuer à en jouer à l'hôpital. Au printemps 1930, alors que Django est toujours soigné à l’Hôpital Saint-Louis, une commission de contrôle militaire vient juger sur place de son état de santé : le musicien, âgé de 20 ans et devant donc accomplir son service militaire, n’a répondu à aucune lettre de convocation depuis deux ans. Mais ses blessures lui permettent d’être rapidement exempté.
À sa sortie d’hôpital en 1930, Django Reinhardt a développé une toute nouvelle technique guitaristique, d’autant plus exceptionnelle qu’elle n’emploie que deux doigts de la main gauche (index et majeur) pour les solos. Pour la rythmique, il parvient néanmoins à plaquer des accords en utilisant son pouce et en contorsionnant son annulaire et son auriculaire ankylosés. Il découvre qu’entre-temps, la guitare a gagné sa place au sein des orchestres de jazz, cette nouvelle musique venue des États-Unis. Les premiers contacts de Django avec la musique de Duke Ellington, Joe Venuti, Eddie Lang ou Louis Armstrong sont un grand choc, et le jeune guitariste décide de consacrer son existence à la pratique du jazz. C'est Émile Savitry qui les lui fait découvrir en 1931 sur la Côte d'Azur, en lui faisant écouter les disques. Django joue au Coq hardi de Toulon puis au Lido et au Palm Beach de Cannes avant de rentrer à Paris où il joue à La Boîte à Matelots, et fréquente les jazzmen Stéphane Mougin, André Ekyan, Alix Combelle à La Croix du Sud. En 1931, il joue dans l’orchestre du club la "Croix du Sud", dirigé par André Ekyan, au côté de Alix Combelle et Stéphane Grappelli. À cette époque, il lui arrive également de jouer avec l'accordéoniste d'origine italienne Vetese Guerino, l'un des as de l'âge d'or du musette et les frères Baro et Matelo Ferret. Avec Stéphane Grappelli, ils fondent en 1934, grâce à Louis Vola, le Quintette du Hot Club de France. Le groupe comprend également le frère de Django, Joseph ainsi que Roger Chaput à la guitare et Louis Vola à la contrebasse. Les cinq musiciens inventent une musique innovante qui remporte un grand succès. Les années suivantes, ils enregistrent de nombreux disques et jouent dans toute l’Europe avec l'aide de leurs impresarios Audiffred et Marouani. On les retrouve aux côtés des plus grands musiciens de l’époque, tels que Coleman Hawkins, Benny Carter ou Rex Stewart. Ces derniers tentent à plusieurs reprises de prendre en défaut la technique instrumentale et les connaissances musicales de Django dans des défis musicaux, tels qu’il s’en pratiquait fréquemment à l’époque, mais le guitariste gagne leur respect en se révélant, malgré son incapacité à lire la musique et son apprentissage quasiment autodidacte, d’une maîtrise à toute épreuve. C’est ce talent qui a convaincu le chanteur Jean Sablon qui l'engage et l’impose dans les studios d’enregistrement dès 1933.
Dans les années 1930, il fréquente régulièrement le salon artistique R-26 où il rencontre de nombreux artistes et écrivains. En 1935, Django engage un jeune accompagnateur, Henri Salvador, dont le jeu aux parfums tropicaux lui plaît, ils joueront ensemble, pendant deux ans, jusqu'en 1937.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939, le quintette est en tournée en Angleterre. Tandis que Stéphane Grappelli, malade, reste bloqué à Londres, Django retourne en France, à Toulon, où il est mobilisable dans la Marine nationale française, mais il est à nouveau réformé à cause de ses brûlures. Il passe la guerre en Zone occupée. On le retrouve sur la Côte d'Azur dans le programme du jeune Yves Montand, dans la revue Un soir de folie du producteur Émile Audiffred. Il joue également à Paris, voyageant et tentant même de gagner la Suisse après un passage à Thonon-les-Bains, sans succès. À noter que sa sœur, Sarah, est décédée à Thonon-les-Bains et y a été inhumée dans une tombe de marbre rose en forme de guitare.
En 1940, il enregistre le titre Nuages avec le clarinettiste et saxophoniste de jazz Hubert Rostaing. Pendant l'occupation, il s'essaie à la formule du soliste accompagné par un big band ; en décembre 1940, il enregistre avec l'orchestre de Pierre Allier, dont fait partie, pour une session, le tromboniste André Cauzard puis en avril 1942 avec l'orchestre du saxophoniste belge Fud Candrix. En 1943, il épouse, à Salbris, Sophie Ziegler, sa seconde femme, dont il aura l’année suivante un fils, Babik Reinhardt, qui deviendra à son tour un grand guitariste. À la fin de cette même année, ne se sentant plus en sécurité à Paris, il décide de partir en Suisse. Arrêté par des garde-frontières suisses, il se voit intimer l'ordre de rentrer à Paris. Django s'exécute et, une fois revenu dans la capitale, il ouvre un club Chez Django Reinhardt, et forme un nouveau quintette avec Hubert Rostaing à la clarinette et Pierre Fouad aux percussions. Cette formation bénéficie de la vogue du swing et le morceau Nuages devient un tube. À la Libération, il retrouve Stéphane Grappelli avec lequel il improvise sur une Marseillaise qui restera célèbre. Comme pour celle de Gainsbourg quelques décennies plus tard, cette version fit scandale à l'époque. À ce moment-là il fait jouer à la chapelle de l’Institut des jeunes aveugles de Paris, Requiem à mes frères tsiganes, messe qu'il avait composée durant l'occupation et dédiée aux victimes du génocide tzigane. Ce fut la seule fois que cette œuvre magistrale et exceptionnelle (car sortant de son répertoire habituel de jazz manouche) fut jouée, car par la suite la partition a été égarée. Il n'en subsiste aujourd'hui que quelques portées. Il est ensuite l’un des premiers en France à comprendre le be-bop, cette révolution du jazz venue des États-Unis portée par Charlie Parker et Dizzy Gillespie. Il intègre à ses compositions dès la fin de la guerre (R26, Mike, Babik...) de nombreuses trouvailles inspirées directement du be-bop, tout en restant toujours fidèle à ses propres conceptions musicales.
Après la guerre, le Hot Club de France reprend enregistrements et tournées. En 1946, une tournée aux États-Unis donne enfin à Django l’occasion de jouer aux côtés de Duke Ellington. Les deux musiciens s’étaient rencontrés en 1939 lors d'une tournée de Duke en Europe et désiraient depuis lors jouer ensemble, mais cette association n’est pas celle dont Django avait rêvé. Ne parlant pas anglais, habitué à la liberté de sa vie nomade, Django peine à s’habituer à la discipline très stricte des Big Bands. Ces difficultés, alliées au fait qu’Ellington n’avait pas réellement intégré le guitariste à ses arrangements, le faisant toujours intervenir en fin de représentation, faisait de Django une sorte d’attraction et non le concertiste qu’il espérait être durant cette tournée. La déception sera rude de n'être pas reconnu comme le plus grand, surtout lors du concert avec Duke au Café Society de New York, le premier cabaret qui pratiquait l'intégration raciale aux États-Unis. Cependant, son passage fait toujours sensation. Le groupe a tourné dans tous les États-Unis, ainsi qu'au Canada, et la présence de Django était exceptionnelle pour les amateurs : il était la seule vedette de jazz non américaine (avec Grappelli). En arrivant à New York, Django cherche à rencontrer Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Thelonious Monk, sans résultat, ces derniers étant alors chacun en tournée. Il gardera de cet épisode une certaine amertume, et il s’éloigne peu à peu de la guitare, se consacrant de plus en plus à ses autres passions, la peinture, la pêche et le billard. Cela ne l’empêche pas de recréer à plusieurs occasions sur disque le prestigieux Quintette avec Stéphane Grappelli. Les résultats sont fantastiques de maîtrise et de singularité.
En 1951, il achète une maison et s’installe à Samois-sur-Seine en Seine-et-Marne, près de Fontainebleau. À ce moment commence pour lui un véritable renouveau : son jeu est plus inspiré que jamais et il joue régulièrement avec un orchestre composé des meilleurs be-boppers français : Roger Guérin, Hubert et Raymond Fol, Pierre Michelot, Bernard Peiffer, Jean-Louis Viale. Il est toujours à l’avant-garde du jazz. En 1953, Norman Granz fait part à Django de son désir de l’engager pour les tournées du Jazz at the Philharmonic. Le producteur français Eddie Barclay lui fait enregistrer huit titres, en guise de "carte de visite" pour les amateurs américains. Ces huit morceaux exceptionnels marqueront irrémédiablement les amateurs de jazz et surtout les guitaristes du monde entier, qui s’inspireront des décennies durant du jeu d’un Django très en avance sur son époque.
Django enregistre son dernier disque le 8 avril 1953, avec Martial Solal au piano (c’est l'un de ses premiers enregistrements), Pierre Michelot à la contrebasse, Fats Sadi Lallemant au vibraphone et Pierre Lemarchand à la batterie. Il meurt le 16 mai 1953 d’une hémorragie cérébrale à l'hôpital de Fontainebleau. Le lendemain, son épouse brûle tous ses effets personnels, selon un vieux rite tsigane qui consiste à effacer toutes les traces du défunt. Django Reinhardt repose depuis dans le cimetière de Samois-sur-Seine, au carré.
2017, France, Biopic
Réalisé par Étienne Comar
Scénario de Étienne Comar & Alexis Salatko librement inspiré de son livre "Folles de Django"
Photographie de Christophe Beaucarne
Musique de Django Reinhardt interprétées par Le Rosenberg Trio Warren Ellis
Décors de Olivier Radot
Costumes de Pascaline Chavanne Montage de Monica Coleman Son de Cyril Moisson, Vincent Guillon & Stéphane Thiebault
Casting de Stéphane Batut
Scripte de Aurélie Nolf
Durée 1 h 57
Avec Reda Kateb, Cécile de France, Bea Palya, Bimbam Merstein, Gabriel Mirété, Johnny Montreuil, Vincent Frade, Raphaël Dever, Patrick Mille, Xavier Beauvois, Jean-Louis Coulloc'h...
Résumé : À Paris en 1943 sous l’Occupation, le musicien Django Reinhardt est au sommet de son art. Guitariste génial et insouciant, au swing aérien, il triomphe dans les grandes salles de spectacle alors qu’en Europe ses frères Tsiganes sont persécutés. Ses affaires se gâtent lorsque la propagande nazie veut l’envoyer jouer en Allemagne pour une série de concerts...
Clara Schumann
Clara Schumann, de son nom de naissance Clara Wieck, est une pianiste et compositrice allemande, née le 13 septembre 1819 à Leipzig (Allemagne) et décédée le 20 mai 1896 à Francfort-sur-le-Main (Allemagne).
Son père Friedrich Wieck, célèbre professeur de piano, fait d'elle une concertiste prodige dès l'âge de 9 ans. En 1827, elle a déjà rencontré son futur époux, Robert Schumann (elle a 8 ans, il en a 17), qui étudie auprès de son père. Clara donne son premier concert au Gewandhaus de Leipzig, où elle est remarquée par Goethe. En tournée à Paris, elle connaît un triomphe. Dès 1829, Clara publie ses premières œuvres, Quatre Polonaises tandis qu'en 1832, Robert publie Papillons ; Clara joue cette œuvre en concert l'année même. Entre 1834 et 1836, elle compose les Soirées musicales, qui connaissent un grand succès notamment auprès de Liszt.
À l'âge de 16 ans, elle s'éprend de Robert Schumann. Robert demande sa main à son père lorsque la jeune fille atteint sa 18ème année. Mais Wieck s'oppose vigoureusement à leur mariage. Les amoureux sont séparés de force, mais communiquent par le biais d'amis et de messages musicaux dans les concerts de Clara. Le mariage est finalement célébré en 1840 à Schönefeld en exécution d'une décision judiciaire. 8 enfants sont issus de leur union, ce qui tend à ralentir sérieusement le parcours musical de Clara.
Première interprète des œuvres de son mari, elle fait connaître et apprécier sa musique dont, selon ce dernier, elle est alors la seule à bien comprendre les délicatesses. Clara est elle-même l'auteur d'une quarantaine d'œuvres, mais elle a en partie négligé la composition au profit du piano et de son rôle d'inspiratrice auprès de son mari. En 1854, Robert Schumann est interné. Veuve dès 1856, Clara devient l'amie, la conseillère et l'inspiratrice de Johannes Brahms mais elle affirme désormais que ses seuls moments de bonheur sont ceux où elle joue ou écoute la musique de son cher disparu.
Clara se lance à corps perdu dans des tournées en Angleterre, en France, en Russie jusqu'en 1891, date de son dernier concert. Elle enseigne par ailleurs le piano au Conservatoire de Francfort de 1878 à 1892. Elle est reçue dans le salon de la Landgravine de Hesse-Cassel, nièce de l'empereur, mélomane et musicienne au talent reconnu.
De 1881 à 1893, elle établit une édition complète des travaux de son mari, dont elle n'a de cesse de défendre l'œuvre. C'est précisément en écoutant son petit-fils, Ferdinand, interpréter une œuvre de son célèbre aïeul qu'elle s'éteint le 20 mai 1896, ayant enduré vers la fin de sa vie des problèmes de surdité. Elle est enterrée aux côtés de son mari au Vieux-Cimetière de Bonn.
1947, USA, Romance
Réalisé par Clarence Brown
Scénario d'Ivan Tors, Irma von Cube, Allen Vincent & Robert Ardrey d'après la pièce de théâtre de Bernard Schubert & Mario Silva
Photographie d'Harry Stradling Sr.
Décors d'Edwin B. Willis Direction artistique de Cedric Gibbons & Hans Peters
Costumes de Walter Plunkett & Valles
Montage de Robert Kern
Durée 1 h 59
Avec Katharine Hepburn, Paul Henreid, Robert Walker, Henry Daniell, Leo G. Carroll, Elsa Janssen, Gigi Perreau, 'Tinker' Furlong, Henry Stephenson, George Chakiris...
Résumé : Une pianiste de grand talent, Clara Wieck, épouse un musicien inconnu, Robert Schumann. Sept enfants naîssent. Johannes Brahms s'installe chez eux et s'éprend de Clara qui ne répond pas à ses avances. Ne trouvant pas d'éditeur pour sa musique, Robert sombre dans le désespoir. Pour payer les dettes, Clara fait des concerts...
2009, Allemagne/France/Hongrie, Biopic
Réalisé par Helma Sanders-Brahms
Scénario de Nicole-Lise Bernheim, Helma Sanders-Brahms & Colo Tavernier
Photographie de Jürgen Jürges
Décors d'Uwe Szielasko & Petra Klimek
Costumes de Györgyi Szakács
Montage d'Isabelle Devinck
Son de János Csáki
Durée 1 h 47
Avec Martina Gedeck, Pascal Greggory, Malik Zidi, Aline Annessy, Brigitte Annessy, Marine Annessy, Jacques Breuer, Sascha Caparros...
Résumé : En 1850, la pianiste et compositrice Clara Schumann accompagne son mari Robert et ses enfants à Düsseldorf. Après de longues et éreintantes années de tournée, Robert Schumann, célèbre compositeur et chef d'orchestre, doit y occuper un poste de directeur musical. Cependant, l'homme a du mal à supporter son angoisse face à l'orchestre et subit des crises de plus en plus fréquentes. Clara joue en public les morceaux de son mari avec un immense succès, contribuant ainsi à la popularité de ses oeuvres. Lors de son dernier concert à Hambourg, elle fait la connaissance de Johannes Brahms, 14 ans de moins qu'elle, dont le talent impressionne également son mari. Mais ce n'est pas seulement la virtuosité du pianiste qui, chez Brahms, séduit Clara...
Johann Strauss II
Johann Strauss II est né 25 octobre 1825 et il est décédé le 3 juin 1899. C'est un compositeur autrichien particulièrement réputé pour ses valses, comme Le Beau Danube bleu.
Johann Strauss II est le fils de Johann Strauss I, lui-même compositeur. Ses frères Josef Strauss et Eduard Strauss sont aussi compositeurs, mais Johann II est le plus célèbre de la famille. On le surnomme "le roi de la valse", car il a transformé une modeste danse rurale en un divertissement brillant, surpassant ses prédécesseurs tels que Joseph Lanner et Johann Strauss I. Plusieurs de ses polkas et marches sont également très connues, de même que son opérette Die Fledermaus.
À peine âgé de 6 ans lorsqu'il compose sa première valse, Johann Strauss doit faire preuve de caractère pour parvenir à ses fins. Obligé de poursuivre des études non musicales, Johann fils, encouragé par sa mère, suit son inclination musicale et prend en secret des cours de piano avec Vencelas Plachy et des cours de violon avec Franz Amon, le 1er violon de l'orchestre de son père. Il entame des études musicales sérieuses lorsque son père quitte le foyer familial en 1842. Il poursuit l'étude du violon avec Anton Kohlmann et étudie la théorie et la composition avec Joseph Drechsler. Il obtient une Musiklicenz (permis officiel de donner des concerts publics) bien qu'il n'ait pas encore atteint la majorité. En septembre 1844, il forme un orchestre de 24 musiciens avec lequel il fait ses débuts au Casino de Dommayer à Hietzing et présente un programme qui comporte six de ses compositions ainsi que des nouvelles valses de son père. La prestation remporte un tel succès qu'il est aussitôt considéré comme le grand rival de son père.
En 1846, Johann Strauss père est nommé directeur des bals de la Cour d'Autriche au palais de Schönbrunn, tandis qu'en 1848, Johann fils est nommé chef de la musique municipale de Vienne. Il se réconciliera cependant avec son père, peu de temps avant la mort de ce dernier en 1849. Johann fils réunit alors les deux orchestres et poursuit sa brillante carrière, accédant au poste de Hofballmusikdirektor (directeur de la musique de bal de la Cour). Avec ses musiciens, il visite Paris, Berlin, Londres, Saint-Pétersbourg et les États-Unis, obtenant partout d'énormes succès. Après son mariage avec la cantatrice Jetty Treffe, il abandonne la baguette de chef d'orchestre à ses frères cadets Eduard Strauss et Josef Strauss, eux-mêmes auteurs de valses et de polkas.
L'apogée de Johann fils se conjugue avec celui de l'empereur François-Joseph et du rayonnement de Vienne sur la vie culturelle de toute l'Europe du XIXe siècle, au même titre que Paris. Ses valses font le tour du monde. Sang viennois, La Valse de l'empereur, Le Beau Danube bleu, Aimer boire et chanter, Légendes de la forêt viennoise, sont autant de chefs-d'œuvre aériens qui restent associées pour les Viennois à la joie de vivre.
Après 1860, suivant les conseils de Jacques Offenbach qui lui avait dit : "Vous devriez écrire des opérettes, monsieur Strauss", il commence à faire mûrir son projet d'écrire des opérettes, et finira après de nombreuses hésitations à se lancer dans cette carrière avec La Chauve-Souris en 1874, Une Nuit à Venise en 1883 et Le Baron tzigane en 1885.
Source : Wikipedia
1938, USA, Biographie
Réalisé par Julien Duvivier, Victor Fleming & Josef von Sternberg
Scénario de Gottfried Reinhardt, Samuel Hoffenstein, Walter Reisch & Vicki Baum Photographie de Joseph Ruttenberg
Direction artistique de Cedric Gibbons Directeur artistique associé : Edwin B. Willis Costumes d'Adrian Montage de Tom Held
Durée 1 h 44
Avec Luise Rainer, Fernand Gravey (Johann Strauss), Miliza Korjus, Hugh Herbert, Lionel Atwill, Curt Bois, Leonid Kinskey, Al Shean, Bert Roach, Henry Hull, Sig Ruman, Ernie Alexander, Bess Flowers, Herman Bing...
Résumé : Vienne, 1845. Johann Strauss II est passionné par la musique, et surtout par la valse, un genre considéré comme mineur par la haute société. A force de persévérance, son talent finit par être reconnu et la valse devient la musique à la mode aux yeux du grand public et à la cour...
Prix & Récompenses : Oscar 1939 : Meilleure photographie.
1991, Autriche, Mini-Série
Réalisé par Marvin J. Chomsky
Scénario de Zdenek Mahler
Photographie de Gérard Vandenberg
Musique de Laurence Rosenthal
Décors de Thomas Riccabona
Direction artistique de Peter Manhardt
Costumes d'Uli Fessler
Montage de Petra von Oelffen
Casting de Maude Spector, Ann Stanborough & Dagmar Windisch
Scripte de Lucie Lichtig
Durée 4 x 1 h 30
Avec Anthony Higgins, Stephen McGann, John Gielgud, Edward Fox, Alice Krige, John Rhys-Davies, Cherie Lunghi, Lisa Harrow, Vernon Dobtcheff, Sophie Ward...
Résumé : A Vienne, au XIXe siècle. Johann Strauss père, né en 1804, est fermement décidé à consacrer sa vie à sa passion, la musique. Il fait la connaissance de Josef Lanner, violoniste comme lui, qui dirige une formation musicale, et devient très vite son ami. Ensemble, les deux hommes composent des valses, qui enchantent un public friand de danse. Mais bal après bal, leur complicité cède sous le poids de l'ambition. Petit à petit, Strauss et Lanner deviennent rivaux...
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Issu d’une famille de la petite noblesse non titrée, Piotr Ilitch Tchaïkovski naît le 7 mai 1840 à Votkinsk, une petite ville d’Oudmourtie située dans l’Oural (Russie), second fils d'Ilia Petrovitch Tchaïkovski, ingénieur des mines. Il a pour demi-sœur Zinaïda avec qui il aura des rapports difficiles et pour frère aîné Nicolas. Viennent ensuite en 1842 Alexandra (future princesse Davydov, dont il sera très proche et chez qui il passera de nombreuses vacances estivales), puis Hippolyte et enfin les jumeaux Anatole & Modeste. Ce dernier deviendra auteur dramatique, traducteur et librettiste au service, entre autres, des opéras de son frère : la Dame de Pique ou Yolande.
Les premiers efforts musicaux de Tchaïkovski sont des tentatives d’improvisation au piano. Lorsque sa mère se rend à Saint-Pétersbourg en septembre 1844, lui et sa sœur composent une chanson appelée Notre mère à Saint-Pétersbourg. Sa mère revient avec une gouvernante française, Fanny Dürbach, qui passe 4 ans avec les Tchaïkovski. Fanny comblait par son attention et son amour le manque d’affection de leur mère. Alexandra était une femme malheureuse, froide, une mère distante. Piotr, âgé de 4 ans 1/2, demandait toujours à Fanny la permission d’assister aux leçons de ses frères et sœurs. Ainsi, à 6 ans, il parle très aisément le français et l’allemand.
À 5 ans, il commence le piano avec Maria Paltchikova. En moins de 3 ans, il lit la musique aussi bien que son professeur. Au XIXe siècle, les familles aisées envoient leurs enfants dans des établissements d’enseignement spécialisé qui permettent aux élèves d’acquérir une vaste culture tout en les dirigeant vers une carrière professionnelle spécifique. L’aîné, Nikolaï, est envoyé à l’Institut Technologique de Saint-Pétersbourg. La famille déménage à Alapaïevsk en 1849, à la faveur d'une nouvelle nomination du père et l'année suivante, Piotr alors âgé de dix ans, étant trop jeune pour entrer dans quelques établissements que ce soit, part au pensionnat pour deux années préparatoires, tandis que la famille déménage à nouveau, cette fois-ci à Saint-Pétersbourg. La pension est une expérience douloureuse, car Piotr adore sa mère et est déjà hypersensible. Il manque de confiance en lui et reste dans les jupes de sa mère. Son départ est traumatique ; ce fut l’une des séparations les plus brutales qu’il ait vécues, et qu’il n’oubliera jamais, la deuxième survenant 4 ans plus tard.
En 1852, Piotr entre au Collège impérial de la Jurisprudence et y demeure jusqu’en 1858. L'enseignement des arts n'était pas la priorité de l'école. Néanmoins, les élèves ont des leçons de chant et jouent d’instruments différents. Ils vont souvent à l’opéra, au théâtre ou à des concerts. Piotr dirige la section des sopranos du chœur de l’école, sous la direction de Gavril Lomakine, chef d’orchestre et professeur célèbre. Il lui arrive par exemple de chanter en solo lors de cérémonies liturgiques. Il est apprécié de tous, malgré son manque d’ordre et sa distraction. Piotr Tchaïkovski reçoit donc une excellente éducation générale, tout en poursuivant son instruction au piano avec le directeur de la bibliothèque des partitions, mais ses résultats scolaires sont médiocres. Il se dirige progressivement vers une carrière musicale, chose courante à l’époque. De nombreux jeunes musiciens composaient et avaient un autre métier à côté.
En juin 1854, sa mère meurt du choléra. Pendant 2 ans, il ne peut évoquer cette perte dans les lettres qu’il écrit à Fanny Dürbach. Il se souviendra toute sa vie de ce triste jour. Sa mère a toujours encouragé son goût pour la musique et la réaction immédiate de Tchaïkovski, suite à cette perte, est de se tourner vers la musique. Il fait ses premiers vrais efforts de composition. Il dédicace l'Anastasie-valse à la gouvernante de son jeune frère. C’est à cette époque que des penchants homosexuels platoniques se manifestent en se cristallisant sur des amis, tels qu’Alexeï Apoukhtine ou Vladimir Gérard. Il se met aussi à fumer. De retour à Saint-Pétersbourg en automne, il commence à prendre des cours de chant avec Gavril Lomakine. En 1855, le père de Tchaïkovski finance pour son fils des études avec Rudolph Kündinger, professeur de piano de Nuremberg connu et, le consultant un jour à propos des perspectives d’une carrière musicale pour son fils, le pianiste répond qu’à part une bonne oreille musicale et une bonne mémoire, il n’y a rien chez Piotr laissant croire qu’il sera plus tard un bon compositeur ou même un bon interprète.
Tchaïkovski obtient son diplôme de droit le 25 mai 1859, et est engagé comme secrétaire au ministère de la justice le 15 juin. Il s’adonne déjà en amateur à la musique. Il n'éprouve aucun intérêt pour son emploi au ministère et confie à sa sœur dans une de ses lettres : "On a fait de moi un fonctionnaire, et un mauvais fonctionnaire par dessus le marché".
En 1861, Tchaïkovski commence à prendre des cours de théorie musicale à la Société Musicale Russe, sous l'enseignement de Nikolaï Zaremba. L'année suivante, Tchaïkovski le suit au Conservatoire de Saint-Pétersbourg nouvellement créé. Tchaïkovski ne veut pas quitter son emploi avant d'être certain qu'il est fait pour une carrière musicale.
Finalement, en 1863, il démissionne du ministère pour se consacrer à la musique. Depuis 1862 et jusqu'en 1865, il étudie l'harmonie, le contrepoint et la fugue avec Zaremba, la composition et l'instrumentation avec le directeur et fondateur du Conservatoire, Anton Rubinstein. Il joue du piano, de la flûte et de l’orgue, et obtient son diplôme de fin d'études en décembre 1865. Rubinstein et Zaremba étaient impressionnés par le talent de Tchaïkovski, mais cela n'a pas empêché les affrontements ultérieurs quant à la première symphonie.
En 1866, le frère d’Anton, Nicolas lui confie un poste de professeur de théorie musicale (qu’il occupe jusqu’en 1878) dans le tout nouveau Conservatoire de Moscou. C’est à cette période qu’il compose avec acharnement sa première symphonie dite "Rêves d’hiver" ; il faillit faire une dépression nerveuse. Tissant des liens d’amitié avec plusieurs membres du Groupe des Cinq, il dédie même sa fantaisie ouverture Roméo et Juliette au fondateur de ce groupe, Mili Balakirev. Tchaïkovski compose sa deuxième symphonie à l'été 1872 et entreprend l’écriture de son premier concerto pour piano en si bémol mineur à l'hiver 1874. À l'été 1875, il écrit sa troisième symphonie.
L’année 1876 est marquée par sa prise de contact avec Nadejda von Meck. Celle-ci, grande admiratrice du compositeur, lui verse pendant 13 années une pension alimentaire de 6 000 roubles par an, plaçant Tchaïkovski dans une situation beaucoup plus confortable qu’auparavant (peu après, l'empereur Alexandre III lui verse 3 000 roubles par an, à vie). Leurs relations restent strictement épistolaires. En 1877, c’est à Mme Von Meck que Tchaïkovski dédicace sa quatrième symphonie. En juillet de cette même année, le compositeur vit un des épisodes les plus sombres de sa vie : pour tenter de "guérir" son homosexualité, il épouse Antonia Milioukova, une de ses anciennes élèves qui nourrit une grande passion pour lui. Ce mariage est un échec. Rapidement, Tchaïkovski, qui ne peut plus supporter la vue de sa femme, tente de se suicider en essayant de contracter une pneumonie. Il se sépare d’Antonia peu après. La même année, il compose néanmoins sur commande du Théâtre Bolchoï son premier ballet, Le Lac des Cygnes, qui est un échec en raison d’une mise en scène inadéquate (il aura fallu 20 ans pour que la trame du ballet soit définitivement fixée par Marius Petipa et Lev Ivanov), ainsi qu’un opéra fondé sur un roman d’Alexandre Pouchkine : Eugène Onéguine. De tous les compositeurs du XIXe siècle, il est l’un des seuls dont l’homosexualité soit très bien documentée. L’un de ses biographes, André Lischke, écrit pourtant qu’il avait moins de problèmes qu’on ne le dit parfois sur sa sexualité et qu’il lui arrivait d’"en aborder les questions physiologiques avec une gaillardise totalement dépourvue de complexes". De même, les membres de son entourage connaissent très bien la vérité. Dans la biographie du compositeur qu’elle publie aux éditions Actes Sud, Nina Berberova raconte sa rencontre avec Praskovia Vladimirovna Tchaïkovskaïa, épouse d'Anatole, un des frères cadets de Piotr. Celle-ci aborde d’elle-même le sujet de l’homosexualité en annonçant à Berberova : "Je lui ai chipé un amant […]. À Tiflis. […] Il ne m’a jamais pardonnée !".
En mars 1878, lors d’un voyage en Suisse, il est fasciné par la Symphonie espagnole d’Edouard Lalo et décide de composer un concerto pour violon et, avec l’aide de son ami violoniste et mentor Josef Kotek, en apprend un peu plus sur les techniques du violon. Leopold Auer, le dédicataire du concerto, refuse de le jouer à cause de sa difficulté ; c’est Adolf Brodsky qui est au violon solo lors de la première en 1881 de ce concerto pour violon en ré majeur.
Vers 1880, la réputation de Tchaïkovski se renforce considérablement en Russie, et son nom commence à être connu à l’étranger, comme il peut le constater lors des voyages qu’il effectue cette même année. Il y remporte de nombreux succès et rencontre les grands compositeurs de son temps. Il séjourne régulièrement à Paris et a ses habitudes au Café de la Paix. L’Italie, où il voyage, lui inspire un certain nombre de pièces musicales parmi lesquelles le Capriccio Italien. La célèbre Sérénade pour cordes et l'Ouverture 1812 datent également de 1880. Un an plus tard, son grand ami Nikolaï Rubinstein meurt. Profondément touché, Tchaïkovski compose son superbe Trio pour piano, pièce dédiée à son ami décédé. Tchaïkovski loue une maison près de Klin, non loin de Moscou. Cette maison est devenue un musée dédié au compositeur. Il compose Manfred (1885), sa cinquième symphonie (1888), son deuxième ballet, La Belle au bois dormant (1889), qui est un triomphe, ainsi qu’un opéra fondé sur une courte nouvelle de Alexandre Pouchkine : La Dame de pique (1890).
En 1890, sa mécène Nadejda Von Meck rencontre des problèmes financiers et ne peut plus lui allouer sa pension. Cet épisode frappe durement Tchaïkovski. En 1891, il fait un voyage jusqu’aux États-Unis. Ses œuvres qu’il dirige lui-même lors de l’inauguration de la salle new-yorkaise Carnegie Hall remportent un franc succès. En 1892, son troisième ballet Casse-Noisette voit le jour, mais il ne rencontre pas dans un premier temps un succès aussi retentissant que la beauté de la musique pouvait le laisser espérer.
Tchaïkovski meurt le 6 novembre 1893 à Saint-Pétersbourg, dans l'appartement de son frère Modeste, au 13 rue Malaïa Morskaïa, 9 jours après la création de sa sixième symphonie "Pathétique". Il bénéficie de funérailles nationales célébrées par l'évêque de Narva, Mgr Nicandre Moltchanov à la cathédrale Notre-Dame de Kazan auxquelles assistent près de 8 000 personnes. Le cercueil de Tchaïkovski est porté par des proches, dont le prince Alexandre d'Oldenbourg, cousin de l'empereur, les frais des funérailles étant couverts par la Maison de Sa Majesté impériale. Le chœur de la cathédrale et le chœur de l'Opéra impérial russe accompagnent la cérémonie, en présence de son ami le grand-duc Constantin de Russie qui écrit le lendemain dans son Journal que "les murs de la cathédrale n'étaient pas suffisants pour contenir ceux qui voulaient prier pour le repos de l'âme de Piotr Ilitch". Du fait de son innovation dans la forme et de son contenu émotionnel accablant, la "Pathétique" fut reçue la première fois avec un silence d'incompréhension de la part du public. 20 jours plus tard, sous la direction d'Eduard Nápravník lors d'un concert en mémoire du compositeur, la symphonie fut reçue plus favorablement. Elle est devenue depuis l'une des compositions de Tchaïkovski les plus célèbres.
L’œuvre de Tchaïkovski est une heureuse synthèse des œuvres classiques occidentales et de la tradition russe représentée de manière contemporaine, entre autres, par Modeste Moussorgski et le Groupe des Cinq. Sa musique, reflet de sa nature hypersensible et tourmentée, est très personnelle et d'une infinie sensibilité. Elle bénéficie d’une orchestration riche et variée. Tchaïkovski est aujourd’hui un des compositeurs les plus célèbres et compte parmi les compositeurs russes les plus populaires.
1970, France, Biographie
Réalisé par Ken Russell
Scénario de Melvyn Bragg d'après le livre "Beloved Friend" de Catherine Drinker Bowen & Barbara von Meck
Photographie de Douglas Slocombe Musique d'André Previn
Décors de Natasha Kroll
Direction artistique de Michael Knight
Costumes de Shirley Russell
Montage de Michael Bradsell
Casting d'Irene Lamb
Durée 2 h 03
Avec Richard Chamberlain, Glenda Jackson, Max Adrian, Christopher Gable, Kenneth Colley, Izabella Telezynska, Maureen Pryor, Sabina Maydelle...
Résumé : Pour ne pas être marginalisé à cause de son homosexualité, le musicien Piotr Ilitch Tchaikovski épouse une de ses admiratrices, Nina, ingénue et crédule. Mais celle-ci devient de plus en plus frustrée, au point de devenir nymphomane. C'est finalement la folie qui l'emporte, laissant Tchaïkovski dans la détresse et le désespoir de cause...
Antonio Vivaldi
Né le 4 mars 1678 à Venise, Antonio Vivaldi est le fils d’un violoniste lui-même compositeur. Vivaldi est l’aîné de 6 enfants. Il est destiné à la prêtrise. Il apprend le violon avec son père qu’il remplace de temps à autre à la basilique.
Ordonné prêtre le 23 mars 1703, Antonio souffre d’une maladie, certainement de l’asthme, qui le dispense de dire la messe. Il s’adonne alors à la musique (à cette époque, cela n’est pas encore inconvenant pour un prêtre).
En septembre 1703, Vivaldi est engagé comme maître de violon à l’"Ospedale della pieta", sorte d’orphelinat pour jeunes filles. Une partie d’entre elles recevait une éducation spécifiquement musicale et il est incontestable que certaines avaient beaucoup de talent. De très bons concerts y sont donnés régulièrement. Il y est nommé maître de violon puis maître de composition. C’est pour ces élèves que Vivaldi écrira la plupart de ses œuvres. Ce sera pour lui un extraordinaire terrain d’expérimentation.
Frédéric IV, roi du Danemark assiste en 1708 à un concert donné par Vivaldi qui commence à se tailler une bonne réputation. Ses concertos sont aussi donnés dans différentes églises de Venise. Vivaldi est également un virtuose du violon et il impressionne de nombreux témoins de l’époque. Il est surnommé "il rosso" en raison de sa chevelure rousse. En 1709, Vivaldi n’est pas reconduit dans son poste à l’Ospedale della pieta. On peut penser que son poste avait été supprimé car il y est à nouveau nommé en 1711. En 1716, on lui donne le poste de "maestro di concerti" où il peut alors s’adonner à la composition de musique religieuse. Pratiquement toutes les œuvres de cette période sont perdues.
La popularité de Vivaldi s’est maintenant étendue au-delà de l’Italie. En 1711, il confie l’édition de ses compositions à Étienne Roger, célèbre éditeur d’Amsterdam grâce à une qualité de reproduction unique à cette époque. Son opus 3, l’Estro armonico, recueil de 12 concertos pour violon, obtient du succès dans une bonne partie de l’Europe du Nord. Une copie parviendra jusqu’à Johann Sebastian Bach qui en transcrit une partie pour claviers. En 1714, Vivaldi publie La Stravaganza, autre recueil de concertos pour violon. La popularité dont il jouissait est démontrée par le fait qu’Étienne Roger lui commandera les opus 5, 6 et 7 et les fera graver à ses frais.
À partir de 1718, Vivaldi entame une longue période de voyages pour répondre à des commandes du Nord de l’Italie. Il reste néanmoins attaché au service de l’Ospedale et y officie à chaque retour. De 1718 à 1720, il est à Mantoue. De 1723 à 1725, il est à Rome où il passe plusieurs saisons et a deux fois l’occasion de jouer devant le Pape. De 1726 à 1728, il séjourne pour la deuxième fois à Venise. Il aura là l’occasion de se consacrer au théâtre. Sa popularité est au zénith. Il dédie son opus 8 : Il cimento dell’armonia e dell’invenzione (dans lequel figurent les Quatre Saisons) au comte Morzin. Les Quatre saisons firent un triomphe à travers l’Europe y compris à Paris en 1725. L’opus 10, La Cetra, est dédié en 1728 à l’empereur d’Autriche Charles VI. Les œuvres de Vivaldi sont toujours publiées à Amsterdam mais il estime qu’il gagnerait davantage à les vendre lui-même ce qui expliquera malheureusement la perte de nombre de partitions. En 1733, Vivaldi joue pour Charles VI à Vienne. En 1738, il joue au théâtre Schouwburg à Amsterdam. Il interprète les concertos qui ont fait son succès. En mars 1738, il rentre à Venise et apprend que son poste lui a été définitivement retiré. Après un passage à Dresde où il joue les fameux "concertos de Dresde", Vivaldi gagne Vienne en 1740 où il espère gagner les faveurs de l’Empereur Charles VI. Malheureusement, celui-ci décède avant son arrivée.
Vivaldi meurt à Vienne le 28 juillet 1741 d’une "inflammation interne" pauvre et presque oublié de tous. Néanmoins il eut le droit à une messe de requiem à la cathédrale de Saint-Étienne dans laquelle chantait, parmi les choeurs, le jeune Joseph Haydn. Aujourd’hui, Vivaldi est l’un des compositeurs les plus interprétés et les plus appréciés du public et sa œuvres vives et enjouées constituent une bonne introduction à la musique baroque. Vivaldi a contribué à rendre populaire la musique concertante et il est dommage qu’une grande partie de ses pièces ait été perdue.
2006, France/Italie, Biopic
Réalisé par Jean-Louis Guillermou
Scénario de Jean-Louis Guillermou
Photographie d'Antoine Marteau
Musique d'Antonio Vivaldi
Décors de Michel Feaudiere
Costumes d'Antonia Sautter
Montage de Jean Mach
Son de Frédéric Gensse & Bernard Rochut
Durée 1 h 35
Avec Stefano Dionisi (Antonio Vivaldi), Michel Serrault, Michel Galabru, Delphine Depardieu, Annette Schreiber, Diane Fertikh, Christian Vadim, Jean-Claude Lecas, Bernard-Pierre Donnadieu, Katia Tchenko...
Résumé : Antonio Vivaldi est né un 4 mars 1679 à Venise. Il est frappé dés sa naissance d'un mal qu'on ne parviendra jamais à déceler, et qui décide sa mère à lui administrer aussitôt, un baptême provisoire. Ce mal dont se plaindra le virtuose toute sa vie ne l'empêchera pas toutefois de donner des récitals à des intervalles très rapprochés. Persuadée de l'intervention de Dieu, sa mère le fait tonsurer à l'âge de 14 ans, avec l'assentiment de son mari, convaincu lui-même que cette orientation sacerdotale faciliterait grandement la carrière d'instrumentiste de son fils...
Richard Wagner
Richard Wagner est né à Leipzig (Allemagne) le 2 mai 1813 et est décédé à Venise (Italie) le 13 février 1883.
Son père Friedrich Wagner, fonctionnaire dans la police meurt des suites d'une épidémie à Leipzig le 23 novembre 1813, peu après la bataille de Leipzig qui oppose les troupes française à celles des Alliés. Le 30 septembre 1821 à Dresde sa mère épouse Ludwig Geyer, un peintre, acteur et poète.
Il étudie la musique en autodidacte. En 1830 une Ouverture de sa composition est créée au Théâtre de Leipzig. Il s'inscrit en 1831 comme étudiant en musique à l'Université de Leipzig. Il suit les cours de composition et de contrepoint avec Christian Theodor Weinlig cantor de Saint-Thomas. Il compose en 1832 Die Hochzeit (Les Noces) son premier opéra qui reste inachevé. En 1833 il est chef de Choeur à Wurtzbourg. L'année suivante il compose son opéra Die Feen (les fées). De 1834 à 1836 il est directeur musical à Magdebourg, où il compose en 1835 Das Liebesverbot (La Défense d'aimer).
A Königsberg où il est quelques temps maître de chapelle, il épouse l'actrice Wilhelmine (Minna) Planer le 24 novembre 1836. En 1837 il est nommé à un poste similaire à Riga, où il écrit le livret et la musique des deux premiers actes de son opéra Rienzi avec l'espoir de le faire jouer à Paris où il arrive le 17 septembre 1839. Meyerbeer le soutient mais la scène de l'Opéra de Paris lui est refusée. Il fait la connaissance de Berlioz et découvre son traité d'orchestration. Il survit en transcrivant des opéras pour l'éditeur Schlesinger, et livre des articles et des nouvelles pour la "Gazette Musicale". Fin 1840, il est incarcéré pour dettes. Ne pouvant se faire jouer, il vend l'ébauche de son opéra Der fliegende Holländer au directeur de l'Opéra de Paris, qui en programme une version du compositeur Pierre-Louis Philippe Dietsch, sur un livret de Paul Foucher, et Henri Révoil, sous le titre Le Vaisseau Fantôme, ou Le Maudit des mers, opéra fantastique en deux actes.
Le 7 avril 1842 il s'installe avec son épouse à Dresde où son opéra est programmé. C'est un succès ainsi que pour Der fliegende Holländer. Il est nommé maître de chapelle à la cour le 2 février 1843. Il achève la partition de Tannahauser le 13 avril 1845, et il projette le plan des Maître chanteurs de Nuremberg (daté du 16 juillet) et celui de Lohengrin (daté du 3 août). Tannahauser est créé le 19 octobre. Il ébauche le Nibelung en 1848, sa mère décède en février de la même année. Il participe à l'insurrection de Dresde et se réfugie en Suisse le 28 mai 1849. Il pense un moment fuir en Grèce avec une de ses admiratrices françaises, Jessie Laussot, d'origine anglaise, mariée à un négociant en vins de Bordeaux. Wagner la retrouve en mai 1850 à Bordeaux, mais l'intervention de la police le force à quitter la ville. Il est à Zürich le 3 juillet 1850.
En 1852 il fait connaissance de la poétesse Mathilde et de l'homme d'affaires Otto Wesendonck qui lui offrent l'"Asile" et un soutien financier en échange d'une cession de ses droits d'auteur. Le texte du Nibelung est achevé en hiver 1852. En 1853 il projette l'introduction de l'Or du Rhin et commence à composer la Tétralogie. La même année il fait la connaissance de Cosima Von Bülow, le fille de Liszt et l'épouse du chef d'orchestre Hans Von Bülow. En 1855 il effectue une tournée de 4 mois en Angleterre.
En 1858, alors qu'il compose Tristan et Isolde, la liaison amoureuse qu'il entretient avec Mathilde Wesendonck est éventée. A la suite d'une esclandre de Minna, il part pour Venise en compagnie de Karl Ritter. Sous autorité autrichienne, Venise expulse Wagner qui retourne à Lucerne où il compose les second et troisième actes de Tristan et Isolde. En 1859 il est de nouveau Paris. Il y retrouve Minna à l'automne 1860. Il y donne 3 concerts de ses œuvres au Théâtre Italien, salle Ventadour qui lui procurent la notoriété mais qui sont financièrement des échecs. Sur ordre de l'empereur Tannahauser est programmé à l'Opéra de Paris. 164 répétitions sont nécessaires. L'oeuvre est retirée après 3 représentations. La même année une amnistie partielle est décrétée en Allemagne. Il est à Vienne le 14 août pour préparer la création de Trisatan et Isolde qui est reportée. Il rédige le livret des Maîtres Chanteurs à Paris, fin mars il en commence la composition à Biebrich près de Mayence où il a une relation amoureuse avec Mathilde Maier rencontrée chez son éditeur Schott, puis avec l'actrice Friederike Mayer. En octobre il a un différent financier avec Franz Schott son éditeur. Il fait une tournée de concerts jusqu'à
Saint-Pétersbourg et Moscou et s'installe près de Vienne, à Penzig. En novembre il rencontre Minna à Dresde pour la dernière fois.
En 1864, les difficultés financières le poussent à quitter Vienne pour Stuttgart. Le 3 mai il est invité par Louis II de Bavière à Munich. Le 10 avril, Isolde, le premier enfant de Wagner et de Cosima Von Bülow vient au monde. Le10 juin 1865 Hans Von Bülow dirige la création de Tristan et Isolde. Les relations de Wagner avec Cosima Von Bülow font scandale. Il quitte Munich le 10 décembre 1865.
Minna meurt en 1866. La même année, après un long périple via le Sud de la France, il s'installe à Tribschen près de Lucerne où Cosima lui rend visite. Eva, le second enfant naît le 17 février 1867. Cosima s'installe définitivement à Tribschen en 1868. En 1869 ils reçoivent pour la première fois Nietzsche et celle de Judith Mendès. Le 6 juin de la même année le troisième enfant du couple, Siegfried, vient au monde. Le 25 juin 1870 le divorce entre Cosima et Hans Von Bülow est prononcé. Le mariage avec Wagner à lieu le 25 août.
En avril 1871, il visite Bayreuth dont le conseil municipal est prêt à coopérer pour la création du festival auquel Wagner pense depuis longtemps. Les Wagner s'installent à Bayreuth. La première pierre du nouveau théâtre est posée le 22 mai 1872. Le 28 avril ils emménagent dans la villa Wahnfried, construite grâce à une subvention de 25 000 taler accordée par le roi Louis II de Bavière.
En 1875 Wagner fait une tournée de concerts et commence les répétitions du Ring. Le 13 août, 1876, sous la direction de Richter, trois cycles du Ring sont donnés. Le festival est déficitaire. Pendant le festival il a une liaison avec Judith Mendès, brillante intellectuelle, fille de Théophile Gauthier, et mariée à Catulle Mendès en 1866. Elle lui procure de France les soieries, les satins et l'eau de rose qu'il affectionne. Elle traduit le livret de Parsifal en Français. Pour couvrir le déficit, Wagner et Richter organisent une série de concerts à Londres qui n'atteint pas ses buts. La question sera réglée en 1878 par un prêt de la trésorerie royale remboursable sur les droits d'auteur de Wagner. En 1880 les Wagner s'installent en Italie, il achève la partition de Parsifal à Palerme en janvier 1882. Le 15 janvier Renoir réalise l'esquisse de son portrait. En Mars il a une première attaque cardiaque. En mai ils quittent Venise pour Bayreuth où le comte Gobineau est leur hôte.
Pour les 16 représentations du festival de juillet-août 1882, le roi a mis à disposition l'orchestre et les choeurs de l'Opéra royal de Munich dirigés par Hermann Levi. Wagner dirige la scène finale de la dernière représentation. Le 16 septembre la famille Wagner s'installe au Palais Vendramin à Venise. Le 24 décembre il dirige sa Symphonie en do majeur au Teatro La Fenice. Il meurt d'une crise cardiaque le 13 février 1883. Son corps est transporté à Bayreuth, où il repose dans le caveau du jardin de Wahnfried.
2011, France, Biopic
Réalisé par Jean-Louis Guillermou
Scénario de Jean-Louis Guillermou & Anne-Christine Caro
Photographie de Michel Cinque
Décors de Xavier Von Loren
Costumes de Virginie Teurbane
Montage d'Elisabeth Conque & Lisa Pfeiffer
Son d'Arnaud Clerici, Eric Elkoubi & Philippe Goubert
Durée 1 h 20
Avec Jean-François Balmer, Stéphane Bern, Roberto Alagna, Christine Aurel, Anne-Christine Caro, Erick Deshors, Arielle Dombasle, Henri Donnet, Michèle Mercier, Robin Renucci, Christian Vadim...
Résumé : L'intrigue se déroule sur deux périodes spatio-temporelles distinctes : aujourd'hui à Paris, et autrefois (1842-1883) dans l'Europe parcourue par le compositeur (Allemagne, Suisse, Italie). Judith est un personnage décalé par rapport à son entourage familial, social et professionnel. Son amour exacerbé pour Wagner lui permet de fuir le quotidien prosaïque dans lequel elle se trouve engluée. A travers ses récits, Judith rêve la vie de Wagner. On retrouve à plusieurs reprises des personnages de l'époque wagnérienne dans la période contemporaine. Ils interprètent bien sûr d'autres rôles, mais assurent la liaison entre l'univers imaginé par Julie et la médiocre réalité qui l'entoure. Prête-t-elle aux personnages d'autrefois les silhouettes qu'elle côtoie aujourd'hui, ou transpose-t-elle ses rêves dans la réalité présente, donnant à son entourage les traits de ces illustres personnages ?...