Francis Bacon naît à Dublin (Irlande) le 28 octobre 1909 de parents britanniques anglais alors que l'île est une région du Royaume-Uni. Le jeune peintre est un enfant maladif, asthmatique, maltraité par son père. Ce dernier est éleveur et entraîneur de chevaux. À la déclaration de la Première Guerre mondiale, il est affecté au ministère de la Guerre à Londres. La famille vit dès lors entre Londres et Dublin. Ne pouvant suivre une scolarité normale, le jeune garçon a un précepteur. Francis Bacon est rejeté par son père lorsque son homosexualité est découverte. Sa mère lui verse néanmoins une pension régulière qui lui permet de vivre à Londres.
Quittant l'Angleterre, Bacon passe plusieurs mois entre Berlin et Paris, où il mène une vie de bohème, exerçant différents métiers dont celui de peintre-décorateur d'appartements. Il réalise dessins et aquarelles. De retour à Londres, en 1928, il expose dans son atelier de Queensbury Mews. Il s'installe comme décorateur et peint ses premières toiles sous la forte influence du surréalisme et de Picasso, dont il a pu admirer les œuvres lors de son séjour à Paris à la galerie Paul Rosenberg. Les dessins d'après Picasso de cette époque, visibles dans ses carnets, montrent ainsi la façon dont Bacon s'en est inspiré, et les similitudes avec le travail de celui-ci.
Bacon est un artiste autodidacte. Parmi ses influences, on reconnaît non seulement Picasso mais aussi Diego Vélasquez, Nicolas Poussin ou encore Rembrandt. Lors d'un entretien, il affirme que l'influence du surréalisme sur son travail ne provient pas de la peinture mais des films de Luis Buñuel comme Un chien andalou. Son univers pictural aurait aussi été soumis à l'influence du cinéma expressionniste allemand.
En 1930, le journal The Studio consacre à Bacon un article après l'exposition d'arts décoratifs (meubles, peintures et gouaches) qu'il a organisée dans son atelier. À partir de 1931, Bacon abandonne peu à peu son métier de décorateur pour se consacrer exclusivement à la peinture ; pour survivre, il vit de petits métiers. En 1933, il peint Crucifixion qui est reproduite dans la revue Art Now. En 1934 se tient sa première exposition personnelle à la Transition Gallery, qui est un échec. Bacon pense arrêter la peinture. En 1936, il est refusé par l'Exposition internationale du surréalisme organisée par André Breton. Il est sélectionné, en 1937, pour l'exposition collective "Young British Painters" avec Graham Sutherland et Victor Pasmore.
Affecté à la défense civile en 1941, déclaré inapte au service militaire, Bacon s'installe un temps à la campagne puis revient à Londres et loue un atelier à Kensington. Il détruit alors quasiment tout son travail, ne conservant qu'une dizaine de toiles.
En 1945, Trois études de figures au pied d'une crucifixion provoque le scandale lors de son exposition à la Lefevre Gallery. Le tableau, d'une rare violence expressive, choque au lendemain de la Seconde Guerre mondiale où l'on préfère oublier les images d'horreur que celle-ci a engendrées. Ces corps ramassés à l'extrême, tordus et écrabouillés, musculeux, disloqués, ravagés, ces distorsions crispées, ces contractures paroxystiques, ces poses quasi acrobatiques, sont d'abord signes de fulgurances nerveuses et d'un emportement furieux, presque athlétique, plus somatiques que psychologiques de la mystérieuse animalité d'anthropoïde solitaire et désolée qui est en chaque homme. Le tableau est acquis en 1953 par la galerie Tate de Londres.
Bacon part vivre à Monaco en 1946. Son tableau Peinture 1946 est acheté par le musée d'art moderne de New York en 1948. Le peintre débute les fameuses séries de "Têtes", s'inspire de Velasquez pour la série des "Papes" et utilise les photographies d'Eadweard Muybridge comme source d'inspiration. Il rencontre le peintre Lucian Freud dont il peint un premier portrait en 1951. Par l'intermédiaire d'Isabel Lambert (Rawsthorne), il rencontre à Paris Giacometti et Picasso, mais aussi Leiris et Bataille.
En 1952, Bacon expose des paysages inspirés de la Provence et de l'Afrique du Sud, qu'il a découverte lorsqu'il y a rendu visite à sa mère l'année précédente. En 1953, il peint Deux Lutteurs.
En 1954, avec Ben Nicholson et Lucian Freud, Bacon représente la Grande-Bretagne à la XXVIIe Biennale de Venise. En 1955 se tient une première retrospective à l'Institute of Contemporary Arts de Londres. En 1956, Bacon fait un voyage au Maroc.
1957 est l'année de sa première exposition à Paris et de la création de la série des "Van Gogh" inspirée par la vie du peintre et par la destruction de ses toiles pendant la Seconde Guerre mondiale.
En 1958, Bacon signe son contrat avec la galerie Marlborough qui devient son marchand. Les expositions en galeries et les rétrospectives se succèdent à partir de cette date.
En 1959, Bacon participe à la Biennale de Sao Paulo.
En 1961, sa galerie l'installe dans une maison de deux étages située au 7 Reece Mews, South Kensington, à Londres. Son atelier est situé à l'étage, dans une petite pièce qu'il ne nettoie jamais et qui s'encombre de tubes de peinture vides et de livres, revues, journaux, photographies usagés et tachés dont il s'inspire.
En 1964, Bacon peint son premier grand triptyque, Trois études pour une crucifixion, qui est acquis par le musée Solomon R. Guggenheim de New York. Le triptyque devient une des formes conventionnelles de son travail. Bacon rencontre George Dyer qui devient son amant, son confident et son modèle pour de nombreuses toiles. C'est pendant la première rétrospective de Bacon à Paris, au Grand Palais, en 1971, que Dyer se suicide dans leur chambre d'hôtel. Bacon lui dédiera une suite de triptyques. Influencé par son ami Michel Leiris et par son goût pour la violence, Bacon réalise trois Études pour la corrida en 1969, dont l'Étude pour une corrida no 2 (musée des beaux-arts de Lyon), qui a servi pour l'affiche de la feria de Nîmes en 1992.
Au milieu des années 1970, Francis Bacon fait de fréquents séjours à Paris où il dispose d'un atelier.
De 1964 à 1971, Francis Bacon réalise une série de quatorze portraits de la peintre Isabel Rawsthorne dont le plus célèbre, "Isabel Rawsthorne debout dans une rue de Soho". Figure emblématique de Londres, Isabel Rawsthorne est une amie de longue date de Francis Bacon, ils exposaient ensemble en 1949 ! À son décès en janvier 1992, Bacon déclara qu'elle avait été son unique amour féminin avant de décéder lui-même quelques mois après.
Au long de sa carrière, Bacon affine son style, délaissant les images de violence crue de ses débuts pour préférer "peindre le cri plutôt que l'horreur". Il avance que la violence doit résider dans la peinture elle-même plutôt que dans la scène qu'elle montre.
Francis Bacon s'éteint le 28 avril 1992 alors qu'il est en voyage à Madrid (Espagne). John Edwards, son dernier compagnon, fait don de son atelier à la Hugh Lane Municipal Gallery de Dublin. L'atelier est photographié, puis déplacé et reconstruit à l'identique. Francis Bacon fut un artiste prolifique qui a laissé de très nombreux entretiens et documentaires audio et vidéo où il exprime avec clarté ce qu'est pour lui l'art de la peinture.
1998, Grande-Bretagne, Biopic
Réalisé par John Maybury
Scénario de John Maybury
Photographie de John Mathieson
Musique de Ryuichi Sakamoto
Décors de Alan Macdonald
Direction artistique de Christina Moore
Costumes de Annie Symons
Montage de Daniel Goddard
Casting de Emma Buckley & Mary Selway
Scripte de Laura Goulding
Durée 1 h 27
Avec Derek Jacobi, Daniel Craig, Tilda Swinton, Anne Lambton, Adrian Scarborough, Karl Johnson, Annabel Brooks, Richard Newbould, Anita Pallenberg...
Résumé : Évocation de la tragique relation d'un des peintres les plus controversés de la seconde moitié du XXe siècle, Francis Bacon, avec George Dyer, petit malfrat de l'East End. Alors que le monde de l'art rend hommage à Bacon au Grand Palais à Paris, Dyer, resté seul dans sa chambre d'hôtel, ingurgite un cocktail fatal. Voyage imaginaire ou coexistent jusqu'à la destruction les désirs et les souffrances de deux êtres humains...
Basquiat
Jean-Michel Basquiat, est né à Brooklyn le 22 décembre 1960 et mort le 12 août 1988 à SoHo. C'est un artiste peintre américain d'origine haïtienne et portoricaine. Il devient très tôt un peintre d'avant-garde très populaire et pionnier de la mouvance "underground". Son style est original, spontané, naïf et énergique.
Sa mère Matilde est new-yorkaise d'origine portoricaine, et son père Gérard est d'origine haïtienne. Jean-Michel a 2 jeunes sœurs : Lisane, née en 1964, et Jeanine née en 1967. Enfant précoce, Basquiat apprend à lire et à écrire à l'âge de 4 ans et parle couramment 3 langues à l'âge de 8 ans. Sa mère, qui est sensible à l'art, emmène régulièrement le jeune Jean-Michel au MoMA, et l'encourage à développer ses talents de dessinateur.
En septembre 1968, alors âgé de 7 ans, Basquiat est percuté par une voiture alors qu'il joue dans la rue avec ses amis. Il est blessé au bras et souffre de lésions internes qui nécessitent l'ablation de la rate. Pendant sa convalescence à l'hôpital, sa mère lui fait cadeau d'un livre d'anatomie intitulé Henry Gray's Anatomy of the Human Body. Cet ouvrage influencera fortement l'artiste dans la première partie de son œuvre ; il s'en inspira aussi plus tard pour baptiser son groupe de musique Gray.
Ses parents se séparent la même année. Ses 2 jeunes sœurs et lui partent vivre chez leur père pendant 5 ans, puis la famille déménage en 1974 à Porto Rico. Après 2 ans à San Juan, ils regagnent New York. Jean-Michel a 15 ans. Basquiat est envoyé dans une école spécialisée dont la méthode d'enseignement s'appuie sur le précepte de l'apprentissage pratique. Il y rencontre Al Diaz, un graffeur avec qui il se liera d'une profonde amitié. En décembre 1976, il fugue dans Greenwich Village, errant une semaine autour du Washington Square Park, avant d'être arrêté et ramené à son père.
Basquiat abandonne l'école secondaire avant la fin de ses études, quitte la maison paternelle d'où il est définitivement banni, et part s'installer avec des amis. Il subvient à ses besoins en vendant des T-shirts et des cartes postales de sa fabrication dans la rue, et en travaillant dans une boutique de vêtements.
En 1976, Jean-Michel Basquiat et ses amis Al Diaz et Shannon Dawson commencent à graffer à proximité des galeries de Manhattan des messages qu'ils signent sous le pseudonyme de SAMO, pour "Same Old shit". À la même époque Keith Haring recouvre les murs de Radiant Babies. SAMO intrigue et finit par se faire une réputation au sein de la scène d'art d'East Village. Il est invité à une émission de télévision de Glenn O'Brien, et un article lui est consacré en 1978 dans The Village Voice. Il continuera à graffer en solo jusqu'en 1979, signant la fin du projet par l'inscription SAMO IS DEAD sur les murs de SoHo. La même année, il fonde le groupe de noise rock Gray avec Shannon Dawson, Michael Holman, Nick Taylor, Wayne Clifford et Vincent Gallo.
En 1980, il joue son propre rôle dans le film indépendant Downtown 81 d'Edo Bertoglio, écrit et produit par Glenn O'Brien. O'Brien présente Jean-Michel à Andy Warhol, avec qui il collaborera plus tard. En juin, Basquiat gagne en notoriété grâce à sa participation au Times Square Show, une exposition collective d'artistes commanditée par Colab and Fashion Moda. La même année, la manifestation New York / New Wave le conduit à exposer auprès de Keith Haring, Andy Warhol et Robert Mapplethorpe. Encouragé par ce succès, il quitte le groupe Gray.
En 1981, René Ricard publie un article élogieux intitulé The Radiant Child dans le magazine Artforum, propulsant la carrière de Basquiat. Annina Nosei organise la première exposition personnelle de Jean-Michel Basquiat à New York. La galeriste Annina Nosei lui propose de s'installer dans le sous-sol de la galerie, le finance pour qu'il achète des toiles grand format, et organise sa première exposition personnelle. Il collabore à l'exposition de groupe Transavanguardia Italia / America organisée par Achille Bonito Oliva, qui expose ses travaux aux côtés d'artistes néo-expressionnistes tels que Keith Haring et Barbara Kruger, Julian Schnabel, David Salle, Francesco Clemente et Enzo Cucchi. Basquiat quitte la Galerie Annina Nosei avec fracas à la fin de l'année, passe l'hiver dans un luxueux hôtel de Los Angeles et dépense d'importantes somme d'argent en drogue.
Il participe en mars 1983 à la Biennale du Whitney Museum of American Art, devenant à 23 ans le plus jeune artiste jamais exposé dans cette exposition. Au mois d'août, il loue un atelier appartenant à Andy Warhol. Ce dernier lui suggère de suivre des cours de dessin anatomique à la New York Academy of Art, et lui recommande de placer son argent. En novembre, sous la direction de Bruno Bischofberger, marchand de Basquiat, débutent "les collaborations" qui réunissent Jean-Michel Basquiat, Andy Warhol et Francesco Clemente.
Début 1984 Basquiat part passer 3 mois à Maui, à Hawaï où il lit et peint. Il expose à la Mary Boone Gallery à son retour, qui le présente au MoMA en mai, avec la collaboration de Bruno Bischofberger.
En 1985, Basquiat fait la couverture du The New York Times Magazine pour le numéro intitulé New Art, New Money: The Marketing of an American Artist ("Art nouveau, argent nouveau, le marketing d'un artiste américain").
En octobre 1986, il se rend avec son amie Jennifer Goode pour la première fois en Afrique, à l'occasion de son exposition au Centre Culturel Français à Abidjan, en Côte d'Ivoire. Le projet a été initié par Bruno Bischofberger qui a fait intervenir Claudio Caratsch, son ami Ambassadeur de Suisse en Côte d’Ivoire, afin qu'il trouve un lieu adéquat. À l'invitation de Georges Courrèges, directeur du CCF, Philippe Briet a assuré l'installation de l'exposition consistant en 23 œuvres provenant de la collection personnelle de l'artiste, dont les maintenant célèbres tableaux Stardust (1983) et Sugar Ray Robinson (1982).
Profondément affecté par la disparition d'Andy Warhol le 22 février 1987, Basquiat commence à mener une existence recluse et produit peu. En 1988, après une année et demie d'absence, Basquiat expose à nouveau. Malgré le succès de son exposition, il se rend à nouveau à Hawaï au mois de juillet, afin de se défaire de sa toxicomanie. Il rentre à New York le 2 août et déclare en avoir fini avec la drogue. 10 jours plus tard, Jean-Michel Basquiat est retrouvé mort dans son appartement de Great Jones Street d'une overdose d'héroïne et de cocaïne.
À 27 ans, Basquiat laisse derrière lui une œuvre de plus de 800 tableaux et 1 500 dessins.
1996, USA, Biographie
Réalisé par Julian Schnabel
Scénario de Lech Majewski, Julian Schnabel & Michael Holman d'après une nouvelle de John Bowe
Photographie de Ron Fortunato
Musique de John Cale & Julian Schnabel
Décors de Dan Leigh & Susan Bode
Direction artistique de C.J. Simpson
Costumes de John A. Dunn
Montage de Michael Berenbaum
Mixage de Allan Byer
Casting de Sheila Jaffe & Georgianne Walken
Scripte de Mary Gambardella
Durée 1 h 48
Avec Jeffrey Wright, Michael Wincott, Benicio Del Toro, Claire Forlani, David Bowie, Dennis Hopper, Gary Oldman, Christopher Walken, Willem Dafoe, Parker Posey, Elina Löwensohn, Paul Bartel, Courtney Love, Tatum O'Neal, Vincent Gallo...
Résumé : Hommage à Basquiat, premier artiste noir à avoir vraiment réussi dans le puissant monde des arts, disparu en 1988 à l'âge de vingt-sept ans, à travers l'évocation de sa vie et de son œuvre...
Óscar Domínguez
Óscar Domínguez est un peintre surréaliste espagnol né le 3 janvier 1906 à La Laguna (îles Canaries) et mort le 31 décembre 1957 à Paris.
En 1927, pour surveiller les affaires de son père, riche négociant agricole, il vient pour la première fois à Paris. Il en découvre la vie nocturne, dépensant l'argent familial. En 1928, il rentre à Tenerife pour effectuer son service militaire et commence à exposer. Revenu à Paris dès 1929, il doit à la mort de son père, en 1931, gagner sa vie en réalisant des illustrations pour la publicité.
Ses premières toiles surréalistes datent de 1932. Il est, en 1934, intégré au groupe parisien dans lequel il introduit, selon André Breton, "le sifflement ardent et parfumé des îles Canaries." L'année suivante, il est à l'origine de l'organisation d'une réunion des surréalistes dans son île, que découvrent à cette occasion Breton et ses amis. Domínguez participe jusqu'en 1940 aux expositions du groupe. Sous l'Occupation, il séjourne à Marseille, à la villa Air Bel et travaille au fameux Croque fruit. Il rejoint fin 1941 son ami le poète Robert Rius à Paris et participe aux activités du groupe la Main à plume, dont il est l'un des principaux illustrateurs. Pendant cette période, il réalise sa première exposition personnelle à la galerie Louis Carré (1943, préface de Paul Éluard) où il montre une œuvre marquée de plus en plus par l'influence de Picasso. Après la guerre, cette évolution picturale lui vaut d'être écarté par Breton.
Surnommé "le dragonnier des Canaries" par André Breton, "l'ours mal léché à la tête d'hidalgo gigantesque" par le photographe Brassaï, plus simplement "Putchie" par sa maîtresse la vicomtesse de Noailles, Domínguez, personnage extrême, mythique, peut se montrer violent. Racontée par Irène Hamoir, son empoignade avec le peintre Esteban Francés en 1938 est restée célèbre dans l'histoire du surréalisme : retenu par Louis Scutenaire, Domínguez jette une bouteille au visage d'Esteban Francés, ceinturé par Victor Brauner : c'est ce dernier qui est atteint, ce qui lui fait perdre son œil gauche.
"La Nature, enfin morte, n'excite plus l'appétit. Elle s'ouvre grand comme une boîte de sardines de Domínguez, mais les sardines ne referont pas leur lit jusqu'à ce qu'il soit l'heure de dormir", écrit Benjamin Péret dans sa préface pour l'exposition surréaliste de 1937. La présence de la mort s'étend plus tard dans la peinture de Domínguez, notamment sous la forme de révolvers après la disparition de son ami Paul Éluard en 1952.
Provocateur, il avait présenté en décembre 1945, lors de la grande exposition "Surréalisme" de Bruxelles, une inscription murale géante : "Je souhaite la mort de trente mille curés toutes les trois minutes."
Óscar Domínguez se donne la mort en s'ouvrant les veines le 31 décembre 1957 dans son atelier de la rue Campagne-Première à Montparnasse. Ainsi disparaît le dernier "peintre maudit" de Montparnasse.
2008, Espagne, Biopic
Réalisé par Lucas Fernández
Scénario de Lucas Fernández & Eduardo del Llano
Photographie de Rafael Bolaños
Musique de Diego Navarro
Décors de Carlos Bodelón
Direction artistique de Carlos Bodelón
Costumes de Tatiana Hernández
Montage d'Eddy Cardellach
Montage son de Bela María da Costa
Durée 1 h 48
Avec Joaquim de Almeida, Victoria Abril, Emma Suárez, Jorge Perugorría, Jack Taylor, Paola Bontempi, Toni Cantó, Caco Senante...
Résumé : Evocation de la vie du peintre surréaliste Oscar Dominguez...
Francisco de Goya
Goya est né en 1746 à Fuendetodos, près de Saragosse (Espagne), Francisco de Goya était le fils de Gracia Lucientes et de José de Goya, maître doreur à Saragosse, où il était employé par les chanoines de la basilique du Pilar et dont les relations de travail ainsi que son oncle ont contribué à la formation artistique du futur peintre. Malgré les difficultés financières de ses parents, il est admis à l'Académie de dessin de José Luzán à Saragosse de 1759 à 1763. Le jeune Francisco a également vécu à Madrid, où il échoue plusieurs fois, entre 1763 et 1766 au concours de l'académie San Fernando, fondée en 1753.
Les années 1766-1771 correspondent à une période mal connue de la vie du peintre, où Goya est vraisemblablement resté à Madrid pour parfaire sa formation sous l'égide de Francisco Bayeu (1734-1795), un autre artiste de Saragosse protégé par Raphaël Mengs et devenu "peintre de Chambre" en 1767. Malgré les péchés de jeunesse évoqués dans sa correspondance ultérieure, Goya a surtout dû mettre à profit sa présence dans la capitale pour s'imprégner des chefs-d'œuvre contenus dans les collections royales, et notamment les fresques vigoureuses et lumineuses de Tiepolo au Palais royal. Il se présente à différents concours mais n'a aucun succès.
Après un séjour en Italie (notamment à Rome et à Parme où il participe au concours de l'Académie, obtenant une mention spéciale du jury pour sa peinture Aníbal vencedor contempla por primera vez Italia desde los Alpes bien que ses "tons heurtés" lui soient reprochés) en 1771, il revient à Saragosse, où il reçoit ses premières commandes grâce au prestige de son voyage en Italie où il a pu étudier les grands maîtres. Entré, à l'instar de son père, au service des chanoines du Pilar, il est choisi pour décorer le plafond d'une chapelle. Terminée en juillet 1772, cette fresque ouvre la voie à d'autres commandes du même genre.
Il épouse, en juillet 1773, la sœur du peintre influent Francisco Bayeu Josefa Bayeu, âgée de 26 ans. Il a plusieurs enfants avec elle mais tous meurent en bas âge, à part l'un d'entre eux : le second, Francisco Javier de Goya, né le 2 décembre 1784.
En 1775, Goya s'établit à Madrid et y obtint, probablement par l'entremise de Francisco Bayeu, sa première commande importante : des cartons (modèles de tapisserie) pour la Manufacture Royale de Santa Barbara. Ces tapisseries, destinées à décorer les salles à manger du prince des Asturies (futur Charles IV) aux palais de l'Escorial et du Prado, occupèrent Goya jusqu'en 1778 et furent suivies, entre 1778 et 1780, par une nouvelle commande du même type destinée à fournir des tapisseries pour la chambre à coucher et l'antichambre de ce même prince au Prado. Ayant obtenu l'autorisation de graver les œuvres de Diego Velázquez, Goya réalisa des aquatintes bientôt remarquées par Charles III. Cette étude des tableaux du grand maître du Siècle d'Or exerça une influence décisive sur l'œuvre du protégé de Bayeu.
Entré ainsi au service de la famille royale, Goya s'intégra aux cercles des ilustrados, ces "intellectuels" progressistes influencés par les idées des Lumières. Il rencontra ainsi le juriste Jovellanos, lié à Pedro de Campomanes et à José Moñino y Redondo de Floridablanca (dont Goya réalisa un portrait en pied en 1783), le graveur Pedro González de Sepúlveda ou le financier basque François Cabarrus. À nouveau sollicité par les chanoines du Pilar pour peindre une coupole de la basilique, il se heurta à la jalousie croissante de Bayeu qui, après avoir exigé en vain des corrections aux travaux de son beau-frère, était allé dénoncer aux commanditaires l'attitude récalcitrante de Goya, qui fut alors obligé de s'exécuter (1780-1781). Cette déconvenue devait l'éloigner durablement de Saragosse comme de son puissant beau-frère.
C'est en 1783 qu'il entra au service de Don Luis, un frère du roi, réalisant pour lui plusieurs portraits de famille dont une Famille de Don Luis (1784), un portrait de groupe baigné d'un clair-obscur intimiste inspiré de Rembrandt. Don Luis mourut l'année suivante, mais Goya retrouva un mécène en la personne du marquis de Peñafiel, futur duc d'Osuna, qui l'emploiera à plusieurs reprises. Fort de ces hautes protections, il devint, le 4 mai 1785, directeur adjoint de la peinture à l'Académie de San Fernando (il remettra par exemple un rapport sur l'enseignement de l'art en octobre 1792, sorte de manifeste révolutionnaire dans lequel il explique qu'il n'y a pas de règles en peinture et que cette dernière est une connaissance du monde).
Le 25 juin 1786, Francisco de Goya est nommé peintre du roi d'Espagne avant de recevoir une nouvelle commande de cartons de tapisseries pour la salle à manger royale et la chambre à coucher des infantes du Prado. Cette tâche, qui l'occupa jusqu'en 1792, lui donna l'occasion d'introduire certains traits de satire sociale (évidents dans Le Pantin ou Le Mariage) qui tranchent déjà fortement avec les scènes galantes ou complaisantes des cartons réalisés dans les années 1770.
En 1788, l'arrivée au pouvoir de Charles IV et de son épouse Marie-Louise (pour lesquels le peintre travaillait depuis 1775) renforça la position de Goya à la Cour, le faisant accéder au titre de peintre de la Chambre dès l'année suivante. Cependant, l'inquiétude royale vis-à-vis de la Révolution française de 1789 (dont Goya et ses amis partageaient certaines idées) provoqua la disgrâce des Ilustrados en 1790 : François Cabarrus fut arrêté, Jovellanos contraint à l'exil, et Goya temporairement tenu éloigné de la Cour.
En novembre 1792 il tomba gravement malade lors d'un voyage à Cadix. Après plusieurs mois de maladie qui le laissèrent temporairement et partiellement paralysé, il resta physiquement faible et définitivement sourd. Il apprit à lire sur les lèvres et le langage des signes. Cet événement qui le coupa du monde extérieur fut probablement à l'origine du changement de ses peintures qui devinrent plus noires.
Après la mort de Francisco Bayeu, en 1795, Goya sollicita le titre de premier peintre de la Chambre porté par son défunt beau-frère. Il n'obtint pas satisfaction mais, à la même époque, il fut élu directeur de la peinture à San Fernando, poste qu'il abandonna 2 ans plus tard en raison de ses problèmes de santé. La même année, il rencontra la duchesse d'Albe dont il réalisa plusieurs portraits (La Maja nue lui est attribuée à tort) et dont il fut, dit-on (en se basant sur un séjour commun du peintre et de la duchesse à Sanlúcar, en Andalousie), l'amant. C'est au tournant du siècle que Goya réalisa ses plus fameux chefs-d'œuvre. Parmi ceux-ci, il faut inclure plusieurs commandes royales, telles que la coupole de la chapelle royale de San Antonio de la Florida, à Madrid (1798) ou le célèbre portrait de groupe de La famille de Charles IV (1800), où le peintre rend hommage aux Ménines de Vélazquez. Il est alors à l'apogée de sa carrière et le titre de Premier peintre de la Chambre vient enfin récompenser ses efforts. Il travailla également pour l'ambitieux Manuel Godoy, dont il immortalisa la maîtresse et future femme Pepita Tudó sous les traits de la sulfureuse Maja nue (v. 1799-1800) et de la Maja vêtue.
Mais ce point culminant de la carrière de Goya est aussi marquée par une grande déception : ses Caprices (Los Caprichos), un recueil de gravures à l'eau-forte et à l'aquatinte publié en février 1799, sont censurés sous la pression de l'Inquisition. L'artiste y avait en effet glissé, parmi des images sinistres et énigmatiques mêlant la bamboche populaire au fantastique préromantique, de violentes attaques contre l'archaïsme d'une société espagnole où l'Église exerçait encore une influence liberticide à l'aube du xixe siècle.
L'invasion française de 1808 joua un rôle crucial dans la vie de l'artiste. Favorable aux idées libérales apportées par les Français mais blessé dans son patriotisme, Goya hésita en effet pendant un certain temps entre la résistance incarnée par la Junte centrale de Séville et les idées de 1789 portées par le roi Joseph, frère de Napoléon Ier. L'année 1810, pendant laquelle il commença à graver Les Désastres de la Guerre, un réquisitoire féroce contre les exactions françaises, tout en réalisant le portrait de Joseph Ier, montre bien le tiraillement qu'il ressentit alors et qui lui valut, quelques années plus tard, une réputation d'afrancesado.
En juin 1812, Josefa Bayeu, son épouse, mourut à l'âge de 65 ans. 2 mois plus tard, Wellington fit son entrée dans Madrid. Goya réalisa alors le portrait de celui qui avait vaincu les Français, manifestant ainsi son rejet de l'occupant français et son ralliement à la légitimité nationale (et, surtout, libérale) incarnée par les Cortes et le Conseil de régence de Cadix. Ainsi, quand ces dernières institutions décidèrent d'organiser un concours pour commémorer l'insurrection madrilène du 2 mai 1808, Goya s'empressa de proposer de "perpétuer par le moyen du pinceau les plus notables et héroïques actions de notre glorieuse insurrection contre le tyran de l'Europe". C'est ainsi que l'artiste peignit les célèbres Dos et Tres de Mayo (1814).
Le retour d'exil de Ferdinand VII allait cependant sonner le glas des projets de monarchie constitutionnelle et libérale auxquels Goya adhérait. S'il conserva sa place de Premier peintre de la Chambre, Goya s'alarma de la réaction absolutiste qui s'amplifia encore après l'écrasement des libéraux par le corps expéditionnaire français en 1823. Inquiété par l'Inquisition pour avoir peint La Maja nue de Manuel Godoy, frappé à nouveau par la maladie qui l'avait laissé sourd, écœuré par la politique réactionnaire de son souverain de maître, Goya fixa ses angoisses et ses désillusions dans les fameuses Peintures noires dont il décora les parois de la "maison du sourd" (située dans les environs de Madrid et achetée par le peintre en 1819).
Ce contexte sombre explique pourquoi Goya, prétextant un voyage de santé, quitta l'Espagne le 24 juin 1824 pour s'installer à Bordeaux, lieu d'exil d'autres afrancesados libéraux. Il y fut bientôt rejoint par sa compagne Leocadia Weiss et la fille de celle-ci, Rosario (qui était probablement la propre fille de Goya, ce dernier ayant vécu avec Leocadia depuis 1813). C'est dans cet exil français (ponctué de quelques séjours en Espagne) qu'il réalisa un recueil de lithographies sur le thème de la tauromachie intitulé Les Taureaux de Bordeaux (1825) et faisant suite aux estampes de la Tauromachie parues en 1816.
Âgé de 82 ans, Goya mourut à Bordeaux dans la nuit du 15 au 16 avril 1828. L'artiste fut inhumé dans le cimetière des Chartreux dans un caveau où reposait déjà son compatriote Martin Goicocchea, beau-père du fils du peintre et ancien maire de Madrid. Lors de l’exhumation en 1899, dans l’impossibilité de reconnaître les corps, ils furent renfermés tous deux dans le même cercueil et transférés dans le mausolée à la sacramental de San Isidro à Madrid. En 1919, ses restes furent transférés dans l'Église San Antonio de la Florida de Madrid, sous la coupole qu'il avait décorée.
Goya est l'ascendant, par sa descendance féminine, du peintre français Marius de Buzon.
1999, Espagne, Drame
Réalisé par Carlos Saura
Scénario de Carlos Saura
Photographie de Vittorio Storaro
Musique de Roque Baños
Décors de Pierre-Louis Thévenet & Luis Ramírez
Costumes de Pedro Moreno
Montage de Julia Juaniz
Son de Carlos Faruelo
Scripte de Margarita Fernández
Durée 1 h 42
Avec Francisco Rabal (Goya vieux), José Coronado (Goya Jeune), Maribel Verdu, Dafne Fernandez, Eulalia Ramon, Joaquim Ciment, Cristina Espinosa, Josep Maria Pou, Manuel de Blas...
Résumé : Goya, peintre 82 ans, vit ses dernières années en exil à Bordeaux. Il sait que la mort l'attend et au gré d'hallucinations il revoit sa vie amoureuse, ses temps de gloire, sa fortune... Enfin toute sa vie est retracée en flash-back dans un monde torturé, sensuel qui représente bien son univers...
Margaret D. H. Keane est né le 15 septembre 1927 à Nashville (Tennessee, USA) sous le nom de Peggy Doris Hawkins.
Margaret Keane reçoit une formation artistique à la Traphagen School of Fashion de New York. Son art lui est inspiré par sa grand-mère maternelle.
Durant les années 1960, les toiles de Margaret Keane sont vendues par son époux Walter Keane dans un club de San Francisco, le Hungry i. Celui-ci se dit l’artiste des "Big-eyes". Confronté à ses mensonges par Margaret, Walter déclare que les œuvres sont plus faciles à vendre lorsque celles-ci sont réalisées par un homme, de plus sa présence sur place favorise la vente puisque le public est heureux de rencontrer l’artiste. Pour calmer les craintes de son épouse, Walter lui demande de lui apprendre à peindre dans le style des "Big-eyes". Cependant celui-ci, dénué de talent, en est incapable et blâme sa professeure. Walter abuse de l’alcool et séquestre Margaret dans son atelier afin de la forcer à produire davantage. Les grands yeux qui ont fait son succès sont en réalité le reflet de sa propre souffrance. Ne tolérant plus cette situation et vivant dans la peur, elle décide de divorcer en 1965 et déménage à Hawaii.
En 1970, elle se remarie avec l'écrivain Dan McGuire. Elle se convertit à la religion des Témoins de Jéhovah en 1972 et est baptisée le 5 août de la même année. Elle est très attachée aux enseignements de la Bible.
Elle avoue publiquement que c'était elle, et non son mari, qui avait peint toutes les toiles au nom de ce dernier. Pendant un procès en cour fédérale en 1986, Margaret met son ex-époux au défi de prouver qu'il est bien l'auteur des tableaux et peint elle-même une toile devant le juge en 53 minutes — Walter refusant de relever le défi, prétextant une épaule endolorie —, ce qui lui permet de gagner le procès. Après jugement, elle reçoit 4 millions de dollars de dommages et intérêts.
Margaret Keane est alors de nouveau autorisée à signer ses œuvres de son nom.
2014, USA/Canada, Biopic
Réalisé par Tim Burton
Scénario de Scott Alexander & Larry Karaszewski
Photographie de Bruno Delbonnel
Musique de Danny Elfman Décors de Rick Heinrichs
Direction artistique de Chris August & Nanci Noblett
Costumes de Colleen Atwood
Montage de JC Bond
Mixage de Chris Duesterdiek
Casting de Nicole Abellera, Heike Brandstatter, Coreen Mayrs & Jeanne McCarthy
Scripte de Susan Lambie
Durée 1 h 46
Avec Amy Adams, Christoph Waltz, Danny Huston, Krysten Ritter, Jason Schwartzman, Terence Stamp, Jon Polito, Delaney Raye, Margaret Keane...
Résumé : BIG EYES raconte la scandaleuse histoire vraie de l’une des plus grandes impostures de l’histoire de l’art. À la fin des années 50 et au début des années 60, le peintre Walter Keane a connu un succès phénoménal et révolutionné le commerce de l’art grâce à ses énigmatiques tableaux représentant des enfants malheureux aux yeux immenses. La surprenante et choquante vérité a cependant fini par éclater : ces toiles n’avaient pas été peintes par Walter mais par sa femme, Margaret. L’extraordinaire mensonge des Keane a réussi à duper le monde entier. Le fim se concentre sur l’éveil artistique de Margaret, le succès phénoménal de ses tableaux et sa relation tumultueuse avec son mari, qui a connu la gloire en s’attribuant tout le mérite de son travail.
Michel-Ange
Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni dit Michel-Ange est né le 6 mars 1475 au château de Caprese à Caprese Michelangelo (Italie), de Francesca di Neri del Miniato di Siena, sa mère, et de Lodovico di Leonardo Buonarroti Simoni, son père, magistrat et podestat de Caprese et Chiusi. La famille revient dans sa maison de Settignano près de Florence, après que le père eut terminé son mandat de podestat.
En 1481, il perd sa mère et grandit ensuite chez une nourrice, femme et fille de tailleurs de pierre. Il ne retournera chez son père qu'à l'âge de dix ans.
Allant contre les vœux de son père et de ses oncles, réfractaires à l'art, Michel-Ange, après avoir étudié auprès du grammairien Francesco da Urbino, choisit malgré tout, grâce à son ami Francesco Granacci, d’être l’apprenti de Domenico Ghirlandaio pour 3 ans à partir de 1488.
Il étudie les fresques de l'église Santo Spirito de Florence et de l'église Santa Maria del Carmine et en copiant celles de Masaccio, s'attire les jalousies autant par son habileté que par ses remarques ; ces dernières lui attirant un coup de poing du sculpteur Pietro Torrigiano et lui causant une fracture du nez qui marquera à vie son visage.
Impressionné par son travail, Ghirlandaio le recommande au maître de Florence, Laurent de Médicis qui le place dans un atelier de sculpture de plein air dans les jardins de la place Saint-Marc, dirigé par le sculpteur Bertoldo di Giovanni, élève de Donatello. De 1490 à 1492, Michel-Ange devient le protégé de Laurent et est ainsi logé dans son palais. Il est influencé par un milieu libre qui fait évoluer ses idées sur l’art et ses sentiments sur la sexualité. Il admire les collections de statues de la Grèce antique accumulées par les Médicis et il se promet de devenir sculpteur. Il commence par copier un masque de faune et, devant le résultat, Laurent le récompense de 5 ducats par mois. Sur les conseils de Politien, Michel-Ange sculpte un bas-relief de la Bataille des Centaures et la Vierge à l'escalier, lesquels reflètent sa grande admiration pour Donatello.
Il pratique l'étude du corps humain et l’anatomie à l'hôpital Santo Spirito de Florence, vers 1490 (et ensuite à Rome vers 1540), collaborant à l'illustration d'un traité d'anatomie avec Realdo Colombo, médecin et ami. Les corps de Michel-Ange sont plus soumis à l’art qu'au respect strict de l'anatomie humaine (allongement du canon des figures et distorsions destinées à mettre en relief un trait moral).
Après la mort de Laurent en 1492, Pierre II de Médicis, le plus jeune fils de Laurent et le nouveau chef des Médicis, refuse d’être le mécène de Michel-Ange. C’est à cette époque que les idées de Savonarole deviennent populaires à Florence. Sous ces pressions, Michel-Ange décide de quitter la Toscane et s’installe durant 3 ans à Bologne chez son ami Gianfrancesco Aldobrandini. Il y réalisera les statues de saint Pétrone et saint Procule dans l'église Saint-Dominique. Peu après, Raffaele Riario, cardinal en titre de San Giorgio al Velabro, lui demande de venir à Rome en 1496. Sous sa commandite et influencé par l’antiquité romaine, il conçoit deux statues : Bacchus et La Pietà, commandée par le cardinal français Jean Bilhères de Lagraulas.
4 ans plus tard, Michel-Ange retourne à Florence pour y créer son œuvre la plus célèbre, le David sculpté dans un bloc de marbre de Carrare extrait des carrières du même nom par le sculpteur Agostino di Duccio. Il peint également la Sainte Famille à la tribune dite Tondo Doni. La Seigneurie lui confie une fresque dans la Salle du Conseil, La Bataille de Cascina - dite les Baigneurs - dont il réalisera le carton, mais jamais la fresque. Léonard de Vinci doit aussi effectuer la Bataille d'Anghiari dans la même salle, sans plus de succès.
Michel-Ange est de nouveau demandé à Rome, en 1505, par le nouveau pape Jules II qui le charge de réaliser son tombeau, un mausolée grandiose dans la basilique Saint-Pierre. Michel-Ange passe un an à Carrare pour chercher des blocs du marbre le plus parfait. Michel-Ange travailla durant 40 ans sans achever la tombe qui, après un projet initial de 40 statues, se finira avec 7 statues dont le Moïse. En avril 1506, après avoir été déshonoré par un valet du pape, il fuit Rome pour se réfugier à Florence, mais doit faire allégeance devant Jules II à Bologne. Il est excusé par le pape et regagne Rome en septembre. Il réalise alors et pendant un an la statue en bronze de Jules devant la cathédrale de Bologne. Cette statue sera détruite puis fondue après le retour des Bentivoglio à Bologne.
Michel-Ange reprend le projet du tombeau, cependant, sous la direction de Jules II, il doit sans cesse interrompre son travail afin d’effectuer de nombreuses autres tâches. La plus célèbre d’entre elles est la peinture monumentale du plafond de la chapelle Sixtine qui lui prend 4 années de sa vie (1508-1512). Bramante, inquiet du retour en grâce de Michel-Ange, a suggéré à Jules II ce projet qui, il en est sûr, se soldera par un échec. En mai 1508, l'artiste signe le contrat prévoyant la réalisation de fresques représentants les Douze Apôtres dans les pendentifs et des motifs ornementaux dans les parties restantes. Sur la requête de Michel-Ange qui juge le sujet trop pauvre, et aidé par les théologiens de la cour papale, il réalise les fresques des 9 histoires centrales représentant les épisodes de la Genèse, l'humanité ante Legem, avant la loi de Moïse. Dans ses Poèmes, il décrit ces 4 ans comme extrêmement éprouvants. La chapelle est ouverte le jour de la Toussaint de 1512, dans l'enthousiasme général.
En 1513, le pape Jules II meurt. Malgré leurs fréquentes disputes, ce chef de l'Église fut un grand ami de Michel-Ange et avait pour lui un profond respect. Son successeur Léon X, un Médicis, demande à Michel-Ange de terminer la façade extérieure de l’église San Lorenzo de Florence et de l’orner de sculptures. Il accepte à contrecœur, en fait les plans, mais est incapable d’accéder à cette demande : la façade de l'édifice est restée nue jusqu'à ce jour. Après la mort de Léon X, l'austère pape Adrien VI n'a aucune commande pour lui.
De retour à Florence, de 1519 à 1531, Michel-Ange réalise pour les Médicis la Sagrestia Nuova (sacristie neuve), une des Cappelle Medicee (chapelles Médicis), où il sculpte notamment les tombeaux des ducs Laurent et de Julien avant de laisser terminer l'ensemble par ses élèves. Durant le même séjour, la famille florentine lui commande la bibliothèque Laurentienne, destinée à accueillir les livres de Laurent le Magnifique : débutée en 1524, elle reste inachevée lors du départ de l’artiste et ne fut terminée qu’entre 1551 et 1571 par Ammanati.
En 1527, les citoyens de Florence renversent les Médicis et restaurent la République. Un siège de la ville suit, où Michel-Ange vient en aide à sa Florence bien-aimée en travaillant sur les fortifications de la ville en 1528 et 1529. La ville tombe en 1530 et le règne des Médicis est restauré.
En 1532, Michel-Ange revient à Rome après un séjour de plusieurs années à Florence — au cours duquel, il avait pris parti contre le pape dans le conflit avec l'empereur Charles Quint — et Clément VII lui ayant pardonné, lui demande de peindre les deux murs latéraux de la chapelle Sixtine. Il devait y représenter la Chute des anges rebelles et le Jugement dernier. Presque aussitôt, il se met à l'étude pour réaliser ce projet démesuré. Clément VII étant mort (en 1534), il songe à renoncer à ce travail pour reprendre le Tombeau de Jules II quand le pape Paul III s'y oppose et le nomme en 1535 architecte, peintre et sculpteur du Vatican. La fresque du Jugement dernier sur le mur d’autel fut seule exécutée pour n'être finalement achevée qu'en 1541.
En 1535, il rencontre Tommaso dei Cavalieri avec qui il aura une "amitié amoureuse" comme le révèlent ses poèmes. Il rencontre également Vittoria Colonna, avec qui il a de longues conversations et en qui il voit une figure divine.
Le projet du tombeau de Jules II devient un mausolée contenant un simple cénotaphe dans la basilique Saint-Pierre-aux-Liens en 1545, soit 40 ans après la commande initiale.
À partir de 1546, il est nommé architecte de la basilique Saint-Pierre. Il revient au plan en croix grecque proposé par Bramante et simplifie le dôme, lui donnant un aspect plus léger. En 1561, le pape Pie IV lui confie la construction de la basilique Sainte-Marie-des-Anges-et-des-Martyrs dans les thermes de Dioclétien, œuvre qu'il ne pourra mener à son terme.
Michel-Ange meurt, à Rome, le 18 février 1564 à l’âge de 88 ans. Six jours avant sa mort, il travaillait encore à la Pietà Rondanini. Il meurt en compagnie de Tommaso de' Cavalieri. Sa vie est décrite dans Le Vite de Giorgio Vasari et la Vie de Michel-Ange d'Ascanio Condivi. Santi di Tito participa à la préparation de ses obsèques. Selon ses volontés, son corps est rapatrié à Florence, où il est enterré dans la basilique Santa Croce à Florence, avec les honneurs nationaux. Ses funérailles qui sont l'objet d'une récupération politique, religieuse, institutionnelle et vasarienne, scellent le statut atteint par l'artiste et consacrent son mythe.
1965, USA/Italie, Historique
Réalisé par Carol Reed Scénario de Philip Dunne d'après le roman d'Irving Stone "The agony and the ecstasy"
Photographie de Leon Shamroy
Musique d'Alex North
Décors de John DeCuir & Dario Simoni
Direction artistique de Jack Martin Smith
Costumes de Vittorio Nino Novarese
Montage de Samuel E. Beetley
Son de Carlton W. Faulkner & Douglas O. Williams
Durée 2 h 18
Résumé : Rome, en l’an 1508. Revenant de livrer bataille contre des États voisins afin de renforcer le pouvoir du Saint-Siège, le pape guerrier Jules II charge Michel-Ange d’abandonner la sculpture des 40 statues qu’il lui a commandées pour son tombeau, afin de décorer le plafond de la Chapelle Sixtine. Prétextant qu’il n’est pas peintre, Michel-Ange refuse. Il ne peut toutefois résister longtemps aux ordres du pape. Mais bientôt, découragé par la médiocrité de ses premières esquisses, il les détruit et s’enfuit. Caché dans les carrières de Carrare, il échappe aux soldats lancés à ses trousses. Puis un soir, sur la montagne, devant un coucher de soleil, il a une vision de la Genèse. Ramené au pape, il apaise la colère du pontife en implorant son pardon et affirme qu’il a enfin trouvé l’inspiration...
Prix & Récompenses : David Di Donatello 1966 : Meilleur producteur étranger.
Amedeo Modigliani
Amedeo Clemente Modigliani est né le 12 juillet 1884 à Livourne (Italie) et est décédé le 24 janvier 1920 à Paris (France).
Né au sein d'une famille romaine d'origine juive séfarade, Amedeo est le quatrième enfant d'un homme d'affaires ruiné, Flaminio Modigliani et d'Eugénie Garsin qu'il a épousé en 1872. Son enfance est pauvre et marquée par la maladie. À 14 ans, il subit une attaque de typhoïde et 2 ans plus tard une tuberculose. En 1898, son frère de 26 ans, Emmanuel, est condamné à six mois de prison pour anarchisme.
En 1902, il s'inscrit à l'école libre du nu, la Scuola Libera di Nudo de l'Accademia di Belle Arti à Florence dirigée par le professeur Giovanni Fattori, le peintre chef de file des Macchiaioli, à Florence et l'année suivante à l'Institut des arts de Venise où il fréquente les bas-fonds.
En 1906, il déménage à Paris, alors le centre de l'avant-garde, dans le Bateau-Lavoir, un phalanstère pour prolétaires de Montmartre. D'abord influencé par Toulouse-Lautrec, il s'inspire de Paul Cézanne, du cubisme et de la période bleue de Picasso. Il est remarqué pour sa vitesse d'exécution. Il ne retouche jamais ses tableaux mais ceux qui ont posé pour lui ont dit que c'était comme avoir son âme mise à nu. En 1909, il fait un court séjour à Livourne, malade et usé par son mode de vie. Il revient à Paris et loue un studio à Montparnasse. Il se considère au début plus comme un sculpteur que comme un peintre, se consacrant à cet art après que Paul Guillaume, un jeune et ambitieux négociant, lui a présenté Constantin Brancusi.
En 1910 il fait la rencontre de la poétesse russe, Anna Akhmatova, et sont amoureux pendant le temps qu'elle vit à Paris. Il découvre l'art nègre et cambodgien au Musée de l'Homme. Ses statues sont reconnaissables à leurs yeux en amande, la bouche petite, les nez fins et longs et les cous allongés. Une série fut présentée au Salon d'automne de 1912, mais sa mauvaise santé lui fait abandonner cette voie brutalement ; les poussières et l'épuisement l'obligent à se consacrer seulement à la peinture. Il fait le portrait des habitués de Montparnasse, comme Soutine qui avait un "gosier en pente", Diego Rivera, Juan Gris, Léopold Survage, Max Jacob, Blaise Cendrars, Foujita, Jean Cocteau et Raymond Radiguet...
Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, il essaye de s'engager dans l'armée mais sa santé précaire le fait réformer.
Connu comme "Modì" par ses amis, Amedeo est magnétique pour la gent féminine. Il a beaucoup d'aventures jusqu'à ce que Beatrice Hastings entre dans sa vie. Elle reste avec lui pendant presque 2 ans, étant le modèle pour plusieurs portraits comme "Madame Pompadour". Sous l'effet de l'alcool, il est maussade et violent, comme le montre le dessin de Marie Vassilieff. À jeun, il est gracieusement timide et charmant, citant Dante Alighieri et récitant des poèmes du comte de Lautréamont Les Chants de Maldoror dont il garde un recueil en permanence auprès de lui.
En 1916, il se lie avec le poète et marchand d'art polonais Léopold Zborowski et sa femme Hanka. Modigliani le peint plusieurs fois ne faisant payer que 10 francs par portrait.
L'été suivant, le sculpteur russe Chana Orloff lui présente Jeanne Hébuterne, une belle étudiante de 18 ans inscrite à l'Académie Colarossi, et qui avait notamment posé pour Foujita. Lorsque la famille bourgeoise de Jeanne apprend sa liaison avec celui qu'elle considérait comme un débauché et une épave, elle lui coupe les vivres. Leurs relations très orageuses deviennent bientôt encore plus célèbres que le comportement de Modigliani ivre.
Chargé des affaires du peintre, Zborowski propose à la marchande de tableaux d'avant-garde Berthe Weill d'organiser une exposition dans sa galerie du 50 rue Taitbout à Paris.
Le 3 décembre 1917 s'ouvre le vernissage interrompu précipitamment par l'invitation de la galeriste à se rendre manu-militari au commissariat faisant face à sa boutique. Parmi les 32 œuvres exposées, 4 toiles posent problème et ordre est donné de les décrocher. La galeriste, connue pour ne pas se laisser faire, interroge le commissaire pour connaître les raisons de cette censure, il lui est répondu : "Ces nus, ils ont des poils!". L'exposition a néanmoins continué jusqu'à son terme prévu le 30 décembre 1917 même si malgré sa résistance, Berthe Weill est contrainte de se résoudre à ne plus présenter les nus. Avec ce scandale, aucun tableau n'est vendu.
À cause de problèmes de santé, Zborowski l'envoie à Nice avec Jeanne Hébuterne, qui accouche fin 1918 d'une fille prénommée Giovanna. Il peint de plus grands formats et éclaircit ses couleurs, il peindra les 4 seuls paysages que l'on connaisse de lui.
En mai 1919, il retourne à Paris pour s'installer rue de la Grande-Chaumière.
En 1920, son état de santé se détériore rapidement. Il fait son autoportrait. N'ayant pas entendu parler de lui depuis plusieurs jours, Manuel Ortiz de Zárate le trouve délirant dans son lit tenant la main de Jeanne enceinte de près de 9 mois. Le docteur ne peut que constater son état désespéré.
Il meurt d'une méningite tuberculeuse le 24 janvier 1920.
Les funérailles sont suivies par les communautés d'artistes de Montmartre et Montparnasse. Jeanne Hébuterne, qui avait été conduite chez ses parents, se donne la mort en se jetant d'une fenêtre au cinquième étage, 2 jours après le décès de Modigliani.
1958, France, Drame
Réalisé par Jacques Becker
Assistant réalisateur : Jean Becker
Scénario de Jacques Becker, Henri Jeanson & Max Ophuls d'après le roman "Les Montparnos" de Michel-Georges Michel
Photographie de Christian Matras Musique de Paul Misraki Décors de Jean D'Eaubonne Costumes de Georges Annenkov & Jacques Heim
Montage de Marguerite Renoir Son de Pierre-Louis Calvet Scripte de Sophie Becker
Durée 1 h 48
Avec Gérard Philipe (Amedeo Modigliani), Anouk Aimée (Jeanne Hébuterne), Lilli Palmer, Gérard Séty, Lino Ventura, Lea Padovani, Marianne Oswald, Lila Kedrova, François Joux, Harry-Max, Judith Magre, Jacques Marin, François Perrot, Jany Clair, Bruno Balp, Stéphane Audran, René Berthier, Pierre Richard, Véronique Silver...
Résumé : Dans le Montparnasse des années 1919-1920, le jeune Modigliani noie son amertume dans l'alcool. Il tombe amoureux de Jeanne et en dépit de l'opposition de sa famille, la jeune fille décide de partager la vie de l'artiste. Le couple brave les difficultés du quotidien, mais Modigliani ne rencontre que des échecs et replonge dans la débauche. Tandis que le peintre meurt à l'hôpital, un acheteur fait l'acquisition de plusieurs de ses toiles en présence de Jeanne qui attend le retour de Modigliani, pleine d'espoir...
Pablo Picasso
Pablo Picasso est né le 25 octobre 1881 à Malaga (Espagne) et il est décédé le 08 avril 1973 à Mougins (France).
Il est principalement connu pour ses peintures, et est l'un des artistes majeurs du XXe siècle. Il est, avec Georges Braque, le fondateur du mouvement cubiste. Son nom complet était Pablo Diego Jose Francisco de Paula Juan Nepomuceno Crispin Crispiniano de la Sentissima Trinidad Ruiz Picasso. Le père de Picasso, Don José Ruiz y Blanco, était peintre et professeur de dessin à l'école de Malaga appelée "San Telmo". Il est en outre conservateur du musée municipal, issu d'une vieille famille bien considérée de la province de Leon, au nord-ouest de l'Espagne. La maman de Picasso, Dona Maria est pour sa part originaire d'Andalousie et a des origines arabes.
Picasso a ainsi commencé la peinture dès son plus jeune âge et réalise ses premiers tableaux dès 8 ans. En 1896, il entre à l'école des Beaux-arts de Barcelone. Signant d'abord du nom de son père, Ruiz Blanco, il choisit finalement d'utiliser le nom de sa mère, Picasso, à partir de 1901.
La période bleue correspond aux années 1901-1903. Elle tire son nom du fait que le bleu est la teinte dominante de ses toiles à cette époque, qui a débuté avec le suicide de son ami Carlos Casagemas ce qui explique qu'elle soit marquée par les thèmes de la mort, de la vieillesse et de la pauvreté.
À partir de 1904, il s'installe à Paris, au Bateau-Lavoir. Il y rencontre sa première femme : Fernande Olivier. C'est le début de la période rose. Comme précédemment, c'est l'utilisation des teintes rosées dominantes qui explique cette dénomination. Les thèmes abordés restent mélancoliques et dominés par les sentiments ; on y trouve aussi de nombreuses références au monde du cirque. Picasso privilégia pendant cette période le travail sur le trait, le dessin, plutôt que sur la couleur.
De 1906 à 1914, il réalise avec Georges Braque des peintures qui seront appelées cubistes. Elles sont caractérisées par une recherche sur la géométrie et les formes représentées : tous les objets se retrouvent divisés et réduits en formes géométriques simples, souvent des carrés. Cela signifie en fait qu'un objet n'est pas représenté tel qu'il apparaît visiblement, mais par des codes correspondant à sa réalité connue. Un même personnage sera par exemple représenté à la fois de profil et de face. Par la suite, les peintures sont devenues des collages, intégrant diverses sortes de matériaux (tissu, carton...).
Picasso revient ensuite pendant quelques années au figuratif, avec notamment des portraits familiaux. Dans les années 1920, il se rapproche du mouvement surréaliste. Les corps représentés sont difformes, disloqués, monstrueux. À la suite du bombardement à Guernica pendant la guerre civile espagnole, en 1937, Picasso réalise l'une de ses œuvres les plus célèbres, appelée aussi Guernica. Elle symbolise toute l'horreur de la guerre et la colère ressentie par Picasso à la mort de nombreuses victimes innocentes.
Très opposé à la guerre, il peint la célèbre Colombe de la paix. Pendant la guerre, en avril 1940, il fait à l'administration française une demande de naturalisation. Mais la citoyenneté française lui est refusée, malgré des dizaines d'années de résidence en France. Sur la foi, notamment, d'une fiche des Renseignements généraux qui le décrit comme "un anarchiste considéré comme suspect au point de vue national" et comme "un peintre soi-disant moderne".
Il adhère en 1944 au parti communiste. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ses tableaux deviennent plus optimistes, plus gais, montrant, comme l'indique le titre d'un tableau de 1945, la Joie de vivre qu'il ressent alors.
Résumé : Sur l'écran qui fait office de toile, le crayon de Picasso court avec fermeté et souplesse, un dessin s'élabore, seul s'entend le crissement du fusain. Dès le deuxième tableau, qui sera suivi d'une dizaine d'autres, une musique riche et variée accompagne le mystérieux cheminement de la création artistique. Clouzot a, pour la première fois, l'idée de filmer un peintre au travail et plonge le spectateur au cœur de la naissance lente et difficile de son œuvre...
Prix & Récompenses : Festival de Cannes 1956 : Prix spécial du Jury.
1996, USA, Biopic
Réalisé par James Ivory
Scénario de Ruth Prawer Jhabvala d'après le livre d'Arianna Huffington "Picasso : Creator and Destroyer"
Photographie de Tony Pierce-Roberts
Musique de Richard Robbins
Décors de Luciana Arrighi, Denis Mercier & Marie-Laure Valla
Direction artistique de Geoffroy Larcher & Andrew Sanders
Costumes de Carol Ramsey
Montage d'Andrew Marcus
Mixage de Bernard Bats
Casting de Celestia Fox
Scripte d'Anna Worley
Durée 2 h 05
Avec Anthony Hopkins, Natascha McElhone, Julianne Moore, Joss Ackland, Dennis Boutsikaris, Peter Eyre, Peter Gerety, Susannah Harker, Joseph Maher, Bob Peck, Diane Venora, Dominic West, Joan Plowright, Vernon Dobtcheff...
Résumé : A Paris, en 1943, Françoise Gilot a 23 ans quand elle fait la connaissance de celui que le monde de l'art considère déjà comme le plus grand peintre et artiste du XXe siècle. Séduit, Pablo Picasso tombe immédiatement amoureux d'elle, malgré leur très grande différence d'âge. Françoise doit néanmoins composer avec toutes les anciennes compagnes du peintre espagnol. Picasso poursuit ainsi sa liaison avec Marie-Thérèse, dont il a une fille. Il continue également à fréquenter sa première épouse, Dora Maar. Si Françoise accepte toutes ces "concubines", elle doit également supporter les sautes d'humeurs et les incessants caprices de l'artiste...
2012, Espagne, Comédie Policière
Réalisé par Fernando Colomo
Scénario de Fernando Colomo
Photographie de José Luis Alcaine
Musique de Juan Bardem
Décors de Patrice Vermette
Direction artistique de Tibor Lázár
Costumes de Vicente Ruiz
Montage de Antonio Lara & María Lara
Montage son de Eduardo Castro
Casting de Pierre-Jacques Bénichou & Laura Cepeda
Scripte de Krisztina Szigeti
Durée 1 h 37
Avec Stanley Weber, David Coburn, Louise Monot, Alexis Michalik, Thomas Jouannet, Raphaëlle Agogué, Barnabás Tóth, Jordi Vilches, Lionel Abelanski, Ignacio Mateos, Eszter Tompa, Pierre Benezit...
Résumé : Paris, 1911. Les avant-gardes européennes ont élu domicile dans la ville-lumière. Lorsque la Joconde est volée, l'annonce de la nouvelle met la communauté en émoi. La police fait son enquête et arrête Pablo Picasso et Guillaume Apollinaire. Le film fait partie des premières années de Pablo Picasso à Paris, quand il était un peintre méprisé et anonyme. Pour l'inspiration, Picasso décide d'acheter une statuettes, a un personnage énigmatique appelé Baron, sans savoir qu'elle a été volés au musée du Louvre. La figurine n'est que le début d'une série de vols qui mèneront au vol de la célèbre Joconde. Picasso et son ami Apollinaire sont accusés. C'est une histoire vraie que Picasso a essayé de garder secrète tout au long de sa vie...
Rembrandt
Rembrandt Harmenszoon van Rijn, habituellement désigné sous son seul prénom de Rembrandt est né le 15 juillet 1606 et est décédé le 4 octobre 1669.
Il est généralement considéré comme l'un des plus grands peintres de l'histoire de l'art baroque européen, et l'un des plus importants peintres de l'École hollandaise du XVIIe siècle. Rembrandt a également réalisé des gravures et des dessins. Il a vécu pendant ce que les historiens appellent le siècle d'or néerlandais, durant lequel culture, science, commerce et influence politique de la Hollande ont atteint leur apogée.
Rembrandt a réalisé près de 400 peintures, 300 eaux fortes et 300 dessins. La centaine d'autoportraits qu'il a réalisés tout au long de sa carrière permet de suivre son parcours personnel, tant physique qu'émotionnel. Le peintre représente, sans complaisance, ses imperfections et ses rides.
Une des caractéristiques majeures de son œuvre est l'utilisation de la lumière et de l'obscurité, qui attire le regard par le jeu de contrastes appuyés. Les scènes qu'il peint sont intenses et vivantes. Ce n'est pas un peintre de la beauté ou de la richesse, il montre la compassion et l'humanité, qui ressortent dans l'expression de ses personnages, qui sont parfois indigents ou usés par l'âge. Ses thèmes de prédilection sont le portrait (et les autoportraits) ainsi que les scènes bibliques et historiques. Rembrandt représente aussi des scènes de la vie quotidienne, et des scènes populaires. Sa famille proche, Saskia, sa première femme, son fils Titus et sa deuxième femme Hendrickje Stoffels apparaissent régulièrement dans ses peintures. Il a exécuté peu de paysages peints et de thèmes mythologiques.
Rembrandt est le huitième enfant (sur dix) d'un père meunier sur le Rhin (Harmen Gerritszoon) et d'une mère fille de boulanger, Rembrandt est né à Leyde, aux Provinces-Unies. Il passe son enfance et le début de sa vie de peintre dans sa ville natale, après avoir étudié le latin et effectué un bref passage à l'Université de Leyde, où il fut inscrit mais où il n'étudia probablement jamais.
En 1621, il décide de se consacrer entièrement à la peinture et devient apprenti dans le système d'apprentissage normal chez un artiste local, Jacob van Swanenburgh. Après 6 mois d'apprentissage à Amsterdam chez le plus important maître de l'époque, Pieter Lastman, il ouvre un atelier à Leyde qu'il partage probablement avec son ami Jan Lievens de Leyde, lui aussi ancien apprenti de Lastman, qui l'initie probablement à l'eau-forte. En 1627, Rembrandt enseigne déjà à des apprentis, dont le premier était Gerard Dou qui entra dans son atelier en 1628, et probablement commença avec la préparation des panneaux et toiles et des peintures, qui étaient tous faits à la main dans les ateliers des peintres.
En 1631, après avoir acquis une certaine notoriété, il se voit proposer de multiples commandes de portraits issues d'Amsterdam, l'obligeant à s'installer dans cette ville. Un important marchand d'art lui offre le gîte, Hendrick van Uylenburgh dont il épouse la nièce Saskia van Uylenburgh le 22 juin 1634. Ce dernier l'introduit dans le cénacle de la haute société et favorise sa réputation, ce qui lui vaut de nombreuses commandes de portraits - plus de 50 - de patriciens dans les années 1631-1634. Rembrandt a aussi réalisé plusieurs portraits de sa femme entre 1633 et 1634.
En 1639, Rembrandt et Saskia, qui vivent désormais dans l'opulence, vont habiter une maison cossue (qui deviendra le Musée de Rembrandt) de Jodenbreestraat, dans le quartier juif. Trois de leurs enfants meurent peu après la naissance. Le quatrième, Titus, né en 1641 atteindra l'âge adulte. Saskia meurt d'une phtisie en 1642 à l'âge de 30 ans. Le sommet artistique de cette période est La Ronde de nuit, fini en 1641, mesurant 440 x 500 cm (plus tard diminué), en faisant le portrait de 18 membres d'une milice civile, d'une façon dynamique révolutionnaire pour son temps.
Entre 1643 et 1649, Rembrandt partage ensuite sa vie avec sa servante Geertje Dircx, jeune veuve sans enfant, qui prend en charge le bébé Titus. Geertje entame et gagne un procès contre Rembrandt sur le sujet de promesse de mariage, mais Rembrandt la fait enfermer dans un asile d'aliénés. Il doit alors affronter un certain nombre de difficultés. Sa production de peintures continue, mais sa production d'eaux-fortes monte et connait un grand succès commercial et international.
En 1645, Hendrickje Stoffels, plus jeune que Geertje, devient une nouvelle servante de la maison, et remplace Geertje comme concubine. En 1654, ils ont une fille, Cornelia, ce qui leur vaut un blâme de l'Église qui leur reproche de "vivre dans le péché".
Rembrandt vivant au-dessus de ses moyens, achetant des pièces d'art, des costumes dont il se sert souvent dans ses peintures, n'arrive plus à honorer ses dettes en 1656. Il est alors contraint de vendre sa maison et de se contenter d'un logis plus modeste sur Rozengracht. Hendrickje et Titus y installent une boutique d'art pour faire vivre la famille, car là, malgré la renommée de Rembrandt qui continue à croître, les commandes diminuent en nombre, mais pas en importance : par exemple le prince Antonio Ruffo de Sicilie commande 3 grandes peintures à partir de 1653-57, mais une grande toile en 1660 (La Conjuration de Claudius Civilis) pour la nouvelle mairie d'Amsterdam, est refusée et retournée (maintenant dans le musée national de Stockholm). Il survit pourtant aux disparitions de Hendrickje (décédée en 1663) et Titus, mort en 1668. Sa fille Cornelia, sa belle-fille Marguerite et sa petite-fille Titia sont à ses côtés quand il meurt le 4 octobre 1669 à Amsterdam. Désargenté, il est inhumé dans l'église Westerkerk, où plus aucune trace de l'enterrement ne subsiste aujourd'hui.
Source : Wikipédia
1977, Pays-Bas, Drame
Réalisé par Jos Stelling
Scénario de Wil Hildebrand, Jos Stelling & Chiem van Houweninge
Photographie de Ernest Bresser
Musique de Laurens van Rooyen
Décors de Gert Brinkers
Direction artistique de Gert Brinkers
Montage de Jan Overweg
Durée 2 h 00
Avec Frans Stelling, Ton de Koff, Lucie Singeling, Aya Gill, Hanneke van der Velden, Ed Kolmeijer, Henk Douze...
Résumé : Le film raconte la vie du maître légendaire Rembrandt van Rijn à partir de son arrivée à Amsterdam en tant que peintre reconnu. On y découvre les démêlés amoureux et les difficultés financières d’un homme tourmenté...
2007, Grande-Bretagne/Pologne/Canada/Pays-Bas, Biographie
Réalisé par Peter Greenaway
Scénario de Peter Greenaway
Photographie de Reinier van Brummelen
Musique de Wlodzimierz Pawlik
Décors de Maarten Piersma & Dory van Noort
Direction artistique de Rosie Stapel & James Willcock
Costumes de Jagna Janicka & Marrit van der Burgt
Montage de Karen Porter
Son d'Inna Zelentsova
Casting de Corinne Clark, Janusz Gosschalk, Weronika Migon, Tania Polentarutti, Marina Wijn & Peter Wooldridge
Durée 2 h 14
Avec Martin Freeman, Emily Holmes, Eva Birthistle, Jodhi May, Toby Jones, Jonathan Holmes, Michael Teigen, Kevin McNulty, Andrzej Seweryn, Michael Culkin...
Résumé : 1654, Amsterdam. Rembrandt se réveille en sursaut : il vient de rêver qu’il est aveugle. Ce cauchemar le replonge 12 ans en arrière, en 1642, alors qu’il travaille sur son œuvre la plus célèbre, La Ronde de Nuit. Alors que le peintre est au sommet de son art et de sa gloire, la milice des Mousquetaires d’Amsterdam lui demande un portrait de groupe. Malgré sa réticence face à ces soldats amateurs et fats ne cherchant qu’à se pavaner, Rembrandt accepte : sa femme Saskia est enceinte, et cette toile monumentale assurerait un futur stable à cet enfant longtemps désiré. Mais le peintre a un mauvais pressentiment et sait déjà que cette toile ne sera pas qu’un simple portrait de groupe. Il ne sait pas peindre avec complaisance et pressent que ce tableau précipitera sa chute...
Andreï Roublev
Andreï Roublev, connu également sous le nom de Andrey Rublyov ou bien encore Saint André l'Iconographe depuis sa canonisation en 1998 par l’Église orthodoxe russe est un moine considéré comme le plus grand peintre médiéval d'icônes russes orthodoxes et dont la célébrité a franchi les siècles jusqu'à nos jours.
On sait peu de choses sur sa vie y compris son lieu de naissance. Andreï décida de devenir moine et rejoignit tout d'abord le monastère de Saint Andronic à Moscou mais il ne s'adonna à l'iconographie qu'après avoir rejoint le monastère de la Sainte Trinité fondé par Saint Serge. Il est par ailleurs réputé pour avoir décoré la cathédrale de l'Annonciation du Kremlin avec Théophane le Grec en 1405, la cathédrale de l'Assomption avec Daniel à Vladimir en 1408 et l'église de la Trinité dans le monastère de la Trinité Saint Serge en 1422. Andreï Roublev mourut dans l'église de la Transfiguration le 3 janvier 1430 après de nombreuses années passées dans le monastère de Saint Andronic, malheureusement l'emplacement de sa sépulture est aujourd'hui oublié. Notons enfin qu'Andreï Roublev a été canonisé par l'Église orthodoxe en 1988 et qu'il est fêté le 4 juillet.
Son œuvre est caractéristique de la tradition byzantine, mais il a introduit dans ses représentations plus de souplesse, de douceur. On ne lui connaît qu'une seule œuvre peinte entièrement par lui, l'Icône de la Trinité. Toutes ses autres œuvres connus sont en collaboration avec d'autres peintres. Ses icônes sont toujours pleines de paix et de calme et à ce titre, il est le précurseur du style de toutes les icônes peintes jusqu'à nos jours.
La seule œuvre authentifiée comme peinte entièrement par Roublev et uniquement par lui est la plus connue, encore largement diffusée de nos jours, l'Icône de la Trinité. Cette icône peinte entre 1420 et 1427 est actuellement visible au à la galerie Tretiakov à Moscou. L'icône d'origine, telle qu'est exposée à la galerie Tretiakov mesure environ 1 mètre de large pour un 1 mètre 50 de haut et se présente sous la forme d'un triptyque. Elle est inspirée par une précédente icône connue sous le nom de "Hospitalité de Abraham". Roublev enleva les représentations de de Abraham et de Sarah et par une subtile utilisation de la composition et du symbolisme, centra le sujet sur le mystère de la Sainte Trinité.
1966, Union Soviétique, Biographie
Réalisé par Andreï Tarkovski
Scénario d'Andreï Tarkovski & Andreï Mikhalkov-Kontchalovski
Photographie de Vadim Yusov
Musique de Vyacheslav Ovchinnikov
Décors de Yevgeni Chernyayev, Ippolit Novoderyozhkin & Sergei Voronkov
Costumes de Maya Abar-Baranovskaya & Lidiya Novi
Montage de Lyudmila Feiginova, Olga Shevkunenko & Tatyana Yegorychyova
Son d'Inna Zelentsova
Durée 3 h 06
Avec Anatoliy Solonitsyn, Ivan Lapikov, Nikolay Grinko, Nikolai Sergeyev, Irma Raush, Nikolay Burlyaev, Yuriy Nazarov, Yuri Nikulin...
Résumé : La vie et l'œuvre du grand artiste peintre russe Andreï Roublev, célèbre auteur d'icônes religieuses, pendant l'époque tourmentée du XVe siècle en Russie, au milieu des guerres entre princes et des invasions barbares...
Prix & Récompenses : Festival de Cannes 1969 : Prix de la critique internationale - FIPRESCI.
Séraphine
1864 - Naissance de Séraphine le 2 septembre, à Arsy-sur-Oise. Son père est un petit horloger, sa mère est fille de ferme. Enfant, Séraphine se partage entre l'école et les champs.
1877 - À 13 ans, Séraphine est placée comme bonne à Paris. Plus tard employée dans une institution de jeunes filles, elle s'initie à l'art en observant les cours du professeur de dessin.
1882 - À 18 ans, Séraphine est engagée comme bonne à tout faire chez les sœurs du couvent de Saint-Joseph-de-Cluny, à Senlis, où elle va rester 20 ans.
1902 - Séraphine se place comme bonne.
1905 - C'est son ange gardien qui, selon elle, suggère à Séraphine de dessiner puis de peindre. Très pieuse, Séraphine est familière de ces apparitions et de ces “voix” qui l'accompagneront jusqu'à la fin de sa vie.
1912 - Rencontre avec le collectionneur allemand Wilhelm Uhde, qui loue à Senlis un appartement de deux pièces où Séraphine fait une heure de ménage tous les matins. Invité chez des petits bourgeois locaux, Uhde est séduit par une nature morte représentant des pommes. Apprenant qu'il s'agit d'une oeuvre de Séraphine, il encourage très vivement celle-ci à travailler.
1914 - Déclaration de guerre. Départ d'Uhde pour l'Allemagne après la saisie de ses biens.
1927 - De retour en France, W. Uhde s'installe à Chantilly. Alors qu'il visite une exposition de peintres locaux à l'Hôtel de Ville de Senlis, il "redécouvre" Séraphine et décide de soutenir sa carrière. Pour faciliter le travail de Séraphine, Uhde lui fait régulièrement livrer de grandes toiles et
des couleurs et la soutient financièrement. C'est le début de la notoriété, des premiers articles dans les journaux, des premières ventes...
1929 - W. Uhde organise à Paris l'exposition "Les peintres du Coeur sacré". Quelques toiles de Séraphine côtoient celles du douanier Rousseau. De nombreuses oeuvres entrent dans des collections privées, des amateurs la visitent à Senlis, on parle d'elle. C'est une période de relative opulence où Séraphine donne libre cours à son tempérament "fantasque", dépensant sans compter.
1930 - La crise économique complique encore la situation financière de W. Uhde, déjà précaire. Ces considérations matérielles, qui échappent totalement à Séraphine, plongent celle-ci dans un état d'anxiété et d'incompréhension.
1931 - Les "extravagances" d'hier ont pris des proportions telles qu'on peut y voir les signes d'une véritable altération mentale. Séraphine parle toute seule, harangue les passants, annonçant la fin du monde, divaguant, hurlant à la persécution.
1932 - Le 31 janvier, Séraphine fait scandale à Senlis. Les gendarmes la conduisent à l'hôpital de la ville, où le diagnostic est sans appel: "Idées délirantes systématisées de persécution, hallucinations psycho-sensorielles, troubles de la sensibilité profonde...". Le 25 février, Séraphine est internée à l'asile psychiatrique de Clermont-de-l'Oise. Elle refusera désormais de peindre. La même année, ses oeuvres sont exposées à Paris au sein de l'exposition "Les primitifs modernes".
1934 - Dans son ouvrage "Cinq maîtres primitifs" (1949), W. Uhde date la mort de Séraphine à cette année 1934, information sur laquelle on se perd en interprétations.
1937 & 1938 - Exposition "Les maîtres populaires de la réalité", à Paris, puis Zurich et enfin au MOMA de New-York.
1942 - Exposition "Les primitifs du XXe siècle" à Paris. Mort de Séraphine, le 18 décembre, à l'hôpital psychiatrique de Clermont-de-l'Oise. Elle a
78 ans. On l'enterre dans la fosse commune.
1945 - Sur l'initiative de W. Uhde, première exposition entièrement consacrée à Séraphine, Galerie de France à Paris.
2008, France/Belgique, Drame
Réalisé par Martin Provost
Scénario de Martin Provost & Marc Abdelnour
Photographie de Laurent Brunet
Musique de Michael Galasso
Décors de Thierry François & Catherine Jarrier-Prieur
Costumes de Madeline Fontaine
Montage de Ludo Troch Son de Philippe Vandendriessche
Mixage d'Emmanuel Croset Montage son de Ingrid Ralet
Casting de Brigitte Moidon
Scripte de Christine Raffa-Catonné
Durée 2 h 05
Avec Yolande Moreau, Ulrich Tukur, Anne Bennent, Geneviève Mnich, Nico Rogner, Adélaïde Leroux, Serge Larivière, Françoise Lebrun...
Résumé : En 1913, le collectionneur allemand Whilhelm Uhde, premier acheteur de Picasso et découvreur du douanier Rousseau, loue un appartement à Senlis pour écrire et se reposer de sa vie parisienne. Il prend à son service une femme de ménage, Séraphine, 48 ans. Quelques temps plus tard, il remarque chez des notables locaux une petite toile peinte sur bois. Sa stupéfaction est grande d’apprendre que l’auteur n’est autre que Séraphine. S’instaure alors une relation poignante et inattendue entre le marchand d’art d’avant-garde et la femme de ménage visionnaire...
Prix & Récompenses :
César 2009 : Meilleur film, meilleure actrice, meilleur scénario original, meilleure musique écrite pour un film, meilleure photographie, meilleurs décors & meilleurs costumes.
Prix Lumières 2009 : Meilleure actrice.
Toulouse-Lautrec
En 1864 exactement le 24 novembre Henri Marie Raymond de Toulouse Lautrec Monfa naît à Albi.
En 1872 sa famille s'installe à Paris. Pendant son séjour à Paris Toulouse-Lautrec fréquente l'atelier du peintre animalier bordelais René Princeteau qui fut aussi le premier maître de Lautrec.
En 1874 la famille retourne à Albi où la comtesse aidée de précepteurs choisis dirigera les études de son fils.
En 1878 il tombe d'une chaise dans sa maison natale et se brise la jambe gauche.
En 1879 à Barèges au cours d'une promenade avec sa mère il roule dans un fossé et se brise le fémur droit. Il devient désormais estropié à vie.
En 1880 il illustre Cocotte un conte manuscrit de son ami Etienne Devisme rencontré à Barèges.
En 1881 après un échec en juillet à Paris, Henri passe la première partie du baccalauréat en octobre à Toulouse et arrête là ses études. Pendant son séjour à Nice dans la même année, il peint et dessine. René Princeteau décide les parents d'Henri à permettre à leur fils d'étudier la peinture à Paris chez Bonnat.
En 1883 il passe dans l'atelier Chez Cormon. Il y rencontre des artistes tels qu'Émile Bernard (Créateur de l'école de Pont Aven) ou encore Vincent Van Gogh.
En 1884 il installe son propre atelier à Paris dans le quartier de Montmartre. Il trouvera ses modèles dans les lieux de plaisir qui s'ouvrent à lui tels que les les cafés concerts, théâtre, bals... Il devient l'ami de Bruant qui rencontra au cabaret le Mirliton.
En 1891 il débute dans la lithographie. Sa première affiche paraît : Le moulin Rouge (La Goulue).
En 1892 La réouverture du Moulin-Rouge, inspire à Lautrec de nombreux dessins avec Jane Avril, La Goulue, Valentin-le-Désossé et toutes les vedettes qui s'y produisent : Jane Avril sortant du Moulin Rouge et mettant ses gants, la danse ou le départ du quadrille. Il réalise ses premières estampes en couleurs : Au Moulin Rouge, La Goulue et sa soeur, l'anglais au Moulin Rouge...
En 1894 C'est l'année des maisons closes. Ce milieu constitue pour lui un champ d'études inépuisable. Il en retire un nombre impressionnant d'études, de portraits et de scènes.
En 1896 Il part du Havre pour Arcachon par le paquebot " Le Chili". Il poursuit jusqu'à Lisbonne une femme inconnue, entrevue sur le pont du navire (La Passagère du 54). Retour par l'Espagne.
En 1897 Lautrec quitte son atelier de la rue Tourlaque (où Steinlen lui succéda) et s'installe 15, rue Frochot. Il séjourne chez les Natanson à Villeneuve-sur-Yonne.
En 1898 Lautrec a 34 ans. Sa production est considérable. Mais l'alcool dont il a abusé, les veilles, les plaisirs, le travail, ont gravement altéré sa santé. Il continue néanmoins à peindre. Exposition à Londres "The Goupil Gallery", Regent Street. Ses sujets y scandalisent la presse et le public et lorsque le Prince de Galles, futur Édouard VII, honore le vernissage de sa visite, Lautrec, dans un fauteuil, dort à poings fermés.
En 1899 Son état de santé devient de plus en plus inquiétant. Les troubles spécifiques se multiplient et l'alcoolisme mondain à fait place au plus grave éthylisme. Pourtant en 1899 paraît la merveilleuse illustration des "Histoires naturelles" de Jules Renard. Mais la même année une crise plus grave, avec hallucinations probablement du "delirium tremens", contraint à interner Lautrec, à la maison de santé que dirige le docteur Sémelaigne à Neuilly. Ses appels au secours restent sans autre échos que de la part du fraternel Joyant.
En 1901 A bout de résistance, ruiné par un mal inexorable, Lautrec va chercher refuge et affection auprès de la comtesse, sa mère. Il quitte Paris le 20 août pour le château de Malromé. Là, il trouve encore le courage de terminer ses derniers tableaux.
Le 9 septembre, à 37 ans, Henri de Toulouse- Lautrec meurt entouré des siens.
1998, France/Espagne, Biographie
Réalisé par Roger Planchon
Scénario de Roger Planchon
Photographie de Gérard Simon
Musique de Jean-Pierre Fouquey
Décors de Jacques Rouxel
Costumes de Pierre-Jean Larroque
Montage d'Isabelle Devinck
Son de Jean-Pierre Halbwachs, Thierry Lebon & Jean Minondo
Casting de Marie-Christine Lafosse
Scripte de Florence Aupetit
Durée 2 h 05
Avec Régis Royer, Elsa Zylberstein, Anémone, Claude Rich, Hélène Babu, Claire Borotra, Alexandra Pandev, Amanda Rubinstein, Jean-Marie Bigard, Vanessa Guedj, Nathalie Krebs, Philippe Clay, Victor Garrivier, Philippe Morier-Genoud, Yvon Back, Roger Planchon, Marie Pillet, Betty Bomonde, Elodie Frenck, Jocelyn Quivrin...
Résumé : Henri de Toulouse-Lautrec naît le 24 novembre 1864 dans le château familial d'Albi. L'enfant souffre d'une maladie osseuse qui stoppe la croissance de ses jambes et le laisse difforme. Il commence à peindre, puis part à Paris où il va étudier la peinture tout en fréquentant assidûment les bordels et les cabarets...
Né et décédé à Londres, Joseph Mallord William Turner (1775-1851) a grandi sur les bords de la Tamise.
A l’âge de dix ans, il part vivre chez un oncle à Brentford, petite ville à l’ouest de Londres, toujours sur les bords de la Tamise. Un an plus tard, il étudie à Margate, dans le Kent, à l’estuaire de la Tamise, sur les côtes de la Manche. Il est tout de suite impressionné par la lumière qui se dégage de cet endroit et il y retournera souvent.
Dès cette époque, il commence à dessiner et son père vend ses oeuvres dans sa boutique de barbier. Il a seulement 14 ans lorsqu’il entre à l’école de la Royal Academy of Arts. Sir Joshua Reynolds décèle son talent et l’encourage vivement à devenir peintre. Dès l’année suivante, il est admis à la Royal Academy elle-même. A 15 ans, il expose sa première aquarelle, "A View of the Archbishop’s Palace at Lambeth".
Élu membre associé de la Royal Academy à 24 ans, il devient académicien trois ans plus tard. Trente ans durant, il donnera des cours de perspective à la Royal Academy à laquelle il restera toujours attaché.
Turner voyage énormément, dans les iles britanniques et en Europe, notamment à Venise.
Tout à la fois admirée et critiquée, sa production est d’une grande richesse. La collection de la Tate Gallery compte 20 000 de ses œuvres, d’autres sont exposées ailleurs ou appartiennent à des collectionneurs.
S’il ne s’est jamais marié, Turner a toutefois vécu avec Sarah Danby, mère de ses deux filles, puis avec Sophia Booth.
Hannah Danby a été sa gouvernante pendant plus de 40 ans.
Il est enterré à la cathédrale St Paul, à côté de Sir Joshua Reynolds.
2014, Grande-Bretagne/France/Allemagne/USA, Biographie
Réalisé par Mike Leigh
Scénario de Mike Leigh
Photographie de Dick Pope
Musique de Gary Yershon
Décors de Suzie Davies & Charlotte Dirickx
Direction artistique de Dan Taylor
Costumes de Jacqueline Durran
Montage de Jon Gregory
Mixage de Tim Fraser
Casting de Nina Gold Scripte de Heather Storr
Durée 2 h 30
Avec Timothy Spall, Paul Jesson, Dorothy Atkinson, Marion Bailey, Karl Johnson, Ruth Sheen, Sandy Foster, Amy Dawson, Lesley Manville, Roger Ashton-Griffiths...
Résumé : MR. TURNER évoque les dernières années de l’existence du peintre britannique, J.M.W Turner (1775-1851). Artiste reconnu, membre apprécié quoique dissipé de la Royal Academy of Arts, il vit entouré de son père qui est aussi son assistant et de sa dévouée gouvernante. Il fréquente l’aristocratie, visite les bordels etnourrit son inspiration par ses nombreux voyages. La renommée dont il jouit ne lui épargne pas toutefois les éventuelles railleries du public ou les sarcasmes de l’establishment. A la mort de son père, profondément affecté, Turner s’isole. Sa vie change cependant quand il rencontre Mrs Booth, propriétaire d’une pension de famille en bord de mer...
Prix & Récompenses :
Festival de Cannes 2014 : Prix d'interprétation masculine & Prix Vulcain de l'artiste-Technicien, décerné par la C.S.T..
European film awards 2014 : Meilleur acteur.
Vincent Van Gogh
Vincent (Willem) Van Gogh est né le 30 mars 1853 à Groot-Zundert, un petit village de Hollande. Fils d'un pasteur protestant, il fut baigné dès son plus jeune âge dans la religion. Son tempérament agité lui pose quelques difficultés pour se faire des amis. En 1857 naît son frère Théodorus (dit Théo), qui deviendra son plus grand ami et confident. Ils auront une longue correspondance et Théo apportera à maintes reprises une aide financière à son frère. Après une scolarité mouvementée, il devint en 1869 commis dans la galerie d'art Goupil et Cie, galerie fondée par son oncle à La Haye. Il passera ensuite par la succursale londonienne puis celle de Paris.
Vincent lit beaucoup, surtout la Bible. Il se désintéresse de son travail à la galerie et finit par démissionner en avril 1876. Il décide alors de se tourner vers la vie religieuse. Il sera prédicateur dans un faubourg ouvrier de Londres avant d’entreprendre des études à la faculté de théologie d’Amsterdam. Il abandonne cet enseignement jugé trop difficile mais reste convaincu de sa vocation spirituelle. Il souhaite devenir prédicateur laïc. Il obtient en 1879 une mission d’évangélisation en Belgique. Il se rend auprès des mineurs du Borinage et partage leurs conditions de vie extrêmement dures. Il a traduit cette découverte de la misère humaine dans des tableaux sombres comme les Mangeurs de pommes terre. Son implication auprès des plus modestes est cependant jugée excessive par ses supérieurs et son poste n’est pas renouvelé.
Après une phase de dépression, il retourne vers la vie d’artiste. En 1889, il rejoint son frère Théo à Paris. Il découvre les jeunes peintres parisiens, le Louvre et les estampes japonaises. Il rencontre entre autres Toulouse-Lautrec, Pissarro, Gauguin et Bernard. A leur contact et sous leur influence, les tableaux de Van Gogh prennent un peu de couleurs. Bien que Vincent ait été capable de réaliser plusieurs dizaines de tableaux à cette époque, son état mental était loin d’être stable.
En février 1888, Van Gogh quitte Paris et s’installe à Arles. Sous le soleil de Provence, son style de peinture se modifie. Ses toiles sont plus colorées. Il peint par larges touches courbes et utilise abondamment les couleurs jaune, vert et bleu. Il crée un style inimitable qui atteint son apogée avec la Chambre à coucher et La Nuit étoilée.
Rêvant de vivre en communauté d'artistes, il invite Gauguin à le rejoindre à Arles. Ils vivent et peignent ensemble mais, au bout de deux mois, leurs relations se détériorent. Le 23 décembre 1888, Vincent menace Gauguin avec un rasoir. Cette nuit-là, Vincent, probablement en proie à une crise de démence, se mutile l’oreille gauche. Il l’enveloppe pour aller l’offrir à sa maîtresse Rachel, une prostituée. Il est hospitalisé dès le lendemain.
Après un bref retour chez lui dans la Maison jaune, Van Gogh entre de plein gré dans un asile près de Saint-Rémy-de-Provence en mai 1889. Il continue à peindre, fait quelques copies de tableaux de Millet et de Delacroix mais aussi des œuvres qui lui sont propres comme les Blés jaunes. Le peintre est victime de violentes crises qui fragilisent sa mémoire.
Van Gogh décide de retourner en région parisienne, non loin de chez son frère, à Auvers-sur-Oise. Il est suivi par le docteur Gachet, un ami des impressionnistes. Ce dernier s’occupe de lui et apprécie son art. Van Gogh en fera d’ailleurs son portrait. Il créera plus de 80 peintures en deux mois !
Le 27 juillet 1890, le peintre met fin à ses jours. Il se tire une balle dans la poitrine et succombe deux jours plus tard, alors âgé de 37 ans. Il est enterré au cimetière d’Auvers en présence de son frère Théo, du docteur Gachet et du peintre Bernard.
Malgré de graves troubles intérieures, Van Gogh ne s’est quasiment jamais arrêté de peindre. En huit ans, il a réalisé près de 900 tableaux et un millier de dessins. Son œuvre post-impressionniste sera prise comme source d’inspiration par le fauvisme et l’expressionnisme.
1991, France, Biopic
Réalisé par Maurice Pialat
Scénario de Maurice Pialat
Photographie de Gilles Henry, Jacques Loiseleux & Emmanuel Machuel
Musique d'André Bernot, J.M. Bourget, Jacques Dutronc & P. Revedy
Décors de Philippe Pallut & Katia Wyszkop
Costumes d'Edith Vesperini
Montage de Yann Dedet, Nathalie Hubert & Hélène Viard
Son de Jean-Pierre Duret Durée 2 h 38
Résumé : Après son internement à l'asile, Vincent Van Gogh s'installe à Auvers-sur-Oise chez le docteur Gachet, amateur d'art et protecteur des peintres. Entre les relations conflictuelles qu'il entretient avec son frère Théo et sa santé mentale vacillante, Vincent continue son œuvre. Il devient l'amant de Marguerite, la fille de son hôte, mais celle-ci comprend vite qu'il ne l'aime pas, que seul son art le fait vivre...
Prix & Récompenses : César 1992 : Meilleur acteur.